Climat, alimentation, agriculture, question démographique

Le réchauffement climatique menace la sécurité alimentaire. Or l’alimentation est un complémentaire obligé de l’analyse démographique et réciproquement.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudra accroître de 70 % la production alimentaire dans les trente-cinq prochaines années afin de nourrir les neuf milliards d’humains que comptera la planète en 2050, contre sept milliards aujourd’hui. Or, le réchauffement climatique fait peser de fortes incertitudes sur l’agriculture. Le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), rendu public en novembre 2014, a souligné que les dérèglements climatiques auront des impacts sur tous les aspects de la sécurité alimentaire. A commencer par la quantité d’aliments produite : sans réel effort d’adaptation, les rendements des grandes cultures (blé, riz, maïs…) pourraient diminuer de 2 % par décennie. Cette baisse prévue des rendements de certaines denrées de première nécessité, à laquelle s’ajouteront les pertes de cultures causées par des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, fait peser un risque de hausse et de volatilité croissante des prix alimentaires. De plus ces baisses de productivité seront plus sévères dans les zones tropicales, les plus exposées au changement climatique et déjà affectées par l’insécurité alimentaire*.

Dans son discours au 52e Salon de l’agriculture à Paris, le président François Hollande a repris l’antienne du défi que doit relever l’agriculture, c’est-à-dire « nourrir la planète » où plus de 800 millions de personnes ont faim**. Or l’agriculture contribue au réchauffement climatique. Selon les données publiées par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), les activités agricoles ont représenté 18 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2012. Sa contribution est faible dans les émissions de carbone, avec 3 % du total. Mais elle est écrasante pour le protoxyde d’azote (86,6 %) N2O, et pour le méthane (68 %), deux gaz dont le potentiel de réchauffement est respectivement 300 et 25 fois supérieur à celui du CO2. Le protoxyde d’azote est lié à l’usage de produits fertilisants pour les cultures. Le méthane aux émissions des ruminants. Les solutions sont connues, revenir à une agriculture biologique qui émet moins de GES et manger beaucoup moins de viande. Mais la solution structurelle à cette problématique alimentation/climat, même s’il est un peu tard pour la mettre en oeuvre efficacement étant donné l’inertie de l’évolution démographique, c’est de promouvoir le planning familial et la maîtrise de la fécondité dans tous les pays.

La COP 21 à Paris ne devrait pas se contenter de parler de la relation climat/alimentation, il se devrait d’aborder aussi la relation climat/alimentation/démographie… L’écologie politique, c’est savoir reconnaître l’interdépendance entre tous les éléments de la biosphère.

* Le Monde.fr | 21.02.2015, Le changement climatique menace la sécurité alimentaire mondiale
** LE MONDE ECONOMIE du 22-23 février 2015, Le climat s’invite au Salon de l’agriculture