effet de serre

interdire de manifester pour le climat… antidémocratique

Comment manifester sans manifester ? Certains s’inclinent devant l’Annulation gouvernementale des mobilisations prévues les 29 novembre et 12 décembre prochains à Paris pour la COP21, d’autres non !

Coalition Climat 21

« Pour pouvoir peser sur les négociations et faire entendre l’urgence climatique, une voix forte de la société civile est essentielle.

Nous travaillons actuellement, au sein de la Coalition Climat 21, à d’autres formes créatives pour mobiliser les citoyens avant, pendant et après la COP21 en toute sécurité.

Aussi, nous nous appuierons sur les mobilisations de la société civile à travers le monde pour faire entendre la voix des citoyens. Près de 57 marches, et plus de 2000 évènements sont prévus pour le weekend du 28 et 29 novembre dans les capitales du monde entier. »

 Retrouvez le communiqué de presse de la Coalition Climat 21 en ligne

Les Amis de la Terre France

Nous ne cédons pas à l’angoisse, tout comme nous n’acceptons pas la « stratégie du choc », qui profite des catastrophes humaines, sociales ou environnementales pour enclencher toutes les régressions, les restrictions des libertés élémentaires et les formes de repli sur soi. Nous appelons à répondre à ces crimes par plus de justice, plus de solidarité, plus de détermination à lutter contre tout ce qui nous empêche de faire ensemble société.

Nous soutenons les grandes mobilisations citoyennes qui se dérouleront à Paris à l’occasion de la COP21, tels que la marche pour le Climat du 29 novembre, le Sommet Citoyen pour le Climat dont le Village Mondial des Alternatives du 5 et 6 décembre, et la mobilisation du 12 décembre. Elles sont un moyen essentiel pour inverser le cours des choses et de vaincre le fatalisme. Elles démontrent qu’un autre monde est en train de voir le jour. Une dynamique dont les forces, constituées de citoyen-ne-s du monde entier, agissent pour préserver nos biens communs, et construire un monde plus juste, durable et solidaire. Elles travaillent à ce que nous avons en partage et qui nous relie.

Signer l’appel en ligne.

Les Désobéissant(e)s

Le président de la République et son gouvernement viennent de décider d’interdire la Marche mondiale pour le climat du 29 novembre et les mobilisations prévues le 12 décembre à Paris. Nous refusons la stratégie du choc qui consiste à utiliser les attentats tragiques de ce vendredi 13 novembre pour restreindre les libertés. Nous sommes des centaines de milliers de personnes à avoir prévu de nous rassembler le dimanche 29 Novembre 2015  place de la République, pour exprimer l’urgence de nous attaquer aux causes du dérèglement climatique, l’urgence de préserver nos biens communs et de construire un monde plus juste et plus durable.

Nous venons de payer le prix du sang parce que notre dépendance au pétrole, qui produit justement le réchauffement climatique, a plus que jamais besoin de la guerre pour maintenir son approvisionnement en pétrole bon marché. Et que la guerre, en semant le désespoir, alimente la haine et finalement le terrorisme, jusqu’au coeur de nos villes.

Nous appelons à refuser la suspension de l’état de droit que constitue l’état d’urgence et à venir manifester le 29 novembre à midi place de la République, pour la justice climatique, la transition écologique et les alternatives au capitalisme.

Nous appelons chacune et chacun à venir ce jour-là, dans le calme, sans haine et sans violence, conscient des risques certes, mais présent parce que le risque est plus grand de ne pas nous manifester :  combien de sécheresses, d’inondations, de famines, de guerres, combien de millions de victimes pouvons-nous éviter si nous affirmons la voix des citoyens du monde entier ?

On lâche rien !

www.desobeir.net

Rejoindre l’événement sur Facebook

Greenpeace

Les autorités françaises ont annoncé qu’elles n’étaient pas en mesure d’assurer la sécurité des manifestations publiques, notamment les marches du 28/29 novembre et la mobilisation du 12 décembre, prévues par la société civile en dehors des enceintes de la négociation. De fait, elles sont donc interdites. Nous comprenons ces préoccupations au vu des circonstances actuelles et nous rangeons derrière cette décision.

Pour autant, nous continuerons à agir et mobiliser pendant cette COP, avec des voies inventives. D’abord en défendant nos solutions pour le climat au sein des négociations où nous serons présents pour amener un droit de regard citoyen au sein de la discussion, décrypter les enjeux auprès des médias et porter nos demandes. Chaque jour, nous vous enverrons notre analyse grâce à la Gazette de la COP, à laquelle vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire (ici).

