Nous sommes abreuvés des considérations politiciennes par les médias, on en oublie l’essentiel, le climat va vers le désastre et nous. Sans un changement rapide et radical de modèle énergétique, la planète se prépare à crever le plafond de 2°C de réchauffement. Avec la combustion des ressources fossiles (charbon, gaz et pétrole), nous atteignons des émissions de dioxyde de carbone évaluées à 36,3 milliards de tonnes. Il faut ajouter 4,8 Gt dues aux changements d’affectation des sols, en particulier à la déforestation. En 2015, le niveau de CO2 atmosphérique a dépassé 400 parties par million, soit le niveau le plus élevé depuis 800 000 ans. Le climatologue Jean Jouzel avertit : « Il faut réduire drastiquement les émissions de GES, en commençant par laisser sous terre plus de 80 % des ressources fossiles connues »*.
A Marrakech actuellement, lors de la conférence des Nations Unies sur le climat, plus de 400 organisations du monde entier ont transmis un message aussi simple que fort aux chef.fe.s d’États et de gouvernements réuni.e.s : il n’y pas de place sur notre planète pour de nouveaux projets fossiles :
Laissons pour conclure la parole à Bruno Latour qui commente l’élection à la Maison Blanche d’un président ouvertement climatosceptique : « Nous, « l’intelligence », nous vivons dans une bulle. L‘élection de Trump aux USA a l’avantage de clarifier la situation politique, le Brexit n’était pas une anomalie. Autant qu’on le sache et qu’on se prépare pour la suite, peu importe l’étroitesse des frontières pourvu qu’elles soient étanches. La vraie tragédie, c’est que les autres vivent eux aussi dans une bulle, avec des pays coupés en deux. Les globalisés croient encore que l’horizon de la modernité (souvent confondu avec le règne de la finance ou de la technique) ne va cesser de s’étendre avec la mondialisation. Les seconds rêvent au retour d’un monde passé, un retour aux terroirs des anciens pays. Deux bulles d’irréalisme. Personne n’a expliqué clairement que la globalisation était terminée et qu’il fallait de toute urgence se rapatrier vers une terre qui ne ressemble pas aux frontières protectrices des Etats-nations. »** A l’heure des basculements écologiques, perturbations climatiques, épuisement des ressources renouvelables et non renouvelables, conflits armés en progression, le débat entre la droite et la gauche paraît microcosmique, complètement décalé des réalités du terrain. Un seul vote utile en 2017, pour l’écologiste Yannick Jadot.
* LE MONDE du 15 novembre 2016, Le ralentissement insuffisant des émissions de CO2
** LE MONDE du 13-14 novembre 2016, Dépassons le clivage entre passéistes et « globalisés »