Le texte préparatoire à la conférence mondiale sur le climat de Paris (COP21) a été adopté à Bonn le 23 octobre. « Manque de lisibilité, version amputée de propositions clés, mise à l’écart de certains pays, peu d’avancées sur le financement des pays du sud par les pays du nord… », LE MONDE* n’est pas tendre avec ce texte bancal.
Maxime Combes en rajoute sur mediapart** : « La dernière possibilité d’arriver à un texte de négociations compréhensible s’est envolée. La semaine s’est ouverte sur un énorme coup de gueule des pays du G77, qui regroupe près de 135 pays du Sud : il n’était pas question pour eux d’accepter le très mauvais texte de négociations, rapidement renommé « US text » (texte américain) tant il était déséquilibré au profit des intérêts défendus par les Etats-Unis et les pays du Nord. Cette semaine de négociation restera marquée par le refus du Japon – et d’autres Etats du Nord – d’accepter la présence d’observateurs (ONG, associations, syndicats, etc.) dans les réunions où se déroulent les négociations. Cette semaine à Bonn a aussi permis de mettre en lumière le décalage abyssal existant entre l’urgence climatique et la réalité des engagements des Etats. Les contributions volontaires des Etats (INDC dans la novlangue onusienne) sont inacceptables car elles préparent un réchauffement climatique supérieur à 3°C et elles ne sont absolument pas équitables. Aucun pays n’a réintroduit le terme « énergies fossiles » – ne serait-ce que pour réduire les subventions publiques que le secteur reçoit – pas plus que le terme « énergies renouvelables ».
Le (mauvais) texte présenté lundi, de vingt pages, a finalement grossi pour atteindre 55 pages vendredi. Ce texte ne comporte que des options et des bouts de phrase entre crochets, c’est-à-dire non tranchées. A lire ce texte, on se demande si les négociations ont véritablement commencé. Les pays riches refusent de s’engager sur des objectifs de long terme à ce sujet. Pire. Certains d’entre eux voudraient que le dispositif « Loss and damages », qui permettrait aux pays victimes des conséquences des désastres climatiques de faire appel à un dispositif dédié, ne voit pas le jour. Faudra-t-il un ouragan citoyen à Paris pour changer la donne et renverser la table des négociations ? » (texte résumé)
* Le Monde.fr avec AFP | 23.10.2015, Avant la COP21, les négociateurs adoptent un projet d’accord sur le climat
** Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France.