Bloquons la circulation sur la route des vacances

Ceux qui s’organisent pour interrompre la circulation sur une autoroute en créant ainsi un embouteillage monstre sur la route des vacances sont-il des terroristes ? Comment faire comprendre à nos concitoyens qu’en allant se bronzer sur une plage, on émet des gaz à effet de serre qui détraquent le climat ? Comment percevoir concrètement que notre mode de déplacement et notre niveau de vie découle de la destruction de la planète ? Le réchauffement climatique fait des victimes un peu partout dans le monde : la chaleur est un drame quotidien au Japon, la Grèce est ravagée par des incendies meurtriers, chaleur et sécheresse, la Suède suffoque… Sans compter qu’en 2017, au moins 207 défenseurs des droits à la terre et de l’environnement ont été tués, dans vingt-deux pays différents. On assassine des militants alors qu’ils tentaient de protéger leurs domiciles et leurs communautés contre l’extraction minière, l’agrobusiness et d’autres industries destructrices. Les rayons de nos supermarchés sont remplis de produits issus de ce carnage (cf. le rapport « At What Cost » de Global Witness).* Notre civilisation thermo-industrielle fait la guerre à la planète, il nous faut entrer en résistance même si les institutions gouvernementales sont du côté des forces du mal.

PHILÉMON FROG sur lemonde.fr fait preuve de pessimisme : « Les entreprises qui recherchent le profit à tout prix ne craignent pas de dévaster la planète, focalisées sur le court terme, indifférentes à l’état dans lequel elle se trouvera à la fin du siècle. Ce ne sont donc pas quelques humains qui vont les arrêter ! Il faudra un stade de destruction plus visible, plus tangible, dans 25-30 ans, pour que la prise de conscience de l’opinion se transforme en pression sur les gouvernements et que ces entreprises soient mises hors d’état de nuire. » Mais il attaque les entreprises, il ne cite pas notre comportement de consommateur de vitesse et de futilités. Nous sommes tous co-responsables du désastre en cours, nous pouvons modifier le cours des événements en changeant notre comportement, mais nous pouvons aussi nous organiser collectivement

Il suffit à un individu écologiquement conscient de mettre en place, à son domicile ou dans un lieu de son choix, un centre d’information/formation en créant une bibliothèque. Les participants apportent un ou plusieurs livres pour créer rapidement un fonds collectif. A partir de la formation d’un groupe transpartisan, on peut alors au niveau de son territoire proposer une réunion mensuelle. L’ordre du jour débuterait par une courte discussion sur les événements d’actualité pour créer un lien entre les membres du groupe, chacun s’exprimant à tour de rôle. Ensuite on envisagerait les actions possibles, d’abord au niveau individuel : qu’est-ce que je fais personnellement pour avoir un mode de vie écolo. On met aussi en commun son expérience associative ou politique en matière d’environnement. Enfin on s’interroge au niveau collectif sur les actions locales à mener, les sujets d’intervention ne manquent pas. On peut organiser localement des projections de films, ce serait intéressant de pouvoir projeter « Woman at War » par exemple. On peut faire venir des intervenants pour une conférences-débat. On peut même être plus incisif. Pensons à la lutte contre les panneaux publicitaires, contre les projets inutiles locaux, contre les atteintes à la nature près de notre jardin, etc. Le groupe de réflexion se transforme alors en groupe d’action. Nous avons la chance en France de ne pas risquer sa vie, même en faisant des actions illégales d’activisme écolo. Ce n’est pas le cas ailleurs, des militants se font tuer alors que qu’ils veulent simplement protéger la durabilité de nos ressources et la santé de notre environnement… Évitons de partir en vacances au loin, c’est le début de l’activisme !

* LE MONDE du 25 juillet 2018, 2017 année la plus meurtrière pour les défenseurs de l’environnement