S’il fallait résumer la philosophie transhumaniste d’une image, la plus saisissante serait celle-ci : un jour, l’homme ne sera plus un mammifère. Il se libérera de son corps, ne fera plus qu’un avec l’ordinateur et, grâce à l’intelligence artificielle, accédera à l’immortalité. Dans la Silicon Valley, l’idée de l’« homme augmenté » n’effraie personne. Ainsi commence l’article de Corine Lesnes*.
Au milieu du développement, l’inquiétude commence à poindre : « L’idéologie de la Silicon Valley, c’est celle de la toute-puissance, ils veulent être les maîtres du monde » ; « Si l’impact à court terme de l’intelligence artificielle dépend de qui la contrôle, à long terme l’impact est de savoir si elle peut tout simplement être contrôlée. » ; « On nous gardera peut-être comme animaux de compagnie » ; « C’est une course entre le potentiel grandissant de l’Intelligence artificielle et notre sagesse pour le gérer. Tous les investissements sont consacrés à essayer d’augmenter les capacités des machines, et pratiquement rien n’est investi du côté de la sagesse. » ; « On nous vend la technologie comme si c’était un bienfait intégral, mais le résultat pourrait bien être que ce que nous prenons pour des merveilles high-tech soit en fait l’instrument du pouvoir exercé par quelques-uns sur le reste d’entre nous ». La conclusion de Corine Lesnes enfonce le clou : « L’immortalité rêvée par les transhumanistes deviendrait l’apanage des puissants. »
ILS seront immortels et tout puissants, mais cela aurait pour contrepartie l’existence de sous-hommes pour les servir. Ils ne sont déjà même pas capables de faire disparaître les SDF aux portes de leurs bureaux en Californie, et d’ailleurs ils s’en foutent ! Le transhumanisme, c’est quelques gadgets pour riches qui ont peur de vieillir. La réalité pour tous, c’est l’espérance de vie en bonne santé qui recule dans les pays les plus développés ! L’immortalité pensée par les transhumanistes est en fait un fantasme mortifère et égoïste : pour que nos enfants puissent s’accomplir à leur tour, il faut pouvoir leur laisser la place. Ne pas accepter sa finitude, c’est refuser la conscience que notre mort appartient au cycle de la vie et de sa reproduction ! Les transhumanistes pensent aussi que la technologie va sortir l’humanité de l’âge de la pénurie. L’énergie sera illimitée, plus de problèmes de nourriture, etc. Or substituer des solutions techniques à la recherche concrète du bien-être social, c’était déjà le programme des saint-simoniens il y a 200 ans. On attend toujours les résultats ! Certains transhumanistes expriment pourtant des soucis de justice sociale ; là encore, la technologie y pourvoira. « Un Masai muni d’un téléphone portable dispose de plus d’informations aujourd’hui que le président des Etats-Unis il y a quinze ans ». Mais l’interconnexion mondiale par moteur de recherche interposée n’a débouchée que sur la confusion de nos idées et l’appel au Djihad !
Il faut décider de rester dans le monde réel au moment où l’ère de la pénurie d’énergie commence… Un ordinateur sans électricité ne sert plus à rien. Au lieu de vouloir étendre leur puissance virtuelle, les transhumanistes devraient commencer par essayer de vivre tout simplement. Je vais enfiler mes godasses pour aller marcher dans la forêt. Là au moins, je ferai contact entre mon corps et la nature, libéré de cet ordinateur qui m’enchaîne.
* LE MONDE culture&idées du 14 février 2015, fabriquer l’humain de demain
Oui José, c’est exactement cela.
Oui José, c’est exactement cela.
Un bien dérisoire expédient pour essayer de tromper la mort au lieu de l’accepter comme phase incontournable du cycle de la vie. Si incontournable que malgré tous les efforts des transhumanistes, elle les attendra au bout du chemin, sûrement encore plus effrayante. Les pauvres.
Quoiqu’intéressants sur le plan philosophique, tous ces débats sur le transhumanisme nous sembleront bien virtuels dans le cadre d’un effondrement de la civilisation. Le plus puissant ordinateur du monde devient particulièrement inopérant dès lors qu’on débranche la prise. Heureusement d’ailleurs car ce monde promis par les transhumanistes est vraiment glaçant.