Notre civilisation est-elle donc condamnée à voir ce siècle mourir avec elle ? Y aura-t-il un déclin massif de la population, laissant quelques survivants démunis sur une planète torride, hostile, infirme, mise en coupe réglée par des seigneurs de la guerre ? L’absence de contrainte pesant sur notre croissance démographique est une des origines de nos problèmes. Nous pouvons vivre partout, de l’Arctique aux tropiques, les seuls prédateurs importants restent, de temps en temps, les micro-organismes qui provoquent une brève pandémie La population du globe est passée de quelques millions à l’époque des chasseurs-cueilleurs, il a maintenant dépassé six milliards, ce qui est tout à fait intenable pour Gaïa, même si nous avions la volonté et la capacité de réduire notre empreinte écologique. Personnellement, je crois qu’il serait sage d’opter pour une population stabilisée d’environ un demi-milliard d’individus, nous aurions alors la liberté d’adopter des modes de vie très différents sans nuire à Gaïa. Au premier abord, cela peut sembler aussi malaisé qu’inacceptable, voire impossible, bien que le XXe siècle ait montré le peu de cas que l’humanité pouvait faire de la vie humaine.
La régulation de la fécondité participe du contrôle démographique, mais la régulation du taux de mortalité n’est pas la moins importante. Là encore, dans les sociétés riches, les gens choisissent volontairement des façons convenables de mourir. Maintenant que la Terre court le danger imminent d’évoluer vers un état chaud et inhospitalier, il semble amoral de s’acharner à vouloir prolonger notre espérance de vie au-delà de sa limite biologique normale.
Si nous voulons continuer d’exister sans craindre les catastrophes naturelles, nous devons dès maintenant soumettre la croissance démographique à de fortes contraintes. En fin de compte, c’est Gaïa, comme toujours, qui opérera la réduction de population et éliminera ceux qui enfreignent ses règles. (texte recomposé à partir de La revanche de Gaïa de James Lovelock)