Quelques paragraphes captivants tirés d’un livre* de Dmitry Orlov :
– Non seulement les système anarchiques (c’est-à-dire non hiérarchiques et auto-organisés) ont été la norme de l’évolution et de la nature, mais encore ils ont été celle des sociétés humaines durant la plus grande partie de leur existence. Ils ont beaucoup à nous offrir alors que notre paysage est dominé par les échecs de divers systèmes centralement contrôlés, rigidement organisés et rivés à des chaînes de commandement qui sont parvenus à dompter des sociétés humaine au cours des siècles récents… Aujourd’hui l’avocat politique de l’anarchie est au mieux une voix désincarnée sur le Web.
– L’incarnation de l’Etat-nation consiste en une série de symboles dérisoires : un drapeau, un hymne, quelques slogans et faits historiques reconstitués. L’efficacité de ces symboles repose sur une certaine vulnérabilité humaine, on recherche généralement une identité tribale. Le serment d’allégeance aux Etats-Unis que chaque écolier américain doit réciter la main sur le cœur n’est pas qu’une formalité : c’est un acte transformateur qui crée un groupe de jeunes gens prêts à suivre un chef agitant leur drapeau de ralliement aussi sûrement qu’une troupe de canetons suivait les bottes en caoutchouc de Konrad Lorenz. Bien qu’une part des babouins bottés puissent s’être portés volontaires pour le léchage de bottes, beaucoup d’autres sont de simples mercenaires.
– Si l’endoctrinement nationaliste est un sale tour à jouer à des enfants, alors leur endoctrinement religieux est comparable à un véritable crime, dans le style d’une maltraitance par lavage de cerveau et contrôle mental. Le prophète Mahomet était un homme d’affaires, un politicien et, bien sûr, un chef religieux qui excellait dans l’art de plier les gens à sa volonté, la religion étant l’arme la plus puissante dans son arsenal politique.
– La banque mondiale publie une liste des nations manquant de souveraineté effective. En 1996, on répertoriait 11 entrées et en 2006 on en comptait 26. Pas une année se passe sans qu’un autre État-nation soit aiguillé sur la voie des obsolètes. Une simple projection montre qu’on atteindrait zéro État-nation viable vers 2030. Mais si un État faible ne parvient pas à grand-chose pour son peuple, il se dresse bel et bien sur la route de l’auto-gouvernement. Les cités-Etats sont, de loin, la construction politique la plus réussie de l’histoire humaine. Une poignée de petites villes en Grèce a donné naissance à une grande part de ce qui constitue l’héritage intellectuel occidental.
– Après un siècle de combustion extravagante des énergies fossiles, il serait conforme aux attentes que, au fur et à mesure que l’industrialisme disparaît dans un nuage de suie et de fumée résiduelles, l’État-nation s’efface, emportant avec lui tout ce qui est bourré d’ambition démesurée et immensément dangereux pour la survie sur Terre. A sa place viendrait une myriade de minuscules régimes, tous incapables de lancer le moindre porte-avion, encore moins d’entamer une guerre mondiale. En revanche, ils pourraient être capable utiliser des méthodes artisanales pour fabriquer des objets du quotidien qui feraient honte à la camelote en plastique produite en masse aujourd’hui.
* Les cinq stades de l’effondrement selon Dmitry Orlov (éditions Le Retour aux Sources 2016, 448 pages pour 21 euros)
Bonjour
Moi non plus je n’ai pas lu le livre de Dmitry Orlov. Mais rien qu’avec le titre, je suppose qu’il décrit « cinq stades de l’effondrement « .
Les scénarios ne manquent pas au sujet de l’effondrement, qui en effet semble être inévitable.
Pour l’éviter, en supposons qu’il ne soit pas trop tard… certains aujourd’hui souhaitent un gouvernement mondial, qui permettrait de mieux gérer tous nos problèmes, énergie, stoks de matières, populations. Je reste dubitatif sur cette solution.
D’autre part je ne vois pas comment l’auteur peut dire : » Une simple projection montre qu’on atteindrait zéro État-nation viable vers 2030. » (il faudrait bien sûr que je lise son livre.) Je me pose toutefois une question, certainement stupide… 2030 marquera t-elle la naissance de ce meilleur des mondes dont rêvaient les anarchistes ?
