Le racisme utilise le prétexte du naturel pour formater un culturel. Dès lors qu’on attribue aux gènes des traits qui relèvent de l’éducation, tout changement se trouve exclu. Enfermer l’humain dans une « race », c’est l’assigner éternellement à une place déterminée, l’enclore dans un destin immuable parce que naturel. Le racisme supprime l’histoire. (pour plus de détails, Race sans histoire de Maurice Olender).
Le sexisme utilise le prétexte du naturel pour formater un culturel. Dès lors qu’on attribue à la différenciation génétique et à l’apparence physique ce qui relève de l’éducation, tout changement se trouve exclu. Enfermer la femme dans un « sexe », c’est l’assigner éternellement à une place déterminée, l’enclore dans un destin immuable parce que naturel. C’est ce que fait une féministe de la différence dans LeMonde du 17-18 mai 2009 : « Si l’on est convaincu, ce que je ne suis pas, que l’instinct maternel n’existe pas, pourquoi n’interroge-t-on jamais l’instinct qui pousse les hommes à faire la guerre ? Les théoriciennes de l’indifférence des sexes refusent de voir ce qui crève les yeux de tout le monde, à savoir que les hommes et les femmes, ce n’est pas pareil. Pourquoi les femmes n’auraient-elles pas acquis, grâce à leur pratique maternelle, une sagesse utile ? »
L’anthropocentrisme utilise aussi le prétexte du naturel pour formater un culturel. Racisme, sexisme et anthropocentrisme ont la même base culturelle, cette capacité trop humaine de concevoir des êtres comme étrangers parce que différents, cette tendance à en tirer prétexte que ces êtres sont des subalternes : une ethnie l’emporte sur une autre ethnie, un sexe est plus fort que l’autre, l’être humain domine l’ensemble des formes vivantes. Il n’est pas encore venu le moment où nous aurons posé comme principe culturel qu’il y a égalité entre les hommes, qu’il y a égalité entre les hommes et les femmes, qu’il y a égalité entre l’espèce homo sapiens et les autres formes membres de notre biosphère. Nous partageons tous le même royaume, et nous devons apprendre à vivre ensemble…