Face à Merkel, les Verts allemands sont devenus inaudibles. La chancelière a préempté peu à peu le programme des écologistes*. En France, le PS de Hollande avait fait la même démarche de ne plus sous-traiter la question écologique en nommant des ministres issus du rang du parti socialiste. Le PS de Hamon au moment de la présidentielle a même fait en sorte qu’une candidature écolo devienne inutile. Macron en arrivant au pouvoir a nommé une figure historique de l’écologie au gouvernement et Nicolas Hulot se positionne comme trans-partisan. Un parti spécifiquement « écologique » semble un choix politique dépassé. Michel Sourrouille en déroule les raisons lors d’une conférence-débat devant le MEI (mouvement des écologistes indépendants)**.
« Pour la première fois depuis 1974, il n’y a pas eu de candidat spécifiquement écolo à la présidentielle après le ralliement de Yannick Jadot au socialiste Hamon. L’écologie politique devient inaudible, c’est l’alliance à gauche qui prévaut, pas le message environnementaliste. En fait cette rupture historique n’est que le signe d’une remise en cause de l’existence même d’un parti spécifiquement écolo dans l’arène politique. Les raisons en sont multiples et deviennent structurelles. D’abord il y a un fait nouveau, l’aspect écolo de presque tous les programmes des candidats à la présidentielle. Le reniement de Jadot a d’ailleurs été justifié par l’importance de la thématique écolo dans les programmes de Hamon et Mélenchon. Pourquoi préserver un parti spécifiquement écolo quand d’autres candidats avec d’autres étiquettes politiques assument les évolutions de notre temps ? Si la victoire de Macron s’est faite sous l’enseigne gauche ET (en même temps) Droite, la nomination de Nicolas Hulot comme ministre d’État et numéro 3 du gouvernement montre aussi que l’écologie est « en marche », du moins au début de ce quinquennat. Ensuite la fragmentation des mouvances écolos révèle qu’il n’y a plus de parti unitaire possible. Aux législatives 2017, c’est l’écologie politique qui a présenté le plus de candidats, plus de 900 personnes pour 577 postes de députés. Cécile Duflot sur sa circonscription parisienne était même en concurrence avec trois autres écolos. La question se pose désormais, quel est LE parti qui représente effectivement au mieux l’écologie ? Il n’y a plus de réponse fiable et durable. En relation avec ce constat, il faut noter la multiplicité des positionnement militants. Après le non-accord de la gauche « plurielle » liant Hamon, Mélenchon et Jadot, les militants ont été chez Hamon, Mélenchon ou parfois même Macron… Plus fondamentalement certains militants essaiment dans tous les partis. La socialiste Delphine Batho dans son livre « Insoumise » se révère plus écolo que socialiste après un passage au gouvernement Hollande comme ministre de l’écologie. NKM au même poste a aussi montré (à droite) un tempérament profondément écologiste. Le PS en 2008 était déjà en présence lors du congrès de Reims d’une motion d’orientation « pour un parti socialiste résolument écologique ». Tous ces éléments réunis font qu’il est peu probable qu’un parti qui se dise spécifiquement écolo élargisse son audience dans l’avenir. EELV est en voie de dissolution, quelques survivants du séisme de 2017 étant tenté par la radicalité quand d’autres veulent rejoindre le mouvement du 1er juillet de Hamon. Le MEI reste un parti minoritaire, boudé par les médias.
L’avenir de l’écologie politique pourra se faire sans parti écolo. Il est bon que les militants aillent là où ils pensent être le plus utiles à la cause écolo, avec Hamon, avec Mélenchon, avec Macron, avec qui ils veulent. Le but principal, comme René Dumont le disait déjà il y a longtemps, est d’écologiser les politiques et de politiser les écologistes. Au niveau institutionnel et en complémentarité avec cet éparpillement des engagements, il faudrait favoriser un mouvement transpartisan, permettre par exemple la double appartenance. C’était là l’ambition de la coopérative montée en 2011 par EELV, mais cette coopérative n’a eu aucun succès. Le mouvement de Macron accepte aujourd’hui la double appartenance partisane. En définitive, iI faut accepter la multiplicité des parcours militants tout en cherchant une cohérence collective. Il y a d’ailleurs une écologisation effective des citoyens par les médias, il y a un peuple écolo en formation qui n’a pas besoin d’un présidentiable écolo pour exister et d’un parti « écolo » pour militer. »
* LE MONDE du 16 septembre 2017, Face à Merkel, les Verts sont devenus inaudibles
** Michel Sourrouille, lors des journées d’été du MEI à Dax le 23 août 2017 sur la thématique « L’avenir de l’écologie politique »
C’est pour dire … même les porteurs des idées les plus dégueulasses ont récupéré l’écologie.
» l’écologie accaparée par d’autres » … ce n’est pas nouveau.
Voilà de toute manière ce qui arrive quand on n’est pas fichu de bien s’en occuper. Voilà ce qui arrive quand on croit que l’écologie est ni-ni ! Dès le début les précurseurs (notamment André Gorz) avaient prédit que l’écologie serait récupérée par l’industrie, les financiers… en un mot, par le capitalisme !
https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027
cette analyse me semble très pertinente. EELV plus socialiste qu’écologiste ne pouvait rester longtemps crédible……la parabole de la pastèque !
Attention quand même à la récupération politicienne qui me semble faire le fondement du nouveau parti « en marche »??
Oui, il faut en revenir à la devise de René DUMONT .
Léopold DARRITCHON