Nous avons reçu des textes de la part de l’AFBV (association française des biotechnologies végétales). Son 6ème colloque le 27 septembre 2016 était intitulé « Innovation – Société – Sélection Végétale ». Voici l’introduction qu’a faite le président de l’AFBV : « Pour la première fois depuis six ans, le terme « Biotechnologie » ne figurait pas dans le titre de ce colloque ! Cela mérite quelques éclaircissements. C’est en 1996 que les premières variétés végétales Génétiquement Modifiées ont été commercialisées ; cela fait donc 20 ans, ce qui constitue une durée suffisante pour faire un bilan de cette période. Au delà d’une comptabilité de la réalité mondiale en matière de surfaces cultivées avec des variétés GM (179,71 millions d’hectares en 2015), cela dans 28 pays et par environ 18 millions d’agriculteurs, le Constat est que l’Europe est très en retrait avec 117 000 hectares ! Quant à la France elle est aujourd’hui totalement absente puis que aucune plante GM n’y est plus cultivée. Comment en est-on arrivé là alors que notre pays se situait parmi les plus dynamiques dans ce secteur il y a 20 ans ! Depuis 1996, une forte opposition s’est en effet développée entre d’une part, les scientifiques et les ingénieurs qui promeuvent les OGM et d’autre part, les écologistes qui les refusent. Les premiers, dans leur ensemble, considèrent les nouvelles technologies, issues des progrès de la biologie comme étant dans la « continuité des méthodes classiques de la génétique », donc sans danger et ne justifiant aucune réglementation. Quant aux seconds, ils dénoncent tout à la fois, l’appropriation du vivant et le contrôle de l’alimentation par les industriels de la semence et de l’agroalimentaire, mais aussi les risques pour la santé et l’environnement, qui seraient inhérents à toutes les plantes génétiquement modifiées. Pour notre pays, la conséquence de ces affrontements se caractérise aujourd’hui par l’interdiction de la culture de variétés végétales génétiquement modifiées, ainsi que leur interdiction de facto pour l’alimentation humaine. Mais, paradoxalement, leur importation pour l’alimentation animale continue d’être autorisée. Plus grave, pour la filière semence, est l’opposition que nous voyons se développer contre le principe même de l’amélioration des plantes, au profit des « variétés paysannes ».
Personne ne peut nier qu’au cours des dernières décennies, que cela plaise ou non, la société a profondément évolué, voire a été bouleversée par les changements qui sont intervenus. En particulier, la notion de « progrès » est aujourd’hui globalement mise en cause et les progrès technologiques ne sont plus considérés comme devant conduire automatiquement à l’amélioration des conditions de vie de l’Homme. Certains estiment même que ces « soit disant progrès » sont en fait la cause de tous nos maux. Une technologie ne peut se développer indépendamment de la Société et, a fortiori, elle ne peut se développer contre elle. Et avec les technologies d’édition du génome, couramment désignées par New Breeding Technologies (NBT), nous vivons un nouvel épisode de cette opposition entre des innovations technologiques, qui pourraient révolutionner les pratiques de l’amélioration des plantes, et une opposition sociétale qui en freine le développement. Dans ce contexte, il était logique que l’AFBV choisisse de s’interroger sur les interactions entre l’« Innovation », la « Société » et la « Sélection Végétale », et, donc, d’en faire le thème de ce colloque. »
Ce colloque a donc envisagé les thématiques suivantes, « Précaution et innovation », « technologies pouvant générer des peurs », « pertinence ou non des progrès technologiques en agriculture (nécessité ou fuite en avant) », « question de l’expertise », « comment apporter des solutions aux défis (alimentation, climat…) qui sont devant nous ». Devant un tel programme, quels peuvent être vos commentaires sur ce blog ? Pour approfondir la réflexion préalable, voir sur ce blog le dialogue entre Jacques Testart et un membre de l’AFBV (devenu son président), Alain Deshayes.
@Didier Barthès
Si cela pouvait vous rassurer, les questions que vous vous posez, on se les pose depuis toujours et on tente depuis toujours d’y répondre (les « améliorateurs » de plantes (ou d’animaux)).
Réponse à très courte vue (indiquant d’ailleurs que votre connaissance de ce secteur sont des plus limitées) et ne prenant absolument pas en compte l’histoire de l’humanité et en particulier celle de son agriculture.
