Le greenwashing est un phénomène mondial dont le numéro du Monde du 2 avril est un exemple parfait. Mon quotidien préféré fait le miracle de proposer le même jour deux suppléments, l’un consacré à la consommation durable (« comment acheter proche, peu ») et l’autre au bling bling des vêtements, des montres et des parfums. Comment échapper à la schizophrénie ambiante, on nous offre en même temps d’acheter moins et d’acheter plus. Je ne reviendrai pas sur ce mensuel du luxe en 48 pages où quelques digressions sur le greenwashing de l’écotourisme ne peut nous faire oublier toutes ces pub en pleine et pleine pages. La critique a été déjà faite par l’intermédiaire de la médiatrice du Monde.
Je m’attarde sur le supplément « consommation durable » qui a le culot d’insérer au milieu d’articles intéressants (il faudrait consommer moins et mieux) une pleine page de greenwashing publicitaire de la part de SFR. Il paraît que les « mobiles usagés » vont être recyclés dans ton espace SFR. Mais on ne dit rien sur l’obsolescence programmée qui fait qu’on achète un nouveau portable tous les quatre matins, on ne dit rien sur la difficulté de recycler les métaux rares contenus dans le portable, on ne dit rien sur le marketing éhonté qui fait qu’un gamin de 12 ans sans portable ne se sent pas un homme, on ne dit rien sur les méfaits potentiels des ondes électromagnétiques sur les jeunes cerveaux, et surtout on ne dit rien sur l’inutilité profonde du portable. Faites comme moi, je n’ai pas de mobile, il ne risque pas de s’user. Si tu ne possèdes pas de mobile, il n’y a pas de greenwashing possible.
A l’heure où l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité devient paritaire en acceptant en son sein des associations environnementalistes et se dote d’un jury de la déontologie publicitaire, tout devrait changer…quand tu n’auras plus de portable !