L’Écologie politique vue par certains décroissants

Le mensuel La Décroissance se dit « le 1er journal d’écologie politique ». Pour connaître sa conception, voici au fil des pages ce qu’en dit le numéro de mai 2017.

Défaite : « Décroissance d’un parti et victoire d’une idée ? Pour la première fois depuis 1974 et René Dumont, le mouvement écologiste n’est pas directement représenté à l’élection présidentielle, Yannick Jadot et EELV ayant préféré soutenir Benoît Hamon. Mais pour la première fois aussi, trois candidats majeurs – Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Hamon – se disent écologistes. » Europe 1, 18 avril 2017. Cette élection aura plus sérieusement, consacré la défaite de l’écologie, vidée de son sens et récupérée comme faire-valoir du numérique, de la relance industrielle, de la pollution du cannabis, du très libéral revenu universel, ou encore de la reproduction artificielle de l’humain.

Vincent Cheynet citant Dominique Bourg : Les « écologistes » officiels d’Europe Ecologie-Les Verts « ont opté pour l’individualisme libéral, pour l’affirmation sans limites des droits individuels, choses qui ne font guère bon ménage avec ce qu’exigerait une authentique défense des biens communs comme le climat ou la richesse génétique des populations. Point de défense des biens communs sans règles communes. Un telle défense est inconcevable sans opposer des limites à l’affirmation absolue, et nécessairement à court terme, de l’individu et de ses droits ».

Bruno Clémentin : Le candidat « socialiste » est tombé à 6 %, un score cependant remarquable pour ses alliés les Verts, qui n’ont jamais fait autant, avec un programme qui annonçait la sortie du nucléaire et du diesel, l’éducation des petits enfants à l’écologie, la réindustrialisation par les technologies vertes, le Green New Deal censé relancer l’économie, le développement de l’emprise numérique… Bref l’éco-capitalisme.

Gilles Maistre : Au départ j’étais un gauchiste, anti-nucléaire,mais pas vraiment écolo. En 1984, j’ai participé à la création du parti Vert en Haute-Savoie. Nous étions cinq. C’est au contact des environnementalistes que j’ai rencontrés que je suis devenu écologiste. Ma vision de la nature a alors changé. Ma devise, «  Tout rural qui n’a pas un rapport manuel avec la terre n’en est plus un ». Ce rapport plus serein avec la nature est valable pour la nourriture comme pour la santé comme pour la politique… L’évolution du parti est désespérante, ils vont tous à la soupe. Ce parti (EELV) est devenu une machine à recycler les politicards dont la forme la plus achevée est Jean-Vincent Placé. Dans les partis se trouvent à la base des gens sincères qui servent malheureusement de marchepied à des opportunistes qui ont d’autres finalités. Mais quand tu appartiens à un mouvement, tu as une forme de fidélité.

Keigo Ogata : Mon travail au sein du parti Vert japonais porte sur le démantèlement des centrales nucléaires. Pour un pays de 127 millions, il compte seulement 800 militants dont 400 élus et 400 sympathisants. J’ai moi-même adhéré à ce parti après la catastrophe de Fukushima. Cet événement a été le déclencheur de ma prise de conscience… Les communistes sont comme tous les Japonais qui même après cette catastrophe continuent de rêver de croissance. Les Verts sont le seul parti qui milite pour la décroissance.

6 réflexions sur “L’Écologie politique vue par certains décroissants”

  1. Bonjour Didier Barthès.
    Je suis un fidèle lecteur de ce journal depuis des années. Chaque mois j’ai le plaisir d’y lire des choses qu’on trouve rarement ailleurs. Nullement des « positions bien pensantes traditionnelles et en total accord avec la politique conventionnelle ». Bien au contraire ! Des articles très denses, très riches et très argumentés. Le problème de la démographie a déjà été traité , mais peut-être pas comme vous l’auriez souhaité.

    Nul doute que le discours de ce journal soit radicalement anti-système, notamment anti-capitaliste. Nul doute non plus que l’écologie soit au coeur. Ce journal est donc un journal d’écologie politique. Et son discours est en effet radical !
    Ceux qui écrivent dans ce journal ont compris depuis très longtemps qu’il n’y a aucune solution possible dans le cadre du libéralisme (même barbouillé de vert ), ni d’ailleurs d’aucun autre système productiviste. D’où leur acharnement sur ceux qui persistent à croire à une telle farce, et surtout sur tous ceux qui font semblant d’y croire, et/ou qui en font business. (Tartuffe est un imposteur et/ou un hypocrite). C’est donc là le style de ce journal. Celui qui le découvre ne peut rester neutre bien longtemps, on aime ou on n’aime pas ! De mon côté, je l’apprécie d’autant plus que je n’y ai jamais vu la moindre haine. De l’ironie, des moqueries, ça oui, à la pelle ! De l’autodérision également. « La Décroissance » c’est  » le journal de la joie de vivre ».

