Certains ont beaucoup de mal à apprécier à sa juste mesure le fait que les humains constituent une espèce invasive qui se fait beaucoup de mal à elle-même par son nombre. La radicalité du fait peut être source de contradiction ou d’anathèmes dans la branche des décroissants et des écosocialistes. Ainsi pour Renaud Duterme dans le chapitre «Trop nombreux ?»*.
thèse : La surpopulation est dans bien des cas un des facteurs privilégiés qui expliquerait le déclin d’une société et à son tour, celui-ci entraînerait une chute drastique du nombre de personnes (soit par décès, soit par émigration). Nous ne sommes en fait jamais loin de la vision malthusienne, selon laquelle l’accroissement de la population suivant une logique exponentielle, la quantité de nourriture n’arrive pas à suivre, entraînant de la sorte une pénurie qui conduit à une baisse de la population. On ne peut balayer cet argument d’un revers de la main. Alors que son nombre au niveau mondial a été relativement stable pendant des siècles, la population humaine a brusquement explosé à partir du XIXe siècle. N’en déplaise à certains, cela n’est évidemment pas sans conséquence pour l’état de la planète. Il est possible de limiter la taille de la population conjointement à une augmentation du niveau de vie et à une meilleure éducation. La problème avec cette transition démographique, et c’est ce que de nombreux auteurs souvent marxistes refusent de prendre en compte, c’est le décalage temporel entre la dynamique exponentielle de la population et le temps nécessaire pour atteindre une diminution de la natalité.
antithèse : la question démographique est loin d’être le facteur fondamental. Placer la démographie au centre du débat revient fréquemment à occulter d’autres facteurs. Plus que le nombre, c’est davantage le mode de production et de consommation qui pose problème. Dans le livre Moins nombreux, plus heureux, l’humanité est comparée à un cancer (p.88), à une invasion de poux (p.87) et est considéré comme la pire espèce invasive (p.158). (ndlr : Renaud Duterme dénature volontairement ce livre, il se garde bien de reproduire les phrases entières, soit « La planète Terre qui abrite le cancer humain n’est plus qu’un champ de ruines »… « Nos hommes politiques n’ont pas compris que les poux ne survivent pas sur le crâne des chauves »… « Homo sapiens est la pire espèce invasive. Notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards depuis l’an 1 de l’ère chrétienne »). L’argument démographique sert aussi à justifier des politiques pour le moins réactionnaires, en particulier contre l’immigration et les pauvres.
synthèse : le plus gros des dégradations environnementales aujourd’hui est le fait de deux groupes : le milliard le plus riche et le milliard le plus pauvre. Les plus riches détruisent l’environnement global par leur surconsommation rapide des ressources et leur généreuse production de déchets, tandis que les plus pauvres détruisent leurs ressources par nécessité et par absence de choix.
* De quoi l’effondrement est-il le nom ? (Renaud Duterme)
éditions utopia 2016, 144 pages pour 8 euros
En attribuant une surconsommation au milliard le plus riche, vous ciblez plus de 14% de l’humanité, ce qui inclus beaucoup de gens qui sont, certes moins mal lotis que l’extrême bas de l’échelle sociale, mais très pauvres quand même, et qui s’épuisent au boulot.
La surconsommation ne vient que des quelques centaines de personnes les plus blindées, lesquelles personnes sont plus riches que le reste de l’humanité réuni. En piochant dans la fortune de ces milliardaires, on pourrait mettre en place la nécessaire décroissance tout en alignant le pouvoir d’achat de chaque citoyen du monde sur celui d’un membre des classes moyennes supérieures occidentales.