Par ailleurs, dans les tout prochains jours, nous vous proposerons également de vous mobiliser en ligne à nos côtés à travers une plateforme innovante qui vous permettra de porter vos messages pour la marche mondiale pour le Climat du 29 novembre et participer à la construction d’un mouvement international pour la justice climatique.

Rendez-vous sur www.march4me.org , dès le 25 novembre.

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14ème conférence sur le climat, tout était déjà dit

Bientôt la 21ème conférence sur la climat à Paris en décembre 2015. Il y a une conférence dite des parties (COP) chaque année, donc 21 années de négociations internationales pour rien. Déjà lors de 14ème conférence sur le climat, tout était déjà dit. Lire ci-dessous. On n’a rien fait depuis.

Hervé Kempf : C’est la première fois qu’une négociation internationale (en 2008) se fixe l’objectif de réduction d’un paramètre économique. Le protocole de Kyoto prévoit en effet pour les pays industrialisés une réduction de 5 % des émissions de gaz à effet de serre. Pour les Etats qui ont ratifié ce protocole, cela représente un engagement juridique fort car réduire les gaz à effet de serre implique de changer radicalement les activités de production et de consommation dans le sens d’une diminution. L’évolution des esprits a été très rapide depuis la conférence de Rio en 1992, qui a adopté la Convention sur le changement climatique d’où est issu le protocole de Kyoto. Une autre idée avance aussi vigoureusement : celle d’une logique de partage, selon laquelle les pays riches doivent diminuer davantage leurs émissions que les pays pauvres.

Paul Lannoye : L’indigence du protocole de Kyoto est inscrite dans la logique de marché et de libre-échange : en permettant aux pays riches industrialisés d’acheter des quotas de réduction d’émissions polluantes à d’autres nations, le mécanisme de développement « propre » a largement contribué à décrédibiliser la volonté réelle d’agir. Continuer à promouvoir la croissance et le libre-échange généralisé tout en prétendant œuvrer contre le réchauffement du climat relève de la mystification. Ces conférences internationales, en tentant de faire croire qu’on pourra être plus efficace dans une logique inchangée, se révèlent en fin de compte dangereuses et démobilisatrices. Pour présenter une quelconque utilité, la 14e conférence des Nations unies, à venir, se doit de déboucher sur une remise en cause des règles de l’OMC, préconiser une politique énergétique visant à l’autonomie et instaurer une politique agricole basée sur le principe de la souveraineté alimentaire.

Yves Cochet : Le protocole de Kyoto est important, mais dorénavant il n’est plus suffisant : comment s’adresser efficacement au milliard de personnes qui émettent des gaz à effet de serre ! Par ailleurs, concernant les décisions qui ont été prises à Bali, on ne peut qu’être déçu : il n’y a pas eu réellement d’autres décisions que de se revoir à Copenhague dans deux ans et de se dire qu’à partir de 2012, il faudra être vraiment sérieux. C’est une dentelle diplomatique qui n’est pas à la hauteur des enjeux. Nous avons tellement déréglé tous les cycles naturels du carbone, de l’eau, de l’azote, que la biosphère s’emballe et dépasse les humains. Je propose donc que l’on s’adresse aussi aux producteurs de carbone. Cela réduit considérablement la cible à convaincre : il y a assez peu de producteurs de pétrole. Limitons l’offre de pétrole puisqu’on ne peut maîtriser rapidement la demande.
(mensuel La Décroissance, mars 2008)

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Le climat dépend des êtres vivants, cela nous intéresse

« Je m’attendrais plus à voir une chèvre occuper avec succès un poste de jardiner qu’à voir les humains devenir des intendants responsables de la Terre. (James Lovelock) » Pourquoi cette amusante comparaison nous semble pertinente ? Parce que nous n’avons pas conscience culturellement de notre intégration profonde au tissu du vivant. Voici deux explications complémentaires :

Ghislain Nicaise : « Dans le déluge d’informations qui accompagne la tenue de la COP21 à paris, je crois que la plus discrète est e fait la plus importante : le climat dépend des êtres vivants. Pas seulement de l’être vivant turbulent et destructeur Homo sapiens qui brûle le carbone fossile, pas seulement des vaches qui ont l’habitude inopportune de roter du méthane, mais des arbres, des vers de terre, des bactéries et d’un nombre considérable d’autres organismes. Si la vie disparaissait, notre planète deviendrait une fournaise comme la planète Vénus ou au contraire un désert glacé comme la planète Mars. L’oxygène, absent pendant plus de deux milliards d’années, constitue maintenant 21 % des gaz atmosphériques. Les premiers microbes producteurs d’oxygène datent de 3500 milliards d’années. Des procaryotes se sont adaptés à ce gaz toxique et ont formé des associations symbiotiques : les eucaryotes… dont nous faisons partie. Quand la vie eucaryote a conquis les continents après avoir colonisé les mers, le climat est devenu de plus en plus régulé. L’atmosphère qui nous entoure est chimiquement très instable, sa composition n’est constante que par la permanence de flux, provenant essentiellement des organismes vivants. Le CO2 est passé de 10-30 % à l’archéen à 0,03 % de nos jours… »

