Le ministère indien de l’intérieur reproche à l’ONG de défense de l’environnement Greenpeace de ne pas avoir déclaré des sommes perçues de l’étranger. Mais le gouvernement n’avait pas vu d’inconvénient à ce que son premier ministre ait bénéficié de dons provenant des Etats-Unis ou du Royaume Uni pour sa campagne électorale*. En gelant les comptes de Greenpeace Inde, le gouvernement bloque en réalité les dons de 77 000 citoyennes et citoyens indiens ! Ces dons représentent plus de 68 % des revenus de l’association, le reste provenant des contributions apportées par d’autres bureaux de Greenpeace dans le monde. Greenpeace Inde ne dispose plus que de 30 jours de trésorerie pour couvrir les salaires de son personnel (340 salariés) et ses frais de fonctionnement.
En fait le gouvernement veut sanctionner l’association à cause de ses luttes contre le nucléaire ou le charbon. L’« Information Bureau » (IB), l’équivalent du contre-espionnage en Inde, accuse les ONG de mettre en péril la « sécurité économique nationale ». L’IB s’inquiète des manifestations contre le nucléaire, les organismes génétiquement modifiés, les centrales thermiques à charbon, les mines d’uranium, les grands projets industriels, les projets hydrauliques et les industries d’extraction. L’IB soutient la croissance économique. Greenpeace soutient l’idée d’un avenir durable.
Les dirigeants actuels de l’Inde ne sont pas les seuls à penser que la défense de l’environnement est secondaire par rapport à la défense de l’emploi. Le gouvernement socialiste en France suit aveuglement la même politique avec les mêmes moyens, coercitifs. Il suffit de constater les déploiements policiers contre les manifestants pacifiques dénonçant les grands projets inutiles, par exemple à Notre Dame des Landes ou Sivens. Les gouvernements sont du côté des lobbies industriels, ils veulent ignorer le sort de nos générations futures et l’extinction de la biodiversité. Ils agissent contre notre avenir, ils ne méritent pas notre soutien.
* LE MONDE du 9 mai 2015, Greenpeace est menacée de fermeture en Inde