Nous rappelons en préliminaire qu’une grande partie de la motivation du ralliement de l’ex-présidentiable Yannick Jadot à la candidature PS/Hamon résultait de la perspective qu’EELV (Europe Ecologie Les Verts) obtienne un groupe parlementaire en 2017. Cette douteuse « stratégie » a été initiée par Cécile Duflot qui a mis en avant le côté écolo du programme du socialiste Benoît Hamon alors qu’il s’agissait avant tout pour elle de préserver son emploi de députée. Analysons les données de la 6e circonscription de Paris, celle de Cécile. C’est (ou plutôt c’était) un territoire traditionnellement classé à gauche, une circonscription « en or » pour Cécile au détriment de membres du PS ; mais c’était emblématique de l’alliance EELV/PS faite en 2012. Grâce en outre à la dynamique de l’élection de François Hollande à la présidence, Duflot n’avait eu aucun mal à l’emporter avec 48,7 % des voix contre 18 autres candidats au premier tour et avec 72,2 % au second tour contre le candidat UMP. Mais en 2017 la situation n’est plus du tout comparable.
Avec une forte participation dans la 6e circoncription lors du premier tour de la présidentielle 2017, Macron arrive en tête avec 34,2 % des voix, talonné d’assez près par La France insoumise à 29 % des voix. Hamon n’arrivait qu’en troisième position avec 14,6 %, un peu au dessus de son score moyen national. Fillon ne faisait que 13,7 % des voix, le FN était dans les choux. Il s’agit donc toujours d’une circonscription avec le coeur bien à gauche, mais avec En Marche comme nouvel arrivant. Une projection pour les législatives de juin 2017 implique déjà l’impossibilité pour Cécile Duflot de (re)devenir député avec le seul appui du PS de Hamon. S’ajoute à cela le fait que les votes vont s’éparpiller le 11 juin prochain entre 10 candidats, représentant aussi bien la droite que Mélenchon, le Parti animaliste ou anouslademocratie. Peu de report de voix à attendre de tous ces côtés… si par miracle Cécile arrivait au second tour de ces législatives. Les perspectives du premier tour 2017 sont en effet contraires pour Cécile car le tout nouveau parti entré dans l’arène électorale, le REM (la république en marche), est le parti de Macron devenu président. Son candidat dans la sixième circonscription, Pierre Person, va bénéficier de la dynamique présidentielle qui s’opère depuis que le calendrier présidentielle/législatives a été inversé. Plus grave encore pour Cécile, il ne s’agira pas d’une personne sans aucune notoriété préalable, mais du fondateur du groupe « Jeunes avec Macron ».
Dans d’autres circonscriptions, la situation est aussi compliquée pour EELV. Par exemple dans la troisième circonscription du Puy de Dôme, Laurence Vichniewsky, ancienne porte-parole du bureau exécutif des Verts, puis d’Eva Joly à la présidentielle 2012, sera opposée à l’EELV Nicolas Bonnet. Laurence Vichniewsky est une personnalité de poids et la députée sortante EELV Danielle Auroi ne se représente pas. Laurence a d’autant plus de poids qu’elle se présente aujourd’hui au nom du REM de Macron (après être passé par le Modem). Laurence est une des nombreuses personnes qui ont quitté EELV parce que Cécile Duflot n’a pas su comprendre la validité de leurs propos… Pire, le rapprochement renouvelé du parti de Duflot avec un parti socialiste exsangue, lié à la non personnification par Jadot de l’écologie politique au moment de la présidentielle, a signé l’arrêt de mort d’EELV : les militants sont désorientés, ils ne peuvent plus se réclamer de l’autonomie de l’écologie politique, ni d’un soutien externe fiable. La tentation de rejoindre Macron, favorisée par la nomination de Nicolas Hulot au poste important de ministre de la transition écologique solidaire, pourrait s’accentuer dans l’avenir. Il serait vraiment étonnant que Cécile Duflot puisse dorénavant représenter l’écologie dans les médias…
analyse d’un ancien présidentiable des Verts : « à partir de la victoire de Hamon, l’appareil vert joua sur le constat que désormais tous les candidats de gauche sont écolos-compatibles. Sous la pression des initiatives de la base « Un candidat et pas 3 », l’appareil fit adopter par son peuple (celui de la primaire) la décision de proposer le retrait du candidat Jadot. Mais au lieu d’offrir ce gambit (sacrifice d’un pion en début de partie) en échange de l’unité, l’appareil obligea Hamon à perdre 3 semaines en échange d’un gain unique (serti de quelques autres gains mineurs) : la reconduction de sa reine, Cécile Duflot, dans la 6e circonscription de Paris.«