Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population, sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent. Secondement, la quantité d’aliments qui se consomme dans les maisons de travail (Work-houses) diminue d’autant les portions qui sans cela seraient réparties à des membres de la société plus laborieux et plus dignes de récompense. C’est une dure maxime, mais il faut que l’assistance ne soit point exempt de honte. C’est un aiguillon au travail, indispensable pour le bien général de la société. Heureusement, il y a encore chez les paysans quelque répugnance à recourir à l’assistance. C’est un sentiment que les lois sur les pauvres tendent à effacer.
Les lois sur les pauvres, telles qu’elles existent en Angleterre, ont contribué à appauvrir la classe du peuple qui ne vit que de son travail. Il est bien probable d’ailleurs qu’elles ont contribué à faire perdre aux pauvres les vertus de l’ordre et de la frugalité, qui se font remarquer d’une manière si honorable dans la classe de ceux qui font quelque petit commerce ou qui dirigent de petites fermes. Les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but. Pour mettre le pauvre à portée de cette assistance, il a fallu assujettir toute la classe du peuple à un système de règlement vraiment tyrannique. La persécution que les paroisses font éprouver à ceux qu’elles craignent de voir tomber à leur charge, surtout lorsqu’elles se dirigent contre les femmes prêtes à accoucher, sont odieuses et révoltantes. Je suis persuadé que si ces lois n’avaient jamais existé en Angleterre, la somme totale du bonheur eût été plus grande chez le peuple qu’elle ne l’est à présent. Le vice radical de tous les systèmes de cette nature est d’empirer le sort de ceux qui ne sont pas assistés. Le fameux statut de la 43e année d’Élisabeth, qu’on a souvent cité avec admiration, est ainsi conçu : « Les inspecteurs des pauvres, de concert avec les juges de paix, lèveront une taxe sur les habitants de leur paroisse suffisante pour se procurer le lin, le chanvre, la laine, le fil, le fer et les autres articles de manufacture, nécessaires pour donner aux pauvres de l’ouvrage. » Il ne serait pas plus déraisonnable d’ordonner qu’il vienne deux épis de blé partout où jusqu’ici la terre n’en a produit qu’un. On n’insiste point sur la nécessité des efforts constants et bien dirigés pour le bon emploi des capitaux agricoles et commerciaux ; mais on paraît s’attendre à voir ces fonds s’accroître immédiatement à la suite d’un édit du gouvernement abandonné pour exécution à l’ignorance de quelques officiers de paroisse. Rien de plus difficile, rien de moins soumis à la volonté des gouvernements, que l’art de diriger le travail et l’industrie, de manière à obtenir la plus grande quantité de subsistance que la terre puisse produire. Où est l’homme d’État qui osât proposer de prohiber toute nourriture animale, de supprimer l’usage des chevaux, de contraindre le peuple entier à vivre de pommes de terre ? En supposant la possibilité d’une semblable révolution, serait-il convenable de l’opérer ? Surtout si l’on vient à réfléchir que, malgré tous ces règlements forcés, en peu d’années on serait en proie aux besoins auxquels on aurait voulu se soustraire, et avec beaucoup moins de ressources pour y subvenir. Les tentatives qu’on a faites pour employer les pauvres dans de grands établissements de manufactures ont presque toujours échoué. Si quelques paroisses ont pu, par une meilleure administration, persévérer dans ce système, l’effet qui en a résulté a été infailliblement de jeter dans l’inaction plusieurs ouvriers, qui travaillaient dans le même genre sans être à la charge de personne. Soit que les balais sortent de la fabrique des enfants ou de celle de quelques ouvriers indépendants, dit le chevalier Eden, il en s’en vendra jamais plus que le public n’en demande. Pour toutes ces raisons, le règlement de la 43e année d’Élisabeth, envisagé comme une loi permanente, est d’une exécution physiquement impossible. Dire qu’il faudrait fournir de l’ouvrage à tous ceux qui ne demandent qu’à travailler, c’est vraiment dire que les fonds destinés au travail sont infinis ; qu’ils ne sont soumis à aucune variation ; que sans égard aux ressources du pays rapidement ou lentement rétrogrades, le pouvoir de donner de bons salaires à la classe ouvrière doit toujours rester exactement le même. Cette assertion contredit les principes les plus évidents de l’offre et de la demande, et renferme implicitement cette proportion absurde, qu’un territoire limité peut nourrir une population illimitée. Il est inexcusable de promettre sciemment ce qu’il n’est pas possible d’exécuter.
