Françoise Degert : « Pour masquer le véritable responsable de la catastrophe écologique, quelques scientifiques bien vus des néo-conservateurs tels Paul Ehrlich ressortent à chaque fois la responsabilité humaine dans la catastrophe. Humaine seulement, car il ne faut surtout pas mettre en cause la responsabilité du système économique – le capitalisme – , il est hors de question d’en changer. Ce ne sont pas les hommes dans leur ensemble qui détruisent le monde mais le système économique aux mains d’une infime minorité qui détient le pouvoir. Cette idéologie de conservation liée au malthusianisme fonde toute la politique environnementale que nous subissons actuellement… »*
Biosphere : le point de vue écosocialiste véhiculé par Françoise Degert relève de la pensée magique ; supprimons le capitalisme et toutes les tares du système thermo-industriel seront anéanties. Il ne faut pas avoir une connaissance de l’histoire très prononcé pour ne pas se rendre compte que la suppression du capitalisme par la révolution bolchevique n’a fait concrètement qu’empirer l’état de la biosphère. Cela ne veut pas dire que le capitalisme, par sa soif du profit et son appendice, la volonté de croissance, ne sont pas responsables de la situation. Le lauréat récent du prix Veblen, Antonin Pottier, exprime bien l’idée que le capitalisme et l’écologie sont incompatibles. Les calculs de rentabilité des entreprises n’intègrent pas les dégradations écologiques. Pour internaliser ces externalités négatives, l’intervention de l’État et donc nécessaire. Sauf que le capitalisme est plus rapide que les normes, il continue d’innover en provoquant de nouvelles externalités. Pour contrer cet aspect du capitalisme, il nous faut donc un État fort, allergique à la pression des lobbies industriels et adepte du principe de précaution. Si on délimite fortement l’emprise du capital technique sur la nature, à ce moment-là le système juridique d’appropriation du capital devient secondaire. Mais l’Etat n’applique au mieux sa force que si les citoyens sont bien informés et se sentent concernés, cercle vicieux bien connu de la démocratie.
D’autre part le billet de Françoise Degert est trop imprécis. Elle confond dans un premier temps « responsabilité humaine » et surpopulation. Or ses références à Paul Ehrlich et au malthusianisme montre bien qu’il s’agit en réalité de critiquer ceux qui pensent que la forte fécondité humaine est responsable des désastres écologiques… Pourtant les malthusiens peuvent démontrer que la population est un multiplicateur des menaces, les méfaits du capitalisme constituant un autre paramètre, complémentaire. En effet la thèse malthusienne de la surpopulation absolue n’est pas incompatible avec celle de Marx de la surpopulation relative ; l’exclusion dogmatique de l’une ou de l’autre est dommageable à la compréhension du monde actuel. Mais il y a une forte probabilité que Françoise Degert n’a lu ni Marx, ni Malthus. Sa méconnaissance des analyses crédibles est telle qu’elle en arrive même à critiquer le concept d’anthropocène dans son billet : « on nous a récemment servi « l’anthropocène ». Là encore, il s’agit de convaincre l’opinion que l’humanité est tellement responsable de la catastrophe écologique qu’elle a laissé une empreinte géologique sur terre ». Françoise Degert est superficielle, elle emploie des mots sans les connaître, il lui suffit de les aligner à la suite l’un de l’autre. Françoise Degert est même dangereuse, elle voudrait déresponsabiliser l’humanité, pourtant coupable non seulement du réchauffement climatique, de bien d’autres crises et de la disparition de la biodiversité. Personne ne devrait pouvoir contester dans le désastre écologique en cours les responsabilité croisées du natalisme, d’un système économique prédateur, mais aussi du consumérisme forcené du citoyen ordinaire.
Comme disait en substance Coluche « les pauvres ne rêvent que de devenir des riches »
Ce n est pas une question d économie mais de mentalité de rapport à l illusoire possession des choses …
Le jour ou le riche ne sera plus montré comme un modèle enviable mais comme une obscénité un grand pas aura été fait.
Que dire des régimes communistes qui mettaient un point d honneur à » dompter » la nature dans des projets pharaoniques à la gloire du parti, t de la Chine communiste actuelle qui s entends comme larron en foire avec le productivisme capitaliste
Françoise Degert oublie déjà que cette idéologie qu’elle condamne (et qui est condamnable) est une construction humaine. Ce sont donc bien les hommes (certains, pas tous) qui sont responsables de la catastrophe.Cette histoire des » 1% vs 99 % » (« le système économique aux mains d’une infime minorité qui détient le pouvoir ») est un leurre.
Serge Halimi a écrit là dessus dans Le Monde Diplomatique ( août 2017 : « le leurre des 99% » )
Dans son livre « La France périphérique » Christophe Guilly écrit : « À bon compte, le bobo peut dénoncer la concentration du capital … les fameux 1% qui contrôle le système. La critique du système par une population intégrée au système renforce sa position de classe … la rhétorique des 1% lui permet d’entretenir l’illusion qu’il appartient aux victimes du système. »
Celui qui veut en savoir un peu plus, peut lire le journal La Décroissance de ce mois-ci. Justement le professeur Foldingue psychanalyse une clien… patiente folle de rage contre le Système, la malheureuse croit elle aussi faire partie des 99%.
Ceci dit le Système est en effet responsable parce qu’il nous a complètement aliénés, il nous a entraînés dans un cercle vicieux dont nous ne pouvons plus nous sortir.
Pour compléter la conclusion de biosphère, personne ne devrait pouvoir contester que « le citoyen ordinaire » est un petit-bourgeois. Et pourtant, que de difficultés pour faire ouvrir les yeux à celui qui ne veut pas voir.