Les perturbateurs endocriniens sont soupçonnés d’être à l’origine de nombreuses maladies graves (cancers hormonaux-dépendants, infertilité, troubles neuro-comportementaux…) mais ces substances se trouvent dans une multitude d’objets de consommation courante. Des secteurs entiers de l’industrie seront concernés à moyen terme par leur réglementation. Des milliards d’euros sont en jeu. Depuis 2009 la Commission européenne devait trouver le moyen de distinguer les perturbateurs endocriniens des autres produits chimiques. Or, sept ans plus tard, les critères n’existent toujours pas. Une récente « étude d’impact » évalue les conséquences « socio-économiques » d’une réglementation. Elle n’était pas prévue au départ, mais l’industrie l’a obtenue à l’issue d’un lobbying menée en tandem par les industriels des pesticides et de la chimie au début de l’été 2013. Les autorités suédoises rappellent à la Commission que la Cour de justice « interdit l’utilisation de considérations économiques pour définir les critères ». Mais de quelle nature sont les « considérations économiques » consignées dans les pages de l’étude d’impact ? En sus des conséquences sur l’industrie, prendront-elles en compte le coût des maladies liées à l’exposition aux perturbateurs endocriniens, estimé entre 157 milliards et 288 milliards d’euros par an en Europe ? Les conclusions en restent pour le moment confidentielles !* Les commentateurs sur lemonde.fr sont furieux ou complices :
FE : Mais pourquoi ce manque de transparence dans des institutions européennes, qu’on dit à NOTRE service ? Les représentants élus et la presse devraient avoir libre accès à tous ces dossiers. L’Europe, c’est 800 millions de personnes qui ont le DROIT de savoir, puisqu’elles financent.
Grabote : Le pb de ces molécules c’est surtout l’effet cocktail on commence à l’avoir suffisamment démontré, plus que toxicité unique. Maintenant tester tous les effets cocktails avant de prendre une décision ça s’appelle étouffer le changement dans l’œuf…
Joe Dalton : Un exemple parmi d’autres, l’utilisation du PVC chez vous, fenêtres, revêtement de sol, conduit d’évacuation, et plein d’objets du quotidien. Ils dégagent des phtalates, perturbateurs endocriniens en laboratoire sur des rats, personne ne sait leur impact sur la santé des habitants. Faut-il les interdire au nom d’un principe de précaution sachant qu’en France les centaines de milliers d’emploi sont en cause
JM Dorsen : Moins de revêtements de sol et de fenêtres en PVC = plus de parquets et de fenêtres en bois ou alu. Je ne vois pas où l’immense danger pour l’emploi ; un clou chasse l’autre.
Philippe Fritsch : le Land de Bavière a interdit le PVC sur le territoire.
Joe Dalton : Les journalistes ont tous envie de jouer au Marie-Monique Robin. Moment de gloire assuré. Puis-je leur rappeler que leur premier devoir est d’informer objectivement le lecteur et donc, en l’espèce, de présenter l’état des connaissances de la science avant de gloser sur un scandale supposé.
L’imprécateur @ Joe : Hé Joe, c’est qui ton Papa ? Bayer, Montesanto, BASF ? De toutes façons, il est temps que tu apprennes à ne plus croire tout ce qu’il dit !
Marius @ Joe : le scandale concerne le processus de décision et/ou de non-décision par la Commission qui utilise des procédés dilatoires et illégaux pour empêcher de prendre une décision. Cette façon de procéder serait tout aussi scandaleuse si elle concernait l’eau minérale ou le vin de messe.
Diel V : Que faire à notre niveau ? Eviter le plus possible d’acheter et d’utiliser les produits courants qui intègrent ces perturbateurs.
* LE MONDE du 21 mai 2016, Perturbateurs endocriniens : l’histoire secrète d’un scandale
Editorial du MONDE : « Cela fait des années que le feuilleton – l’inquiétant feuilleton – des « perturbateurs endocriniens » a commencé… Depuis un quart de siècle, les preuves de la nocivité de ces produits s’accumulent… La Commission européenne s’est évertuée à éluder le problème, à brouiller les expertises et à différer toute décision sérieuse… Il est inacceptable que la puissance publique renonce à prendre et à imposer une décision sur un sujet d’intérêt général pour l’ensemble des citoyens de l’Union. »
(LE MONDE du 22-23 mai 2016, Perturbateurs endocriniens : Bruxelles en faute)
LE MONDE : Bruxelles a commandé une étude d’impact économique préalable à l’établissement de ces critères de définition des Perturbateurs endocriniens. Les autorités françaises ont-elles eu accès à ce document ?
Ségolène Royal : « Non, et c’est très problématique. A ce jour, cette étude n’est accessible qu’aux seuls membres de la Commission. Je demande à la Commission de me communiquer ce document et de le rendre public. »
(LE MONDE du 21 mai 2016, Polluants chimiques : Ségolène Royal se dit prête « à poursuivre le contentieux contre Bruxelles »)