Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis. Il est bien vrai que l’étiquette écolo regroupait surtout tous les survivants de la deuxième gauche, celle pour qui la libéralisation des mœurs, féminisme, IVG, homosexualité, autogestion… restait l’alpha et l’oméga de la vie publique. Je n’étais pas contre, loin de là, je peux même ajouter entre autres à la liste naturisme et nudisme, pacifisme et non-violence. Mais je pensais à juste raison que ces messages issus de mai 1968 étouffaient complètement ce que nous voulions faire passer : une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes. Dominique Voynet concluait lors de ma dernière journée d’été en 2002 que ce n’était pas la peine de parler entre nous d’écologie puisque tout le monde était d’accord sur la question !? Elle faisait l’impasse sur nos manques.
J’étais accablé par les contradictions internes des Verts, par des statuts inefficaces, souvent dénoncés mais jamais modifiés. J’étais aussi accablé par l’amateurisme de nos procédures et candidats. Aux primaires pour les présidentielles 2002, nous avions voté Lipietz contre Mamère, qui s’était révélé non médiatique, avait été désisté par un autre vote, et Mamère, malgré sa décision irrévocable de ne pas se présenter, avait quand même obtenu plus de 5 % des voix au présidentielles 2002. Mais avant, j’avais voté pour voter, plusieurs fois, pour rien. J’étouffais, les Verts ne portaient pas vraiment l’idéal écologiste, mais un système embryonnaire de parti, un ramassis d’ambitions et beaucoup de gens qui ne faisaient que passer.
Aux journées d’été d’août 2002, à Saint-Jean-de-Monts, j’ai craqué à mon tour. Chaque nuit ou presque une insomnie, pour ces questions lancinantes qui me taraudaient. A quoi servaient les Verts ? Qu’est ce que je faisais dans ce parti ? Qu’est-ce que faire de la politique ? Je suis parti… pour le parti socialiste. Mais auparavant, j’ai fait une réunion de formation pour le groupe local sur le concept de décroissance. Même chez les Verts, ce mot était alors inconnu, ou tabou. Il n’y avait pas de formation chez les Verts et en 2011, c’est toujours la même situation. J’y reviendrais. (à suivre)
NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI
Bonjour Michel.
Quelques mots simples pour vous remercier, sincèrement, profondément, d’avoir rédigé et publié ces éléments de votre “biographie”. C’est riche de réflexion et porteur d’enseignements. J’en profite, au quotidien.
PS : Peut-être nous sommes-nous croisés sans nous voir sur les bancs de l’insoumission.Sourire. Autres temps.