Pour Jean-Luc Pasquinet, prendre au sérieux la relocalisation implique de sortir du capitalisme et du productivisme. Son livre* montre qu’il s’agit d’une forme de décroissance qui va s’accompagner d’un tout autre mode d’organisation que celui auquel est habitué notre société d’abondance factice. Voici quelques extraits de cet ouvrage :
« La relocalisation s’oppose autant à la mondialisation qu’aux « Trente Ravageuses », ces trois décennies d’après-guerre dénommées les « Trente Glorieuses », où s’est produit un changement d’échelle de la contribution française à l’empreinte humaine sur la planète et une entrée dans un modèle de développement non soutenable… A partir du moment où l’on se pose la question des limites physiques de la planète et celle de réduire l’intensité ressources ou déchets d’un produit, alors on peut évoquer la nécessité de mettre en place une sorte de rationnement ou répartition de la pénurie.
Durant la Première Guerre mondiale, dès décembre 1914, est institué le rationnement du pain, qui sera étendu à d’autres denrées alimentaires : farine, viande, lait, sucre et non alimentaire comme le pétrole. Ce rationnement durera jusqu’en 1921. Pendant la Seconde guerre mondiale, un ministère du Ravitaillement fut créé en mars 1940. Chaque personne devait remplie une déclaration afin d’être classée dans une des catégories prévues pour l’alimentation et le charbon. Des décrets imposent la fermeture des pâtisseries et l’interdiction de la vente d’alcool. Les premières cartes de rationnement sont distribuées dès octobre 1940 pour les produits de base. Ce rationnement durera jusqu’en 1949.
Nous assistons d’ores et déjà aujourd’hui à la mise en place de mesures prises sous la nécessité pour instaurer des quotas de capture de poissons. Même si le premier réflexe des gouvernements est de les réduire pour ne pas s’attirer les foudres des pêcheurs. Par exemple pour 2015 la Commission européenne préconisait de réduire de 64 % les prélèvements de cabillaud dans l’Atlantique, la baisse ne sera finalement que de 26 %. Mais c’est déjà un premier pas vers une réflexion concernant le monde entier, et relative à la gestion des ressources rares. Il en sera de même pour l’extraction des ressources rares et/ou polluantes, avec répartition de quotas. »
* Relocaliser (pour une société démocratique et antiproductiviste) de Jean-Luc Pasquinet
Editions Libre&Solidaire 2016, 194 pages pour 15 euros