Il est souvent admis que les migrations économiques ont en partie pour cause la croissance démographique excessive des régions d’origine. Par contre, en ce qui concerne la crise d’aujourd’hui, la plupart des observateurs estiment que sa seule cause est d’ordre politique ou militaire : les migrants fuient la guerre, l’insécurité, des régimes dictatoriaux, voire le tout à la fois.
Or, si l’on s’intéresse par exemple aux quatre pays les plus représentés actuellement, il faut savoir que depuis 1950, la Syrie a vu sa population passer de 3,4 à 20,7 millions soit une multiplication par 6,1… que durant la même période, l’Érythrée est passée de 1,1 à 5,2 millions et la Somalie de 2,3 à 10,8 millions (soit pour ces 2 pays une multiplication de la population par 4,7)… quant à l’Afghanistan, le passage de 7,8 à 32,5 millions correspond à une multiplication par 4,2.
Attention, cela ne signifie pas que c’est directement l’explosion démographique qui a causé les guerres actuelles (comme ce fut en partie le cas au Rwanda). En effet, d’autres pays connaissent le même processus démographique et restent relativement en paix. Il est cependant probable que ce facteur a joué, ne serait-ce que parce que les autorités n’ont pas pu subvenir correctement aux besoins d’une population en croissance continue et disproportionnée par rapport aux ressources disponibles.
Ce qui est donc avancé ici, c’est que si ces pays avaient connu une progression de leur population moindre, disons un « simple » doublement sur les 65 dernières années (ce qui est déjà conséquent), on peut supposer que les migrations se seraient déroulées en proportion, ce qui aurait conduit par exemple à trois fois moins de réfugiés syriens aux portes de l’Europe… ou trois fois moins de noyés en méditerranée. On retrouve ici la même problématique que pour les catastrophes naturelles où il y a souvent trop de monde au mauvais endroit. La conclusion est presque une lapalissade : moins les Hommes sont nombreux, moins il y a de victimes en cas de catastrophe, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine.
Il n’est pas ici question de contester un accueil mesuré et en urgence des migrants, mais il ne faut pas s’en contenter. Nous n’aurions en effet absolument rien résolu sur le long terme et l’on pourrait même s’attendre à ce que des générations futures d’européens subissent en grand ce que nous vivons aujourd’hui en petit, lorsque l’on sait par exemple que (selon les dernières projections onusiennes) l’Afrique est appelée à voir sa population multipliée par quatre d’ici à 2100 !… Si l’on veut minimiser, autant que faire se peut, les inéluctables crises humanitaires futures, il convient donc de s’investir résolument et massivement dans la baisse des taux de fécondité de tous les pays encore en proie à l’explosion démographique.
Denis Garnier, président de Démographie responsable
Texte d’origine : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1415370-.html
Le facteur démographique a en fait une double influence (néfaste).
D’une part en effet mécaniquement il augmente le nombre de réfugiés à situation égale, mais aussi, d’autre part, il contribue à la paupérisation des populations et à la déstructuration des sociétés. En cela, il provoque lui-même les effondrements sociétaux et les conflits que l’on considèrent ensuite comme des causes initiales en oubliant ce qui a largement contribué à les faire naître.
Quelles que soient les raisons qui font que les migrants fuient leur pays, la guerre, les dictatures, la pauvreté, l’accroissement démographique des populations ne fera qu’exacerber le problème. C’est un truisme, mais quasiment personne ne l’évoque.
C’est ce que je disais à ma soeur hier, tout comme derrière les printemps arabes on peut deviner la démographie.