François de Rugy a quitté en septembre 2015 EELV pour fonder un nouveau parti, « Les Ecologistes ! ». Ce départ dépend pour une grande partie des agissements de Cécile Duflot quand elle a voulu quitter le gouvernement. Voici ce qu’en disait son livre « Ecologie ou gauchisme, il faut choisir ! » :
« Les chaînes d’info annoncent le 31 mars 2014 à 20 heures la nomination de Manuel Valls comme Premier ministre. Nous réussissons à ne pas nous exprimer publiquement avant la réunion téléphonique de coordination des membres du bureau exécutif d’EELV et des parlementaires, prévue à 20h30. Nous découvrons alors, effarés, un communiqué de presse de nos ministres EELV Cécile Duflot et Pascal Canfin, tombé à l’AFP à 20h20 et annonçant qu’ils ne participeront pas au gouvernement Valls. Cette sortie du gouvernement a été décidée sans le moindre débat collectif dans les instances d’EELV. Pourtant Manuel Valls nous avait annoncé la création d’un grand ministère de l’Ecologie, de l’Energie et des Transports piloté par un écologiste. Sans même connaître la teneur de ces échanges avec le Premier ministre, des militants proches de Cécile Duflot lançaient une « pétition par mail » affirmant : « Pour EELV, la participation au gouvernement Valls, c’est non ! » Tout doit être fait pour que le coup de force des deux ex-ministres soit irréversible, sans le moindre débat. C’est à une large majorité que les députés écolos se prononcent pour une participation au gouvernement Valls. Le groupe parlementaire au Sénat porte la même appréciation, à l’unanimité moins une voix. Ces démarches sont cependant peu de choses face à la machine médiatique mise en route depuis la sortie du communiqué Duflot-Canfin de la veille au soir. Lire sur une liste de diffusion que le « gouvernement hypothéquait ses chances de faire une loi ambitieuse sur la transition énergétique » alors même que le Premier ministre venait de proposer que ce soit un ministre écolo qui en élabore le texte, démontrait le procès d’intention en cours. Le bureau exécutif repousse l’offre de gouvernement par sept contre, trois pour et cinq abstentions. En cas de participation gouvernementale, on nous promet une « révolte militante » lors du conseil fédéral du mouvement. La décision de Cécile Duflot, à l’origine très personnelle, s’est imposée à tous. C’est pourtant à elle que le Premier ministre proposait le grand ministère de l’Ecologie, de l’Energie et des Transports. Notre participation au gouvernement a été interrompue brutalement en 2014 sans explication crédible et audible. Cette sortie s’est jouée sur un coup de dés, que les instances du parti ont été amenées à accepter à posteriori. Le pari de Cécile reposait sur un postulat, tiré du résultat des municipales : un effondrement du parti socialiste. Elle pensait que la lutte engagée par le gouvernement pour la compétitivité et ses conséquences budgétaires conduirait une grande partie de l’électorat de gauche à se détourner du parti gouvernemental… et à chercher une « alternative de gauche ». Vont en ce sens la mise en scène début 2015 du soutien à Syriza, l’affichage aux côtés de Jean-Luc Mélenchon et les stratégies d’alliances aux départementales. Cette stratégie s’est heurtée au réel, elle a trouvé une première sanction dans les urnes aux départementales. Une « gauche alternative » n’est pas crédible aux yeux des électeurs. La fiction d’un Syriza à la française s’est évanouie et je ne crois pas que celle d’un Podemos hexagonal ait plus d’avenir.
A EELV, nous n’avons ni la culture du chef ni une personnalité suffisamment charismatique pour arbitrer, réguler les points de vue et entraîner les autres. En outre, la stratégie de certains snipers à la forte valorisation médiatique, individuellement payante, nous plombe collectivement. L’opportunité de 2014, celle de voir un écologiste au ministère de l’écologie, se représentera-t-elle ? Il est permis d’en douter. »
(Ecologie ou gauchisme, il faut choisir ! de François de Rugy – éditions l’Archipel, 191 pages, 14,95 euros)