Présidentielle 2007, en marche forcée vers la révolution

L’idée de planifier une politique de décroissance des consommations de matières premières et d’énergie peut choquer, tant nous sommes habitués aux discours inverses. Mais un tel point de vue recouvre néanmoins un principe de réalité incontournable. Personne ne souhaite aller vers une société de privation et d’abstinence, mais nous n’avons pas d’autre choix que de mettre en place des normes, des réglementations, des instruments fiscaux qui concourront à la modération des productions, des comportements et des consommations. J’entends déjà les cris d’orfraie : c’est une révolution ! Eh bien, oui ! Nous sommes, de fait, engagés dans une révolution, planétaire de surcroît. Qui peut imaginer que le défi écologique pourra se relever à la marge ? Si nous n’opérons pas de manière planifiée, à quoi ferons-nous appel ? Au marché, dont on connaît le peu de cas qu’il fait de l’intérêt général si on le laisse jouer librement ? A la vertu de l’humanité qui, comme chacun le sait, présente quelques fragilités ?

Comme toutes les nations industrialisées, la France participe à l’origine du mal. Il est symptomatique de cette société productiviste et consumériste qu’il s’agit de refonder. Les gens veulent bien accomplir des efforts, beaucoup ont parfaitement saisi les enjeux et s’affirment prêts à réviser profondément leurs modes de vie. Ils savent que le chemin ne sera pas aisé, mais ils ne veulent pas s’engager isolément. Pour avoir le sentiment que leur action individuellement à quelque chose, ils ont besoin qu’elle s’insère dans une dynamique collective. On ne peut leur en tenir rigueur, l’effort doit être partagé. Or l’élection présidentielle présente l’occasion de créer une synergie collective, de se mettre en ordre de marche autour d’un pacte écologique qui rassemblerait les forces vives de la nation. Quel signal envoyé en Europe et au Monde !

Nous avons abusé de tout en tout. Par conséquent, il s’agit de fixer des limites à notre avidité et à notre cupidité. La société à venir devra mettre fin à la surenchère, choisir ce qui doit continuer à croître et ce qui doit commencer à décroître : moins de biens, plus de liens ! Si nous laissons perdurer la situation actuelle, nous risquons d’entrer dans une société de privation, avec ses systèmes de quotas, ses cartes de rationnement et tout ce que cela peut compter d’atteintes aux libertés. Le meilleur moyen de s’y opposer, consiste à mettre en place sans plus tarder une société de modération.

Source : Le pacte écologique de Nicolas Hulot (avec le Comité de veille écologique)

calmann-lévy 2006