L’arrivée du rapport Stern (30 octobre 2006), commandité par le chancelier de l’Echiquier, avait fait l’effet d’une bombe. Il indique qu’une absence d’engagement de l’humanité face à la menace du réchauffement climatique pourrait faire baisser le PIB mondial, d’ici à la fin du siècle, de 5 à 20 %. Les inondations, la baisse des ressources en eau conduiraient à la migration forcée de millions de réfugiés climatiques. Le prix à payer s’élèverait à 3700 milliards de livres (5500 milliards d’euros). Ce scénario catastrophe prévoit donc une crise d’une ampleur analogue à celle qui a suivi la dépression économique de 1929. Mais le rapport préconise des mesures déjà usées avant d’avoir servi. Les permis d’émission de gaz à effet de serre ne sont en fait qu’un permis de polluer. La coopération technique pour se consacrer aux technologies propres est une impasse puisqu’il n’y a pas de techniques « propres », elles utilisent toujours d’une manière ou d’une autre des ressources fossiles. La lutte contre la déforestation demande une telle coordination internationale que cela restera un vœu pieux. Le rapport Stern date d’il y a neuf ans, on n’en a rien fait malgré les multiples conciliabules internationaux sur le climat. Pendant cet été 2015 si chaud en France, l’adaptation aux conséquences du réchauffement, c’est le climatiseur pour tout le monde !
« A moyen terme, les dérèglements de l’appareil climatique viendront aggraver une situation déjà difficile au plan social : plus d’un milliard d’êtres humains vivent aujourd’hui dans la misère. La planète aura du mal à se nourrir, des déplacements de masse des populations sont à attendre. Il est donc possible, au regard des difficultés posées par cette transition, que la communauté internationale renonce à répondre à ces crises. Il y a même fort à parier que nos démocraties ne résisteront pas à des chocs pétroliers et/ou gaziers de grande ampleur. Le rapport Stern, parce qu’il se base sur des modélisations économiques, n’évalue pas le dommage qui serait causé aux démocraties par un traitement conflictuel et dictatorial de la pénurie pétrolière et gazière. » [Les Etats et le carbone de Patrick Criqui, Benoit Faraco et Alain Grandjean (puf 2009)]
Ce que nous apprenait le rapport Stern, c’est que nous allons devoir nous passer de gré ou de force de la croissance économique (au sens de progression du PIB). Nous allons perdre l’un des moyens les plus essentiels par lesquels les hommes politiques ont cru qu’ils pourraient résoudre nombre de problèmes actuels tels que le chômage, l’endettement et les catastrophes environnementales. L’inertie des politiques face aux périls fait le jeu de l’extrême droite : en situation d’insécurité, la population vote pour des leaders populistes, fascisants… et certainement pas écolos.