J’arrive à la fin de ma vie, la retraite professionnelle ne m’empêche pas d’agir. Je passe plus d’heures au service de l’espèce humaine et de notre biosphère que si je travaillais à plein temps. Ce livre est l’aboutissement de mes pensées, de ma vocation d’éduquer. Je veux essayer de montrer que nous sommes déterminés par notre milieu social, mais que nous pouvons choisir notre propre chemin. Il n’y a de liberté véritable que dans la mesure où nous savons mesurer les contraintes. Je suis arrivé peu après mai 1968 aux années de mon éclosion, de ma renaissance. Elevé dans une société autoritaire, imbibée de religiosité et d’économisme, il me fallait penser autrement. Dans mon carnet de notules que je tenais depuis 1969, j’attribuais à Tchekhov cette phrase que je fais mienne : « Tout homme a en lui-même un esclave qu’il tente de libérer. » Je me suis libéré. Pour mieux réfléchir… Pour aider à améliorer le monde… J’ai soutenu et propagé tout ce qui à mon avis allait dans ce sens, la non-violence, l’objection de conscience, le féminisme, le naturisme, le biocentrisme, le sens de l’écologie, le sens des limites de la planète, l’objection de croissance, le malthusianisme, la simplicité volontaire…Voici donc un compte-rendu des fragments de mon existence au service des générations futures et des non-humains. En espérant que cela pourra vous aider à cheminer de votre côté…
Ma première révolte véritable ? Contre les religions. On ne devient pas athée de naissance, on le devient. Moi j’étais déjà baptisé avant même de pouvoir dire un mot. Dès la naissance ou presque. Comme cela se faisait ! Je suis devenu un bouffeur de curé. Rien n’est déterminé à l’avance à condition de pouvoir sortir du piège de la prédestination sociale !
Dans mon jeune temps, la religion était omniprésente. Mes parents se sont mariés civilement. Ils ont attendu le mariage religieux pour ensuite pouvoir faire l’amour. Il me fallait raconter mes péchés lors de la confession, à genoux dans une petite boîte noire, avec une lucarne qui s’ouvre et une voix doucereuse qui chuchote à voix basse : « Mon fils, dis-moi tout. » Le problème, c’est que je ne me sentais pas pécheur le moins du monde. Je récitais un « Notre père qui êtes aux cieux » et deux « Je vous salue Marie » en guise de pénitence pour le péché que j’avais inventé. D’où vient alors ma rébellion ? D’un amoncellement de petits éléments qui progressivement m’ont fait douter. Un jour je me suis enhardi pour demander à un prêtre s’il croyait personnellement à l’enfer. A sa réponse évasive et son air emprunté je savais dorénavant ce qu’il fallait savoir : on me racontait des histoires. J’étais devenu plus méfiant. Depuis ce jour j’ai multiplié les questions et confronté les réponses ; on ne se pose jamais assez de questions, on ne nous fournit jamais suffisamment d’éléments de réponses. (à suivre)
NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI
Nul besoin de bouffer du curé. Nul besoin d’être athée pour se poser des questions.
La science ne donnera jamais de réponse aux grands mystères, alors autant les accepter, leur ou Lui donner le nom qu’on voudra. Le prier ou Le contempler en silence, chacun est libre. Plus ou moins bien sûr. Pour beaucoup la liberté se résume à pouvoir choisir parmi des centaines de modèles de bagnoles, et/ou de pouvoir dire n’importe quoi.
De toute façon les « curés » ce n’est pas ça qui manque. les pires religions ne sont pas forcément celles qui font la promo de tel ou tel créateur. Le scientisme, l’économisme sont probablement plus néfastes que les autres, d’autant plus quand il s’agit de véritables dogmatismes.
Autrefois il suffisait de réciter 4 « Je vous salue Marie » pour ressortir blanchi. Et on pouvait continuer à pécher jusqu’au prochain blanchiment. En filant une petite pièce aux pauvres à la sortie de la messe, on se mettait en paix avec sa petite conscience. Et qui sait… on pouvait même se gagner le Paradis. S’éviter l’enfer pour pas cher, c’était finalement un bon pari.
Aujourd’hui on le fait en donnant 4 ronds pour telle ou telle assos ou autre bonne cause… pour lutter contre la misère dans le monde, pour faire planter quelques arbres… Aujourd’hui on se verdit la conscience en fermant le robinet pour se brosser les dents, en achetant une bagnole « verte » … bref en faisant comme le colibri.
Finalement, nous ne sommes que de pauvres pécheurs.