En tous cas, je rejoins ce que dit Didier Barthès au sujet de ces petites entités (communautés) qui pourraient vivre simplement, en relative autonomie et en paix les unes avec les autres. Actuellement elles représentent certainement des petits échappatoires pour quelques uns, mais elles ne tiennent et durent que parce qu’elles ne menacent pas l’Ordre établi.
Il me semble que de plus en plus de gens évoquent effectivement cette possibilité d’un monde allant vers des entités plus petites.J’ignore si cela est réaliste et si l’on peut prolonger très au-delà d’aujourd’hui l’augmentation du nombre de pays que l’on constate depuis quelques années.Je veux être prudent, je n’ai pas lu le livre de Dmitry Orlov, toutefois il y a un problème qui me parait très difficile, c’est la coexistence de ces petites unités politiques avec des unités économiques qui les dépassent largement.
Aujourd’hui beaucoup des objets que nous consommons sont réalisés par des entités économiques gigantesque (une centrale nucléaire coûte des milliards d’Euros, une usine de microprocesseurs également, une chaîne de montage automobile robotisée également, une compagnie pétrolière s’appuie de fait sur des capitaux énormes, susceptibles de mobiliser de très grosses sommes pour faire face à un forage, à un accident etc.Bref quel serait le véritable pouvoir de petites entités politiques dans un monde dominé par des géants économiques ? Comment se passerait la cohabitation ? Bien entendu, une façon d’envisager les choses est de revenir à l’idée de décroissance et d’une économie elle aussi basée sur de petites entités, toutefois cela suppose probablement de nous passer de beaucoup de choses dont nous disposons aujourd’hui.
Dernier point enfin, il y a certain ensembles politiques dans le monde qui ne sont sans doute pas du tout favorables à de telles perspectives, beaucoup d’Etat puissants feront tout au contraire pour maintenir leur existence et cela risque de générer des conflits. De même, rien n’indique que de petits ensembles seront en paix, il est bien difficile de transposer la situation des cités grecques (pas toujours en paix d’ailleurs) au monde d’aujourd’hui, quid aussi des voyages, d’une monnaie commune ? Bref c’est là un sacré chantier.
Il me semble que de plus en plus de gens évoquent effectivement cette possibilité d’un monde allant vers des entités plus petites.J’ignore si cela est réaliste et si l’on peut prolonger très au-delà d’aujourd’hui l’augmentation du nombre de pays que l’on constate depuis quelques années.Je veux être prudent, je n’ai pas lu le livre de Dmitry Orlov, toutefois il y a un problème qui me parait très difficile, c’est la coexistence de ces petites unités politiques avec des unités économiques qui les dépassent largement.
Aujourd’hui beaucoup des objets que nous consommons sont réalisés par des entités économiques gigantesque (une centrale nucléaire coûte des milliards d’Euros, une usine de microprocesseurs également, une chaîne de montage automobile robotisée également, une compagnie pétrolière s’appuie de fait sur des capitaux énormes, susceptibles de mobiliser de très grosses sommes pour faire face à un forage, à un accident etc.Bref quel serait le véritable pouvoir de petites entités politiques dans un monde dominé par des géants économiques ? Comment se passerait la cohabitation ? Bien entendu, une façon d’envisager les choses est de revenir à l’idée de décroissance et d’une économie elle aussi basée sur de petites entités, toutefois cela suppose probablement de nous passer de beaucoup de choses dont nous disposons aujourd’hui.
Dernier point enfin, il y a certain ensembles politiques dans le monde qui ne sont sans doute pas du tout favorables à de telles perspectives, beaucoup d’Etat puissants feront tout au contraire pour maintenir leur existence et cela risque de générer des conflits. De même, rien n’indique que de petits ensembles seront en paix, il est bien difficile de transposer la situation des cités grecques (pas toujours en paix d’ailleurs) au monde d’aujourd’hui, quid aussi des voyages, d’une monnaie commune ? Bref c’est là un sacré chantier.