On m’a accusé de proposer une loi pour défendre aux pauvres de se marier. Cela n’est pas vrai. J’ai dit distinctement que si un individu voulait se marier sans avoir une espérance légitime d’être en état d’entretenir sa famille, il devait avoir la plus pleine liberté de le faire ; et toutes les fois que des propositions prohibitives m’ont été suggérées, je les ai toutes fermement réprouvées. Je suis de l’opinion que toute loi positive pour limiter l’âge du mariage serait injuste et immorale. Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines. La raison pour laquelle j’ai hasardé une proposition de cette espèce est la ferme conviction où je suis que ces lois ont décidément fait baisser les salaires des classes ouvrières et ont rendu généralement leur condition plus mauvaise qu’elle n’aurait été, si ces lois n’avaient jamais existé.
Malthus en 1803, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 2 p.66 à 86)
Aujourd’hui encore une partie de l’intelligentsia fait mine de croire qu’il s’agit d’être « anti-pauvres » alors que Malthus pensait au contraire défendre la cause des pauvres. Il croit en une approche qu’on pourrait appeler social-libérale, reposant sur la responsabilité individuelle : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… Si nous négligeons de donner attention à nos premiers intérêts, c’est le comble de la folie et de la déraison d’attendre que le gouvernement en prendra soin… En Angleterre, les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but… Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance… Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent… Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines… »
Le problème se pose aujourd’hui de la même manière : comment aider les enfants déjà nés sans susciter par là même la conception de nouveaux enfants qui eux aussi seront pauvres ? C’est le cercle vicieux de la pauvreté. Un vrai dilemme que la sentimentalité ne suffit pas à résoudre.
Saint Malthus, priez pour lui !
De plus , en sauvant des gens qui tôt ou tard mourront de faim ou pire vu leur faiblesse physique et leur misère, ils se plaisent, ces hypocrites et humanistes de Prisunic , à prolonger les souffrances de ces gens .
Il me semble donc qu’ un malthusien en préconisant une décroissance forte de la natalité , source de misère , est bien plus humain que les membres de ces Organismes Notoirement Gauchsites ONG .
On se souviendra du prince des faux jetons , Kouchner 1er , créateur de MSF et médecin lui-même , portant un sac de riz devant les journaputes en pâmoison : quel homme désintéressé que celui – là . LOL (cet homme gorgé d’ humanisme serait mêlé à des trafics d’ organes au Kosovo .
« L’ intérêt parle toutes sortes de langues, joue toute sorte de personnage , même celui de désintéressé » (La Rochefoucauld)
On a souvent reproché à Malthus ses positions sur les pauvres, mais il faut souligner que son combat était justement d’abolir la pauvreté, quelques-une de ses phrases prises indépendamment du contexte choquent parfois, pour autant il voulait justement ne pas multiplier la pauvreté, plusieurs fois il rappelle le risque de baisse des salaires liées à l’augmentation du nombre de pauvres.
Aujourd’hui encore on pourrait reprocher à bien des ONG luttant contre la faim dans le monde (ce qui est louable) sans se préoccuper de lutte contre la surpopulation de ne faire que remplir le tonneau des danaïdes et au contraire, non de lutter contre la faim, mais de lutter pour que la nécessité de leur propre existence (celle des ONG donc) persiste dans le temps. Une ONG devrait au contraire lutter pour que son combat devienne un jour inutile.
On a souvent reproché à Malthus ses positions sur les pauvres, mais il faut souligner que son combat était justement d’abolir la pauvreté, quelques-une de ses phrases prises indépendamment du contexte choquent parfois, pour autant il voulait justement ne pas multiplier la pauvreté, plusieurs fois il rappelle le risque de baisse des salaires liées à l’augmentation du nombre de pauvres.
Aujourd’hui encore on pourrait reprocher à bien des ONG luttant contre la faim dans le monde (ce qui est louable) sans se préoccuper de lutte contre la surpopulation de ne faire que remplir le tonneau des danaïdes et au contraire, non de lutter contre la faim, mais de lutter pour que la nécessité de leur propre existence (celle des ONG donc) persiste dans le temps. Une ONG devrait au contraire lutter pour que son combat devienne un jour inutile.