Eco-cité, du bluff

La rubrique Planète (LeMonde du 11 avril) nous propose la ville durable, relais espéré de la croissance verte. Aucune critique dans l’article qui se termine ainsi : « Faire de l’émirat pétrolier la capitale de la durabilité, avec pour vitrine futuriste, l’éco-cité expérimentale de Masdar, en cours de construction dans le désert ». L’émirat d’Abu Dhabi a donc posé les premières pierres d’une cité écologique. En plein désert. Là où ne peuvent vivre que les campements de tentes et les chameaux. Abu Dhabi affiche déjà l’empreinte écologique la plus élevée de la planète. Masdar city ne peut qu’être sobre en comparaison !

            Mathis Wackernagel, le spécialiste de l’empreinte écologique, écrivait : « Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient (…) La vie dans les grandes villes brise les cycles naturels et nous coupe de notre lien intime avec la nature. Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Nous allons au magasin pour acheter des aliments que nous payons avec de l’argent tiré du guichet automatique d’une banque et, ensuite, nous nous débarrassons des détritus en les déposant dans une ruelle ou en les jetant à l’égout (…) Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la perpétuelle vulnérabilité écologique de l’espèce humaine. »           

Une ville n’est jamais écologique, elle ne peut vivre en circuit fermé et son empreinte carbone sera toujours largement insupportable. Les efforts pour la rendre verte ne peut qu’être une opération de greenwashing.  Celle du forum Global City à Abu Dhabi a rapporté beaucoup d’argent à l’organisateur…