Pendant près de 200 000 ans, nous avons vécu dans des petits groupes simples, quelques douzaines d’individus ou moins. Ce n’est que depuis 10 000 ans que certaines sociétés humaines ont commencé à grossir et à se complexifier. La manière dont nous vivons actuellement est une anomalie.
En effet dans tout système vivant, la complexité a un coût métabolique. Plus un système est complexe, plus il nécessite de l’énergie. Chez les humains, nous comptabilisons les coûts de la complexité par le travail, l’argent, le temps ou les nuisances. Dans tous les cas, il s’agit de transformation de l’énergie. Nous ne percevons pas les coûts de la complexité aujourd’hui, car ils sont subventionnés par les combustibles fossiles. Sans ces derniers, les sociétés modernes ne pourraient pas être aussi complexes qu’elles le sont. Notre complexité s’accroît car elle est très utile pour résoudre les problèmes créés par la complexité. Confrontés à des difficultés, les solutions que nous mettons en place tendent à impliquer plus de technologie élaborées, la prolifération de rôles sociaux et de spécialisations, le traitement d’une plus grande quantité d’informations, ou l’engagement dans de nouvelles sortes d’activités. Par exemple, pour faire face au terrorisme, nous créons de nouvelles agences gouvernementales et augmentons les contrôles sur tous les types de comportements d’où une menace peut émerger. Cela engendre des coûts monétaires et se répercute sur chacun d’entre nous.
Mais la complexité dans les résolutions de nos problèmes atteint le point des rendements décroissants : passé un seuil, vous payez de plus en plus pour obtenir de moins en moins de bénéfices. Quand ce niveau est atteint, une société est fragilisée sur le plan fiscal et devient moins capable de résoudre les problèmes. Nous pouvons voir dans les crises financières actuelles, solutionnées par un endettement croissant, que nous avons atteint les rendements décroissants. Après avoir épuisé l’énergie bon marché et la dette abordable, nous perdons notre capacité à résoudre nos problèmes. C’est ce processus qui a entraîné l’effondrement d’anciennes civilisations comme l’Empire romain. Le haut Moyen Âgé a été une période pendant laquelle les sociétés étaient largement simplifiées.
Les deux tiers de la population mondiale sont aujourd’hui en vie grâce au pétrole. Tout repose sur l’énergie fossile, la production industrielle de nourriture, les installations sanitaires et la médecine moderne. Sans financement possible, les puits de pétrole ne sont pas forés, les champs ne sont pas ensemencés, les automobiles ne sont pas vendues, les biens et les personnes ne sont plus transportés, les gens sont au chômage. L’endettement n’est possible que quand les économies sont en croissance, mais une économie en croissance nécessite de plus en plus d’énergie. Si le système de transports tombe en panne, à cause d’un manque de pétrole ou de finances, les villes n’auront plus de nourriture. En trois moins, peut-être trois ou quatre milliards de gens mourraient.Nous dépendrions à nouveau de l’énergie solaire et la plupart d’entre nous seraient paysans…
…. source de ce texte extraordinaire que nous avons résumé :
Joseph Tainter dans le livre « Le progrès m’a tuer »
(éditions Le pas de côté, 230 pages pour 20 euros)
Selon Pablo Servigne, ingénieur agronome et spécialiste des questions d’effondrement qui a réalisé une synthèse de plusieurs centaines d’articles scientifiques, d’ici 2030 nous devrons faire face à des pénuries de pétrole.
Non par manque de ressources pétrolières, mais car son taux de retour énergétique est de moins en moins élevé. D’où la ruée vers le pétrole non conventionnel.
Il faudrait, encore selon P Servigne, former dès maintenant des permaculteurs pour pallier au manque de nourriture industrielle, dépendante du pétrole d’un bout à l’autre de la chaîne. Une personne sur quatre en Europe, selon ses calculs.
Inutile de dire que nous ne serons jamais prêts pour la transition…
Les conséquences d’un effondrement dépassent largement le seul sujet de l’alimentation. Comme a dit Didier dans un précédent commentaire, manque d’énergie signifie manque d’eau potable, retour des maladies liées à l »eau insalubre.. etc… etc…
Une nouvelle civilisation émergera; l’humain revenu à une certaine humilité, sagesse espérons-le, conscient par la force des choses des limites de la planète. Finie la foi en la technologie toute puissante et salvatrice, le scientisme…
Selon Pablo Servigne, ingénieur agronome et spécialiste des questions d’effondrement qui a réalisé une synthèse de plusieurs centaines d’articles scientifiques, d’ici 2030 nous devrons faire face à des pénuries de pétrole.
Non par manque de ressources pétrolières, mais car son taux de retour énergétique est de moins en moins élevé. D’où la ruée vers le pétrole non conventionnel.
Il faudrait, encore selon P Servigne, former dès maintenant des permaculteurs pour pallier au manque de nourriture industrielle, dépendante du pétrole d’un bout à l’autre de la chaîne. Une personne sur quatre en Europe, selon ses calculs.
Inutile de dire que nous ne serons jamais prêts pour la transition…
Les conséquences d’un effondrement dépassent largement le seul sujet de l’alimentation. Comme a dit Didier dans un précédent commentaire, manque d’énergie signifie manque d’eau potable, retour des maladies liées à l »eau insalubre.. etc… etc…
Une nouvelle civilisation émergera; l’humain revenu à une certaine humilité, sagesse espérons-le, conscient par la force des choses des limites de la planète. Finie la foi en la technologie toute puissante et salvatrice, le scientisme…
Oui, nous sommes dans une société géante aux pieds d’argiles, apparemment très puissante, en réalité extraordinairement fragile du fait de ses dépendances.
Parmi elles, celle au pétrole est sans doute la plus évidente (bien que parfois oubliée), c’est celle qui donnera le premier coup de l’effondrement. L’écroulement de la biosphère sera in fine ce qui sonnera le glas de nos civilisations.
Il est en tout cas très juste aussi de signaler que parmi les motifs de nos fragilités se trouve la complexité. Notre dépendance aux réseaux nous enlève toute résilience. Imaginez une seconde nos grandes métropoles un mois durant sans électricité. En fait elles seraient démunies de tout. Plus d’eau, plus d’aliments, plus d’assainissement, plus de police, plus de transport, plus de travail et de revenus, plus rien.
Oui, nous sommes dans une société géante aux pieds d’argiles, apparemment très puissante, en réalité extraordinairement fragile du fait de ses dépendances.
Parmi elles, celle au pétrole est sans doute la plus évidente (bien que parfois oubliée), c’est celle qui donnera le premier coup de l’effondrement. L’écroulement de la biosphère sera in fine ce qui sonnera le glas de nos civilisations.
Il est en tout cas très juste aussi de signaler que parmi les motifs de nos fragilités se trouve la complexité. Notre dépendance aux réseaux nous enlève toute résilience. Imaginez une seconde nos grandes métropoles un mois durant sans électricité. En fait elles seraient démunies de tout. Plus d’eau, plus d’aliments, plus d’assainissement, plus de police, plus de transport, plus de travail et de revenus, plus rien.