assistance au suicide et liberté humaine

Mourir est d’une banalité extrême. Non seulement il nous faut bien mourir un jour, mais l’espèce humaine s’ingénie à hâter notre trépas : victimes directes et collatérales des conflits armés, assassinats en tous genres, accidents du travail, de la route, domestiques, cancers causés par l’environnement que nous avons fabriqués, etc. Dans ce contexte de morts en série, l’art de la mort volontaire devrait tendre au consensus social, interruption volontaire de grossesse et assistance médicale au suicide. Mais si en France l’avortement est légalisé, le droit à l’euthanasie pose encore problème*.

                Le Premier ministre François Fillon n’est pas péremptoire : « Je sais que c’est un débat où aucune conviction n’est indigne (…) Il n’y a pas de débat interdit sur la fin de vie car c’est un débat de nature politique, au sens le plus noble du terme… », mais « à titre personnel, je suis hostile à la légalisation d’une aide active à mourir ». Nous n’insisterons pas sur les médecins qui veulent agrandir leurs unités de soins palliatifs et qui sont donc contre l’euthanasie active. Nous n’insisterons pas sur cet activisme médical qui refuse d’accepter l’échec d’une thérapie et qui consent pourtant à l’acharnement sur un mourant. En Allemagne et en Grande-Bretagne, dit la sociologue Ruth Horn, le patient peut réclamer l’assistance médicale au suicide, acte accompli par l’intéressé lui-même. En France on continue de pratiquer dans le silence des couloirs de la mort une euthanasie passive. Abréger ses souffrances doit-il relever du pouvoir des médecins ou de la libre volonté personnelle ? Nous considérons que mettre un terme à sa vie relève du choix de la personne.

Pratiquons les « directives anticipées », cette possibilité offerte à l’individu de donner des indications concernant ses préférences thérapeutiques lorsqu’il n’est plus en état de les exprimer. Obligatoire en Allemagne, contraignant en Angleterre, c’est seulement un avis consultatif en France. Halte au pouvoir des médecins sur notre vie ! Pour nous, toute euthanasie volontaire est un acte de liberté consciente qui responsabilise l’individu tout en allégeant le poids de l’empreinte humaine sur la biosphère.

* LeMonde du 25 janvier 2011, Nouvelle bataille sur la législation de l’euthanasie.

** LeMonde du 25 janvier 2011, légaliser l’aide active à mourir serait une erreur, estime le premier ministre.