sortie de la Grèce de l’euro, une bonne nouvelle écolo

Les atermoiements sur la Grèce me paraissent dérisoires. Ce n’est pas une catastrophe si la Grèce sort de l’euro. Au contraire même, ce sera une bonne nouvelle pour l’écologie. Je prends pour point de départ cette phrase tirée d’une liste de diffusion d’EELV : « je ne comprends pas comment depuis le temps, les grecs n’ont pas créé de réseaux de monnaies locales qui auraient pu prendre le relais pour les échanges internes dans cette période. »

En fait les Grecs vont tôt ou tard sortir de l’euro. Ils retrouveront donc une monnaie locale qu’on appellera la drachme (ou un autre nom). Une monnaie nationale est en effet (par rapport au reste du monde) une monnaie locale. C’est une bonne chose. Les Grecs seront obligés d’acheter grec et de relocaliser leurs activités, ce que les écolos appellent normalement de leurs voeux. Leur monnaie sera très dévaluée, ce qui augmentera fortement le coût de leurs importations. Ils consommeront en conséquence moins de pétrole et de biens de consommation importés, ce que les écolos appellent aussi de leurs voeux. Les touristes seront encore plus nombreux, la vie sera moins chère pour eux en Grèce. Mais favoriser le tourisme vers l’étranger n’est pas très écolo, rien n’est parfait dans une société complexe. La vie sera certes plus dure pour le Grec moyen, mais ce ne sera pas la misère comme au Bangladesh et bien d’autres pays. Il faudra que le gouvernement prenne des mesures drastiques pour lutter contre les inégalités et les dépenses ostentatoires, ce qui est bon pour la planète.

Bien entendu ils ne pourront pas rembourser toute la dette accumulée, il y aura une remise de dette et les contribuables des autres pays européens seront un petit peu touchés par ce non-remboursement. Mais ça ne sera pas trop grave. De toute façon plus les habitants d’un pays riche voient baisser leurs pouvoir d’achat, plus c’est une bonne nouvelle, la prédation sur les ressources naturelles diminue en conséquence.

Pour conclure, le passage à l’austérité partagée (ce qu’on espère des Grecs) n’est pas un cas particuler. L’Espagne et l’Italie ont déjà eu chaud à cause de leur endettement, mais aussi la France. Même un pays comme les USA, qui devrait épargner puisqu’il est riche, est super-endetté et ça ne sera pas durable. Le problème mondial, c’est la course mondiale à la croissance qui s’est opérée à force d’endettement public et privé, ce qui n’est pas durable. Que cette folie consumériste se casse la gueule, tous les écologistes normalement anti-croissancistes devraient applaudir. Rappelons la réalité de la Grèce. En arrivant au pouvoir en 2009, le nouveau premier ministre socialiste, Georges Papandréou, réalise l’ampleur du déficit du pays dissimulé par la droite. Alors que la note souveraine de la Grèce est abaissée par les agences de notation, il renonce à son plan de relance de 2,5 milliards d’euros et présente un paquet d’austérité. Méditez attentivement sur cette phrase: «  Papandréou renonce à son plan de relance ».

Que les écolos d’un parti qui se dit doublement écolo se souviennent de ces trois points que j’estime fondamentaux : EELV doit d’abord et surtout parler d’écologie, EELV doit montrer que toute situation est complexe car au coeur d’interdépendances, EELV doit soutenir tout ce qui favorise la sobriété partagée.

Michel Sourrouille

3 réflexions sur “sortie de la Grèce de l’euro, une bonne nouvelle écolo”

  1. Le franco-grec Yannis Youlountas s’exprime ainsi : « La sortie de la Grèce de la zone euro sera probablement le déclencheur d’une refonte progressive de l’économie. Dès lors la vie austère sera au cœur d’une période de transition parce que la vie d’avant n’est plus possible. Les nécessités vitales nous poussent à redéfinir les besoins et à nous organiser autrement. Par exemple la consommation de viande a largement baissé, alors qu’il y a plus de dix ans, on était parmi les plus gros consommateurs de viande en Europe. On se moquait des végétariens qui étaient appelés mangeurs d’herbe. Le vélo est beaucoup plus pratiqué qu’avant. Quand on perd plus de 50 % de revenus, on se pose des questions vitales : De quoi a-t-on vraiment besoin ? La récession forcée a conduit à une réflexion sur la décroissance. En Grèce, on est en train de comprendre qu’il est aussi important d’intervenir sur soi que d’intervenir sur le monde. »
    (La décroissance, juillet-août 2015, Libérer l’imaginaire et lutter contre la résignation)

  2. Article très juste me semble-t-il, on pourrait d’ailleurs ajouter l’extraordinaire parallélisme entre la situation financière en Grèce et celle de l’écologie planétaire.
    Dans les deux cas le problème est suffisamment ancien pour que l’on ait eu le temps de le voir venir. Et dans les deux cas nous n’avons rien fait, repoussant à demain les décisions difficiles.
    C’est peut-être ainsi aussi que nous allons perdre la bataille pour la sauvegarde des équilibres de la planète: Court termisme et impuissance : En Grèce comme dans le monde.

  3. Article très juste me semble-t-il, on pourrait d’ailleurs ajouter l’extraordinaire parallélisme entre la situation financière en Grèce et celle de l’écologie planétaire.
    Dans les deux cas le problème est suffisamment ancien pour que l’on ait eu le temps de le voir venir. Et dans les deux cas nous n’avons rien fait, repoussant à demain les décisions difficiles.
    C’est peut-être ainsi aussi que nous allons perdre la bataille pour la sauvegarde des équilibres de la planète: Court termisme et impuissance : En Grèce comme dans le monde.

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