Le Monde du 8 avril fait une présentation d’un livre Pourquoi tombons-nous malades ? Pour une médecine de la personne qui parle par exemple des processus d’autorégulation naturelle. En fait je retrouve la même analyse dans le livre de Serge Mongeau, La simplicité volontaire, plus que jamais (1998) :
« Les soins aux malades devraient être essentiellement destinés à renforcer les mécanismes internes d’auto-réparation. L’approche biomécanique fractionne au contraire l’être humain, le psychisme et le corps, puis chaque fonction du corps, chaque organe et même chaque cellule. Si toute maladie ne résulte que d’un trouble biomécanique, il n’y a aucune raison que nous ne parvenions pas à réparer le trouble. Si le médicament ne fait pas effet, c’est qu’on n’a pas encore su trouver la bonne substance ! Au contraire il serait nécessaire d’apprendre :
– à faire confiance à la capacité prodigieuse d’auto-réparation de son organisme ;
– à savoir comment mobiliser ses forces pour hâter sa guérison (par l’alimentation, le repos, des contacts humains chaleureux, etc.) ;
– quand on décide de consulter un professionnel, il faudrait pouvoir le considérer comme un instrument possible qu’on n’emploiera pas forcément. »
Mais l’analyse fondamentale des dérives de la spécialisation technocratique, que ce soit en médecine ou ailleurs, est posée par Jacques ELLUL dans son livre La technique ou l’enjeu du siècle (1960) :
« Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine. La technique va encore plus loin, elle intègre la machine à la société, la rend sociable. Elle est efficace. Mais lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. La technique forme un monde dévorant qui obéit à ses lois propres : il n’y a plus d’activité humaine qui maintenant échappe à cet impératif technique, il y a la technique économique, la technique de l’organisation, et même la technique de l’homme (médecine, génétique, propagande, techniques pédagogiques…) ; exit les traditions humaines. »
En voilà qui ont lu Morin