Alors que la loi de 2015 sur la transition énergétique prévoit de ramener de 75 % à 50 % d’ici à 2025 la part de l’atome dans la production d’électricité française, le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, a affirmé mardi 7 novembre qu’il sera « difficile » d’atteindre un tel objectif « sauf à relancer la production d’électricité à base d’énergies fossiles »*.
Dans cette tambouille d’objectifs chiffrés politiquement affirmés mais sans conséquences réelles, on évite soigneusement de parler de l’essentiel : diminuer la part du nucléaire nécessite obligatoirement une baisse des besoins en électricité des entreprises, des administrations et des ménages. N’oublions pas que l’objectif de Hollande de 50 % d’électricité issu du nucléaire pourrait aussi bien être atteint si la consommation augmentait énormément. Se centrer uniquement sur des objectifs de production d’un « mix » énergétique ne devrait pas être une priorité de premier rang ! Il faudrait avoir le courage politique de dire qu’il va nous falloir apprendre à gérer la descente énergétique. Beaucoup de commentaires sur lemonde.fr saluent l’écologie « réaliste-pragmatique » de Hulot. Mais les raisonnements sont de court terme, avantage du nucléaire, protection de l’emploi, maintien du niveau de vie, etc. Ce n’est qu’un réalisme de courte vue car à long terme toutes les sources d’énergie vont devenir plus chère, si ce n’est même inabordables pour la masse des gens. Une seule solution pour préserver les générations futures, diminuer nos besoins actuels en énergie, pratiquer la sobriété partagée…
A l’heure actuelle, on conserve l’idée d’une croissance économique perpétuelle, oubliant les limites de la planète qui sont pourtant franchies dans pratiquement tous les domaines, réserves halieutiques, sols arables, biodiversité… On ajoute les énergies renouvelables aux énergies fossiles, les énergies fossiles au nucléaire, on n’affirme jamais la seule réalité qui compte, la nécessité de ne (sur)vivre qu’avec des énergie renouvelables produites de façon durables. Cela suppose que la décroissance devienne un mot d’ordre politique, ce qui n’est pas le cas du gouvernement Hulot/Macron. Nicolas Hulot mange encore son chapeau, lui qui déclarait le 4 juin 2008 : « La vraie question est : « Quelle croissance est compatible avec la réalité physique de la planète ? » La réponse peut être la décroissance – qui n’est pas un gros mot – dans certains domaines. » (interview l’Express)
* LE MONDE & AFP du 7 novembre, Nicolas Hulot reporte l’objectif de baisse du nucléaire de 50 % prévu pour 2025
En titrant son communiqué de presse « Incompréhension de la FNH face au recul de Nicolas Hulot sur la réduction de la part du nucléaire dans notre énergie », la Fondation pour la nature et l’homme cible directement celui qui fut son créateur et président avant de devenir le ministre de la transition écologique et solidaire d’Emmanuel Macron. Auparavant, sur le CETA ou encore les perturbateurs endocriniens, l’ONG avait attaqué le gouvernement ou le chef de l’Etat. Mais jamais Nicolas Hulot. Est-ce un pas qui, de déception en désillusion, amènerait la FNH à rompre avec leur ancien champion ?
(LE MONDE du 10 novembre 2017, Avis de tempête entre Nicolas Hulot et les écologistes)
Je sens que Nicolas Hulot va finir par faire déchanter tous ces pauvres verts qui voyaient en lui un espoir…
Bonjour
L’argument principal d’Hulot pour un maintien du nucléaire est la lutte contre le réchauffement climatique, et il a raison. Avec plus de 70% de notre énergie provenant du pétrole et gaz, il y a largement de quoi développer les renouvelables et la sobriété. À condition que les citoyens en veulent.