Aujourd’hui on assiste à une immigration massive de population érythréenne. Ce petit pays a vu sa population pratiquement doubler en 20 ans, le climat aride ne permet pas de garder une forte densité en milieu rural et les villes n’offrent pas de perspectives de vie décente, le tout sous le régime despotique de Issaias Afeworke. Ceci entraîne une émigration massive de 4 à 5 000 personnes par mois. Toutes ces candidats à l’ émigration méritent le statut de réfugié politique vu les conditions effroyables imposées par le régime en place. Si l’Europe décide de les accueillir, c’est l’équivalent d’une petite ville de 5000 habitants qu’il faut construire par mois. Ce n’est sans doute pas insurmontable mais les Erythréens ne sont pas les seuls candidats.
Que faire pour limiter ce flux ? Agir en Erythrée, mais comment ?
C’est très certainement tout un faisceau de propositions qu’il faut mettre en avant. Il conviendrait d’instaurer un autre régime politique, mais comment sans être taxé de néo-colonialiste ? Plus de 40 % de la population a moins de 15 ans, il faudrait agir sur la démographie, mais comment sans être taxé de néo-malthusien ? Favoriser le développement local en soutenant les agricultures vivrières et la souveraineté alimentaire est très certainement un objectif, mais comment aider à sa mise en oeuvre, comment inciter la jeunesse de ce pays à s’investir dans la production locale et à ne pas succomber au mirage de la société de consommation de type occidental ?
Ce qui me semble clair est qu’il faut sortir de l’optimisme béat appelant à abolir les frontières et mettant en place la libre circulation et installation des hommes à l’échelle mondiale. Le discours des écologistes est cohérent quand il prône la démondialisation des marchandises, la nécessité de protéger les marchés locaux, de favoriser les circuits courts. L’homme n’est certes pas une marchandise, mais les flux de population servent un marché de l’emploi qui met en concurrence tous les habitants de la planète. Sur ce marché de l’emploi, comme sur les autres il est nécessaire de mettre en place des régulations car il faut chercher des solutions de fond plutôt que traiter uniquement les symptômes.
Acceptons et assumons d’être taxés de Néo-Malthusiens ou de Malthusiens tout court. Malthus avait raison, cessons de le nier et cessons de nous fondre dans la bien-pensance du moment. La conscience des limites est ce qui fait aujourd’hui le plus défaut à l’humanité.
Small is beautifull ! il est en vertu de ce principe sans doute préférable de régler les problèmes là ou ils se posent et non pas en acceptant de toujours les résoudre en les diluant à l’échelle mondiale ou dans le continent voisin. Mais si on ne veut pas rentrer dans une logique ‘néocoloniale’ en intervenant directement chez eux, alors il faut les laisser s’auto-administrer tout en refusant qu’ils exportent leur trop-plein de population : c’est le seul moyen pour faire comprendre à des pays qui veulent ignorer les contraintes, que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel … sauf à accepter qu’ils contribuent à déstabiliser leurs voisins jusqu’à rendre insoutenable à terme la présence humaine par notre trop grand nombre sur notre Terre à tous.