Le travail salarié n’est pas à la fête. La manifestation unitaire du 1er mai en France n’y changera rien. Du fait de l’approfondissement de la division du travail, de la mondialisation des marchés, de la concentration des entreprises, de la mobilité des capitaux…, les chaînes d’interdépendance ne cessent de s’allonger. Mon emploi dépend d’une entreprise qui dépend d’un groupe qui dépend d’un fonds de pension qui gère le capital retraite d’une multitude de salariés.
L’histoire du capitalisme est celle de la salarisation généralisée, donc de la séparation systématisée des travailleurs d’avec leurs moyens de production. Séparation aujourd’hui complètement normalisée, à tel point que l’idée de travailler à son compte apparaît comme une adhésion implicite à l’idéologie néo-libérale. Qu’il n’y ait plus de potager en ville, que presque personne ne sache faire son savon ou sa bière soi-même, que de moins en moins d’artisans produisent avec des ressources et des denrées du cru, tout cela semble dorénavant secondaire. Les travailleurs ne voient pas le danger d’une salarisation qui fragilise nécessairement notre vie quotidienne, en nous mettant à la merci de processus socio-techniques sur lesquels nous n’avons aucune prise. Du coup cette évolution accule à la croissance perpétuelle de la production pour assurer salaires, allocations, pensions… Un jour ou l’autre, la Biosphère ne pourra plus soutenir cette croissance non contrôlée, la profondeur de la crise sera à la mesure de la longueur de la chaîne des dépendances ! Descendre dans la rue ne change rien aux données structurelles.
La figure du petit producteur indépendant, maître de son outil de travail, fut l’idéal politique de la démocratie américaine au XIXe siècle et de la République française jusqu’à la seconde guerre mondiale. Avec la relocalisation, nous y reviendrons. Cultiver à nouveau son jardin deviendra même une obligation dans les pays « développés », mais aussi une quasi-impossibilité pour trop de travailleurs sans terre.
Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes…
La fête du travail et pourquoi pas la journée du chômage.
Ce qu’il y a de commode avec les orgies idéologiques en groupe, c’est que celui-ci cache la vacuité individuelle pour la transformer en mouvement indénombrable, donc invincible ou invisible.
Les logos, les slogans, les cortèges, les chants. Chaque utopie a le folklore qu’elle mérite, qu’elle hérite.
Les époques font les revendications, pas l’inverse. Et les meilleurs des hommes ne sont que de la chaire à canon pour les temps de paix, pour les temps d’ennui.
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http://souklaye.wordpress.com/2009/04/30/avis-a-la-population-ou-population-sans-avis-le-1er-mai/