Dès que l’homme s’est mis à cultiver (- 8 à 10 000 ans avant J.C.), il a à chaque génération (chaque année de culture) fait des choix (très empiriques) de ce qu’il allait replanter et donc pratiqué implicitement une sélection et amélioration.
Il a été aidé par les conditions environnementales (très souvent à son détriment) et certains aiment à développer le concept assez juste que nous vivons grâce aux plantes de (ayant résisté aux) famines (nombreuses jusqu’au XIX siècle). Celles ci ayant été provoquées par les épidémies de ravageurs courants des plantes (virus, bactéries, champignons, bactéries, insectes, vers, mais aussi à des excès ou manques d’eau, des températures excessives ou trop basses (gel) etc…
Depuis le milieu du XIX°, on s’est attaqué de manière moins empirique à obtenir des plantes plus résistantes à beaucoup de leurs prédateurs et on le fait toujours aujourd’hui. C’est l’un des objectifs majeurs et prioritaires de toute l’amélioration des plantes depuis au moins 70 ans maintenant et ce partout dans le monde dans les pays qui se sont développés en utilisant les progrès des connaissances d’abord en génétique puis en génétique moléculaire
Autre petit bout de la lorgnette, vous semblez ignorez que l’accroissement de la population mondiale est considérable (par exemple nous n’étions que 5 milliards en 1985, nous sommes 7,3 M aujourd’hui, on annonce plus de 9M pour 2050.
Augmenter la productivité est donc une nécessité absolue si on veut réussir à au moins proposer suffisamment de calories pour nourrir la population mondiale ! (leur distribution est dans les mains des politiques).
Quant à l’aspect dangerosité ou aspect sanitaire, soyez assuré d’une chose -qui risque de renverser pas mal de vos idées reçues- mais les PGM sont autrement plus sûres sur le plan sanitaire que leurs homologues obtenues par les méthodes qualifiées de conventionnelles et en tout état de cause bien plus sûres, sur ce plan, que celles qui sont issues de l’AB.
Pour qui a des notions élémentaires de biologie justement, il vaut bien mieux manger des pesticides que des pestes !
De nombreux accidents sanitaires sont survenus dans le passé avec des produits issus de l’AB ou modes voisins, le dernier en date étant celui de 2011 (épisode appelé initialement des concombres alors qu’il s’agissait en fait de pousses de fenugrec) qui a fait une cinquantaine de morts tout de même sans compter un millier d’insuffisances rénales à vie !!!
Impossible de développer chacun de vos points, mais si cela pouvait vous rassurer, on n’améliore pas les plantes pour un seul caractère mais pour de très nombreux et simultanément. La transgénèse est une technique qui permet d’apporter spécifiquement un caractère de plus à la plante (qu’elle n’avait malheureusement pas au préalable) !
Ce colloque avait été caractérisé par le refus des scientifiques opposés aux OGM d’y participer. Ils avaient pensé que le dialogue ne pouvait plus être effectif avec une association centrée sur le soutien des biotechnologie végétales. Ce fait est significatif de la rupture qui s’intensifie entre les technophiles d’une part et ceux qui pensent que certaines techniques ne sont plus adaptées au monde tel qu’il va.
Dommage, l’échange d’idées entre conceptions différentes est le vecteur fondamental d’une intelligence collective en formation.
La question fondamentale, et en fait préalable à ce débat, et qu’évidemment les partisans des biotechnologies végétales ne semblent pas poser est : A quoi ça sert ? A quoi ça sert de vouloir à toute force « améliorer » les plantes ? (les guillemets sont essentiels).
Cela ne sert en fin de compte qu’à une chose : nous amener à produire plus. Or ce but là est infiniment néfaste à notre avenir, ils nous entraîne dans une course sans fin et dans une société dont l’équilibre ne se conçoit que dans l’accélération permanente. Une telle situation conduit par nature à une catastrophe. Il nous faut ralentir au contraire.
Les plantes ainsi « améliorées » (c’est à dire en fait spécialisées dans un but unique) ne présenteraient-elles aucun danger sanitaire, ce qui est loin d’être sûr, elles constitueraient quand même une menace pour la planète et pour les hommes. Il nous faut revenir au contraire à une alimentation à partir des produits les plus naturels possibles, même si les rendements sont plus faibles et si les produits périssent plus vite.
Le chemin inverse nous conduira à une impasse et à l’insatisfaction permanente.