    Ce style des plus percutants n’est évidemment pas sans effet sur les petits-bourgeois que nous sommes, tous plus ou moins. S’entendre dire ses 4 vérités de cette façon, alors qu’on ferme bien le robinet pour se laver les dents, ça ne fait pas spécialement plaisir. Et en plus, voir qu’on tire à boulets rouge sur untel qu’on prenait pour un saint, sans en comprendre les raisons… là non plus ça ne passe pas forcément bien. Comme toujours et comme partout, nous retrouvons toujours encore ce vieux problème de la juste mesure. (La page 2 de ce journal est réservée au courrier des lecteurs, très intéressant également )
    Maintenant, est-ce que ce style est le meilleur moyen, la meilleure stratégie pour faire ouvrir les yeux aux doux-rêveurs, pour les pousser vers une auto-critique bien plus approfondie que celle que leur propose la pensée unique … ? Peut-être pas, mais qui donc a mieux à proposer ?

  2. Rappelons à M. Ogata , que la surprésence de 127 millions de Japonais sur une superficie totale de 378.000 km2 (soit ddm de 336 hab / km2) de laquelle il faut défalquer les terres inhabitables (île volcanique) et l’ on pourrait arriver à une ddm de plus de 600 hab / km2 , a sans aucun doute tout à voir avec la construction de centrales nucléaires en nombre .
    Sacré M. Ogata , comment pensait – il fournir chaque nippon en électricité ?
    Avec des éoliennes fonctionnant par intermittence ou des panneaux PV dont le rendement n’ est ^pas énorme ou …..
    Qu’ il milite donc pour la décroissance démographique et il gagnera alors en crédibilité .
    Que les escrologistes mamère , con bandit et sa braguette magique , duflot la géographe en peau de lapin , cosse et ses chers migrants , (dé , rem)placé , la folle Joly adhèrent donc au parti de Macron , le rotschildien mondialiste , ils y ont leur place ces charlots (rime avec hulot) .

    Au fait , un homme qui est passionné par la survie de la biodiversité est un environnementaliste et non un écologiste , terme réservé à des biologistes

  3. Bonjour Michel C
    Oui, c’est un style mais personnellement je n’accroche pas.
    L’autre problème bien sûr, pour moi qui met tant l’accent sur la démographie, c’est qu’à ma connaissance au moins, (j’avoue ne pas lire ce journal chaque mois), ils ne veulent pas en entendre parler et restent là sur des positions bien pensantes traditionnelles et en total accord avec la politique conventionnelle que, par ailleurs, ils démolissent à longueur de colonnes.

  4. Je vous comprends parfaitement Didier Barthès.
    C’est pour ça que j’ai parlé du style de ce journal… ça passe ou ça casse !
    En ce qui me concerne, j’ai eu du mal au début, et puis c’est passé. L’ironie, la moquerie, les « coups de flingue »… c’est une pédagogie comme une autre, non ? Je crois même que c’était la stratégie de Socrate…

  5. Bonjour Michel C
    Je me permettrais quand même de mettre un bémol à votre enthousiasme sur « Le journal de la décroissance ».
    Certes, son combat est juste, sans décroissance tout le combat écologiste est sans intérêt et condamné à l’inefficacité.
    Toutefois j’ai du mal à apprécier un journal dont l’objet fut si souvent d’offrir à la vindicte publique ses adversaires en leur donnant le titre d’écotartuffe. On peut être en désaccord avec quelqu’un mais cela n’autorise pas à l’insulter en public une personne, c’est une démarche que je trouve odieuse.
    Quel monde peut on prétendre construire si l’on s’appuie sur cet état d’esprit ?

  6. Le journal La Décroissance se dit aussi  » Le journal de la joie de vivre « .Pour en connaître sa conception et en apprécier sa profondeur, il faut le lire. Et surtout dépasser les a-priori que son style peut susciter… notamment chez les éco-tartufes.
    Celui de ce mois-ci est bleu. Je le conseille vivement. On peut y lire notamment un débat très intéressant :  » Comment ressusciter l’écologie politique ?  »
    Pour le repérer en kiosque : La une est titrée  » Ushuaïa ministre  » … Ben oui ! On y voit un flacon de shampoing sur lequel est écrit :  » Politiquement neutre – sans droite ni gauche … TF1 Coca-Cola… lave en profondeur « 

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