Après les départementales, les écolos sur la corde raide

« Le cancer de la politique politicienne ronge les verts (sic !). Voilà un parti qui a vocation à être porteur d’une vision neuve, mobilisatrice de la société, qui pourrait bénéficier d’un courant de sympathie générateur d’énergie, et qui préfère s’autodétruire en permanence : il y a quelque chose de suicidaire chez eux ! » Cette sentence de Lucien Lemaire, trouvée sur lemonde.fr, résume bien la situation actuelle de l’écologie politique. Quand on lit dans LE MONDE * ce qui dit François de Rugy de son propre parti, on ne peut qu’être abasourdi : « L’élu de Loire-Atlantique rejette l’idée que le sort d’un hypothétique remaniement soit mis entre les mains du conseil fédéral – le parlement du parti – comme cela a été décidé il y a quelques semaines. « Quelle est la légitimité d’une instance interne ? Est-ce qu’un parti peut durablement tourner le dos à ses élus, à ses sympathisants électeurs ? » » La porte-parole d’EELV, Sandrine Rousseau, rétorque : « Le parti prend les décisions, S’ils veulent s’en aller, qu’ils s’en aillent. » Dans cette situation intenable, la secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse joue les équilibristes.

LE MONDE** ne fait rien pour arranger la chose, il ne considère que deux clans : « … Du côté des partisans d’une ouverture vers le Front de gauche… Le nom d’Emmanuelle Cosse circule pour entrer au gouvernement en cas de remaniement… » L’urgence écologique qui devrait rassembler la plupart des citoyens est totalement absente de cet article. Il est vrai que la question de la participation des Verts au gouvernement empoisonne ce parti depuis 1997 : sous le gouvernement Jospin, Dominique Voynet a été ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement. Cette expérience n’a pas été un franc succès, et c’est un euphémisme ! Sous la présidence d’Hollande, les écolos ne sont plus que des supplétifs, placardisés au logement (Cécile Duflot) ou à l’extérieur (Pascal Canfin). Il est d’ailleurs significatif de l’absence de fibre écologiste des socialistes que les deux ministres (socialistes) de l’écologie, Nicole Bricq et Delphine Batho, ont été virées par Ayrault ! Emmanuel Valls, devenu premier ministre, n’a fait qu’amplifier le mépris des socialistes envers la problématique écologique.

En 2012 l’entrée au gouvernement par la petite porte était relié à un deal pour les sénatoriales et les législatives. En l’absence de scrutin à la proportionnelle, EELV avait quand même obtenu deux groupes parlementaires. Mais aujourd’hui toute négociation entre les Verts et le PS pour un simple « retour au gouvernement » ne serait compris ni par les électeurs, ni par les militants EELV. « A se soumettre et à chercher des arrangements il ne faudrait pas s’étonner si notre électorat nous couvre de goudron et de plumes » déclarait l’opportuniste Noël Mamère en claquant la porte d’EELV fin septembre 2013.

Pour des écolos, il n’y a rien à négocier actuellement avec le PS. Réagir à chaud à cause des départementales est contraire à ce qui devrait être leur leitmotiv, s’occuper du long terme.

* LE MONDE du 24 mars 2015, Les écologistes relégués au rang de figurants
** LE MONDE du 25 mars 2015, à EELV Emmanuelle Cosse joue les équilibristes