Après une trop longue interruption de nos articles sur ce blog pour des raisons techniques (l’informatique n’est pas toujours fiable), voici quelques extraits d’un livre* de Nicolas Hulot qui caractérisent ses états d’âme…. en 1991. A l’époque, il se contentait surtout d’accumuler les anecdotes, mais il montrait déjà qu’il aimait autant écrire qu’il aimait lire : «Picorer les cinq continents, c’est cent jours d’avion, donc cent jours de lectures.» Il fréquentait aussi bien Paul-Emile Victoire que Théodore Monod et il vivait à l’époque au rythme de son émission Usuhaïa. Mais le fond écolo était déjà bien présent, la preuve :
– L’émission Ushuaïa est le reflet d’une aspiration universelle à découvrir la nature, à en tirer des leçons, à rêver sur la beauté… Qu’on ne demande pas à la télévision d’usurper d’autres fonctions que celle de distraire et d’informer. La fonction d’éducation ne lui appartient pas. Seul le livre peut éduquer. Seul ce qui est écrit. l’image passe.
– Sous les ailes de mon ULM un pétrolier, bien caché dans une baie, dégaze tranquillement. Il faut former de jeunes marins pour qui le dégazage serait une abomination. La protection de la nature est sous notre responsabilité à tous. Chaque individu est une force de désintégration et nous sommes cinq milliards. Tant qu’on ne maîtrisera pas la «pollution démographique», il faudra réparer les dégâts de chacun et essayer de les limiter puis de les réduire… Le dangereux bipède se croit tous les droits, et se reproduit tellement plus vite que les cygnes et les éléphants.
– C’est le manque de conscience qui pollue, il faut apprendre à porter un regard plus instruit, plus affectif et par conséquent plus respectueux. C’est la raison d’être de la fondation Ushuaïa : amorcer des actions, accompagner des initiatives, se poser des questions à long terme. Certaines bataille sont déjà perdues, il faut, bien que je déteste ce vocabulaire militaire, tout repenser en terme de stratégie.
– Je patauge dans le dossier réchauffement de la planète, gaz carbonique, fonte des glaces polaires. Je patauge puisque les scientifiques ne sont pas d’accord. Mais le doute doit profiter à la prévention. Qu’importe notre déluge, maîtrisons les rejets de gaz carbonique. Non pas sceptiques mais vigilants. Non pas ironiques mais prévenants.
– La nature est bien faite et chaque brindille a sa raison d’être… La nature est un spectacle, indispensable. Car il vous rend meilleur, plus juste. Plus homme, et moins machine. L’avenir de l’homme, c’est la nature…
– La vraie religion de l’Indien, c’est la Nature, et sa vraie foi c’est la science étonnante qu’il possède des éléments. Son credo, c’est le respect intime de la nature… Plus que jamais il faut entendre la leçon des Indiens, imiter leur attention respectueuse à la terre et aux animaux, alors que l’homme blanc, selon une Indienne Wintu de Californie, « retourne le sol, abat les arbres, détruit tout. Partout où il a touché la terre, il laisse une plaie.».. J’ai vu une machine canadienne qui peut abattre 3600 arbres par jour ! Une énorme pince au bout d’un bras articulé d’une grue, prend l’arbre à sa base, le pince et le coupe. Épouvantable.
– La ville rend indifférent, puis méchant. La solution, c’est la nature. Je ne sais si l’homme de nature est originellement bon, mais je suis sûr que l’homme de cité est inéluctablement en danger… Je ne suis pas réconcilié avec les cités de béton, où l’arbre rachitique ne pousse qu’entre les parkings.
– L’avion est comme la ville, un endroit inhumain, sans horizon, où l’on ne respire pas un air sain, où l’on vit sans possibilité d’évasion, de sortie, d’exception. L’avion est un métro. Ce système qu’il faut refuser rend irritable, me rend agressif… C’est vrai que si j’ai l’instinct voyageur, j’ai l’esprit casanier. J’aime bien m’installer dans un lieu durable. Comme un arbre aux racines étalées, mais qui ne s’incrustent pas dans la terre. Partir me demande un effort, mais demeurer m’est impossible car l’instinct de découverte me stimule : c’est ma contradiction.
– La France est découpée en autoroutes, voies expresse, lignes TGV. La France est pavée de blocs de béton. On s’attaque maintenant au littoral breton. Le promoteur de Trebeurden vient de la Côte d’Azur, où tout est bousillé, alors il vient faire ça en Bretagne. C’est la rançon de la décentralisation. 35 000 maires peuvent gâcher 35 000 communes sous le prétexte traditionnel de la création d’emploi. Où sont les emplois créés par l’immonde parking/centre commercial de la pointe du Raz pour vendre de la soupe touristique ? Un emploi saisonnier de vendeuse de chromos ?
– Les phoques bouffent toutes les morues, halte aux prédateurs ! Mais ceux qui vident les océans, on les connaît, ce sont les filets dérivants de cinquante kilomètres et la surpêche partout. Les prédateurs, ce sont les hommes. Et qui, contrairement aux phoques, gaspillent ce qu’ils ratissent comme des forcenés.
– Il faut laisser les animaux, tous les animaux là où ils sont. On ne doit pas apprendre à un enfant à se réjouir de posséder un oiseau en cage, ou un poisson. Le prétexte éducatif est un des plus vicieux qui soient : aujourd’hui la télévision permet de les voir sans les appréhender. Il existe des films sublimes sur les animaux en liberté. Les zoos ne sont que des mouroirs pour les espèces.
– L’homme blanc veut tout réduire à son image, imposer un modèle standard et donner, en prime, des leçons. Dès que Christophe Colomb a découvert les Indiens, il les a décrit comme du bétail facile à domestiquer. Pendant qu’on sanglote sur le sort des émirs du Koweït dont le mérite essentiel est de se pavaner en Roll’s décapotable, on mitraille les Indiens Kawanagé…
– Je ne suis pas un homme pressé, je cherche l’essentiel.
* Nicolas Hulot, états d’âme (JCLattès 1991)
(377 pages pour 99 francs)
En effet, malgré la sincérité de son engagement, son silence sur le facteur démographique affaiblit très largement la portée de son discours.
Comment Nicolas Hulot peut-il imaginer que l’on obtiendra le moindre résultat en matière de protection de la nature si, du fait de leur nombre, les hommes occupent tous les territoires et éliminent donc tout le reste du monde vivant, les grands animaux en premier ? Il y a là une incohérence que l’on retrouve également chez Pierre Rabhi et que je n’arrive pas à comprendre.
L’engagement écologique suppose de prendre le risque de choquer.
« Tant qu’on ne maîtrisera pas la «pollution démographique», il faudra réparer les dégâts de chacun et essayer de les limiter puis de les réduire… Le dangereux bipède se croit tous les droits, et se reproduit tellement plus vite que les cygnes et les éléphants. »
Il ne tient plus ce langage maintenant vu qu’ il a été lobotomisé par les écolos de carnaval mais vrais cocos de Europe écologie les Voleurs ou par des illuminées comme Brunel .
Crédible et lucide en 1991 , il souffre à présent d’ amnésie démographique !
Bye bye Hulot on t’ aimait bien à cette époque , tu sais !