Désormais, à chaque scrutin, les consignes de vote sont au centre des colonnes des journaux. LE MONDE du 10 octobre n’échappe pas à la règle. Ségolène Royal donnera « prochainement » sa consigne de vote pour le second tour de la primaire. François Hollande a écarté l’idée d’un report mécanique des voix d’Arnaud Montebourg, au second tour de la primaire, en faveur de Martine Aubry, ça l’arrange : « Les additions de score ne fonctionnent pas, les électeurs sont libres ». Cela n’empêche pas Manuel Valls d’appeller à voter Hollande. Aubry et Hollande se lancent donc dans la course aux ralliements pour le 16 octobre. Exception, Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position avec 17 % des voix, ne va pas appeler ses électeurs à voter pour un candidat, car « ses électeurs ne lui appartiennent pas ». Mais il a le malheur d’ajouter qu’il pourrait se prononcer à titre personnel pour l’un des deux candidats !!
Cette ingérence des apparatchiks dans les consciences des électeurs s’est répandue au sein de tous les partis et dans les colonnes des médias sans que personne ne trouve à redire. Mais alors, à quoi servent les isoloirs ? A rien ! Dominique Strauss-Kahn, après avoir mis le 9 octobre son bulletin dans l’urne des primaires socialistes, confie à un journaliste : « Ce n’est un secret pour personne, j’ai voté pour Martine Aubry ». Le problème, c’est que les votes des apparatchiks ou leurs consignes de vote ont une certaine influence. La consigne de vote, inventée par le Parti communiste dans les années 20, est devenue une pathologie française. Au parti socialiste, on aime pratiquer cette forme de viol des consciences et la vie des fédérations est emplie de ces votes programmés par les personnalités du coin. A l’UMP, c’est pire : ils ont paraît-il un candidat « naturel » ; tous les pontes inféodés prétendent contre l’évidence qu’il n’y a pas d’alternative à Sarkozy. Donc il n’y a pas d’alternative !
Ce n’est pas ainsi que la démocratie doit fonctionner. Rien à cirer des consignes de vote. Ce procédé infantilisant consiste à indiquer aux électeurs quel est le vrai et bon candidat. Foutaises, le nom d’un éligible n’a jamais été un programme. Soyons plus précis. Le secret du vote est constitutionnalisé en France depuis 1795. Louis Napoléon Bonaparte tenta d’abolir cette mesure lors du plébiscite de 1851 : un régime autoritaire veut savoir pour qui nous voulons voter. C’est pourquoi l’isoloir est instauré en Australie en 1857. En France, il faut attendre 1913 pour que la loi du 29 juillet introduise l’enveloppe, l’isoloir et le dépôt dans l’urne par l’électeur lui-même. La consigne de vote, ou expression publique de son choix et appel à suivre, va à l’encontre du secret du vote et de la démocratie. Car nous ne devrions jamais voter pour une personne, même soutenue par beaucoup de personnalités, mais pour des idées. Quelles idées véhiculent Martine Aubry ou François Hollande, c’est de cela seulement que nous devrions parler dans le débat public
Le seul projet politique qui compte pour notre avenir, c’est celui qui pourrait faire face à l’urgence écologique : déplétion pétrolière, déperdition des sols arables, réchauffement climatique, extinction des espèces, etc. C’est là un problème national, européen et même mondial qui devrait mobiliser autant les instances internationales que modifier le comportement de chacun. Ni François Hollande, ni Martine Aubry ne sont porteurs de cette vision, seule digne d’un(e) président(e) de la République au XXIe siècle.
Bonjour à tous,
Demain, je voterais deux fois…
J’ai voté Montebourg au premier tour (une seule fois, hélas).
Demain, je voterais pour Aubry – et je voterais contre Hollande.
Les différences de fond Aubry-Hollande – pas des différences de style ou de deuxième ordre – sont trop importantes pour nous, pour nos enfants, pour notre planète, pour une société mieux vivable et plus responsable – pour qu’on les passe sous silence ; des différences énormes
– sur l’éducation
sur l’égalité hommes-femmes
– sur l’écologie, l’environnement, la révolution verte
– sur le contrôle effectif des banques
– sur la taxation de la spéculation financière
– sur la juste régulation de l’économie et l’équité du commerce
– sur l’accès à la santé et aux soins pour tous
– sur la politique de la ville et de la ruralité, le retour à un service public de proximité
Autre différence énorme, cruciale dans la période actuelle : le rapport à l’action
Hollande concilie, Aubry agit
Hollande conciliabule, Aubry construit
L’un transige, L’autre transforme
Je suis contre Hollande
Rien ne dit qu’Hollande l’emporterait contre Sarkozy : Aubry (plus convaincue, plus combattive, plus convaincante) l’emportera dans la durée, car elle est portée par des convictions précises, argumentées, construites
Et si Hollande l’emportait, devrait-on rire ou pleurer ? 11 ans d’inaction à la tête du parti socialiste augurent de ce qu’il serait (in)capable de faire à la tête d’un pays (il a suffi de 3 ans à Martine Aubry pour rassembler les énergies et construire un vrai programme)
Je suis pour Aubry
pour faire avancer l’équité sociale,
pour une économie équitable et contre la finance irresponsable,
pour rebâtir l’école
pour l’écologie et la planète,
pour l’égalité hommes-femmes,
pour notre pays et bien au-delà : pour un monde plus juste
Demain, je me sentirais bien deux fois :
je voterais contre la soupe de Hollande, aux engagements et aux arguments trop flous
Je voterais utile et équitable, responsable: pour Martine Aubry !
Amitiés citoyennes et planétaires,
Philippe,
papa de deux jeunes enfants
et enseignant-chercheur
Bonjour Laurent Berthod
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu ta visite…
Pour les fanatiques de l’aveuglement, lire notre billet
La catastrophe, c’est Pascal Bruckner !
À Laurent Berthod : C’est très satisfaisant de constater l’étendue de vos connaissances… avec vous au moins pas de risque d’amalgame ni de caricature. Vous avez l’air d’avoir parfaitement saisi les enjeux de la décroissance et on voit très clairement, grâce à la référence que vous citez, que vous ne vous laissez pas impressionner par le spectaculaire médiatique et la provocation.
Heureusement que le système en place possède des alliés comme vous… les ayatollahs verts et les technophobes qui ont si peur du progrès n’ont qu’à bien se tenir !
« Le fanatisme de l’Apocalypse » de Pascal Bruckner, trente troisème meilleure vente aujourd’hui sur Amazon. Votre fin et proche, vous les décroissants qui detestez l’humanité !
Arnaud Montebourg : « Nous avons en face de nous deux candidats issus de la même tradition politique sociale-démocrate qui utilisent les recettes retardataires du passé par rapport à la situation extrêmement grave dans laquelle nous sommes. »
LEMONDE.FR avec AFP | 11.10.11 |
Nos leaders qui savent pour qui il faut voter ne sont en fait que girouettes…
Jean-Marie Le Guen avant la défection de DSK : « Je pense qu’il y a un moment où il ne faut pas qu’Hollande dépasse les limites. Vous imaginez l’été ? Ségolène, François, Martin. On va être ridicule. » Jean-Marie après la défection : « Les orientations politiques, ça compte, mais les personnalités aussi, je rejoins Hollande. »
Pierre Moscovici avant la défection de DSK : « Est-ce que la candidature d’Hollande est opportune ? Les primaires ne sont pas un jeu vidéo ! ». Après la défection, Pierre devient le coordonnateur de campagne d’Hollande.
Qui peut encore faire confiance aux consignes de vote de personnes qui ont tant besoin de leadership, peu importe lequel…