(postface du livre Le ciel nous tombe sur la tête, Arthaud, 332 pages, 15 euros)

Bruno Latour : « La question est donc celle-ci : pourquoi les questions écologiques ne paraissent pas concerner directement notre identité, ­notre sécurité et nos propriétés ? Ne venez pas me dire que c’est l’importance de la menace ou la distance d’avec nos préoccupations quotidiennes qui font la différence. Nous réagissons en bloc au moindre attentat terroriste, mais que nous soyons l’agent de la sixième extinction des espèces terrestres n’évoque qu’un bâillement désabusé. Non, c’est la réactivité et la sensi­bilité qu’il faut considérer. Collectivement, nous choisissons ce à quoi nous sommes sensibles et à quoi il faut réagir vite. D’ailleurs, à d’autres époques, nous avons été capables de par­tager les souffrances de parfaits étrangers infiniment éloignés de nous, que ce soit par “solidarité prolétarienne”, au nom de la “communion des saints” ou tout simplement par humanité. Non, dans ce cas, tout se passe comme si nous avions décidé de rester insensibles aux réactions d’un certain type d’êtres – ceux qui sont liés, en gros, à l’étrange figure de la matière. Autrement dit, ce qu’il faut comprendre, c’est pourquoi nous ne sommes pas de vrais matérialistes. » (Face à Gaïa , La découverte, 402 page, 23 euros)

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Anthropocène, de l’anthropisation à la géo-ingénierie

En 1885, le congrès international de géologie avait adopté le terme holocène (ère entièrement nouvelle) pour qualifier le cycle à peu près stable de 10 000 ans commencé après la dernière glaciation. Mais c’est oublier les gigantesques bouleversements terrestres d’origine humaine survenus ces deux derniers siècles. C’est pourquoi Paul Joseph Crutzen, Prix Nobel de chimie 1995 reconnu pour se travaux sur l’altération de la couche d’ozone, préfère parler depuis l’année 2000 d’anthropocène, modification de la Biosphère par l’espèce homo sapiens. Cette engeance qui est la notre utilise en effet 50 % des ressources mondiales en eau douce, respire 15 % de l’oxygène de photosynthèse, émet 30 % du dioxyde de carbone, passera de 3,2 milliards d’urbains en 2006 à 9 milliards en 2050. Par son activisme, le climat est bouleversé, la biodiversité est en péril et les ressources s’épuisent.

La bonne option, que Crutzen appelle « mitigation », vise à atténuer considérablement l’influence humaine sur la Biosphère, y compris par un contrôle des populations humaines. Mais Crutzen envisage le pire, une société qui ne change pas ses habitudes (business as usual). Alors il faudrait aller jusqu’au bout des sauts technologiques, mettre en place de la géo-ingénierie pour transformer l’atmosphère et nous protéger du réchauffement climatique. Il faudrait imiter les volcans et envoyer chaque année par fusée des millions de tonnes de soufre dans la stratosphère pour réduire l’entrée des rayons solaires ! D’autres proposent le blanchiment des nuages, la fertilisation du plancton, la capture du gaz carbonique, d’immenses miroirs solaires…en minimisant la complexité de la Biosphère.

Les apprentis sorciers ont encore frappé, ils cherchent avant tout à préserver l’illusion d’une humanité maîtresse des éléments…

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Attac : trois minutes seulement pour sauver le climat

Voici l’intervention faite par Maxime Combes en tant que membre de la coalition Climate Justice Now devant des ministres d’une centaine de pays le 8 novembre 2015.

Mesdames et Messieurs les Ministres, chefs de délégation
Mon nom est Maxime Combes et je m’exprime au nom d’Attac France, en tant que membre de de la coalition internationale Climate Justice Now. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que nous ne sommes pas satisfaits par l’état des négociations et des engagements des Etats jusqu’ici. Trois semaines avant Paris, nous faisons face à une situation relativement claire :
• le mandat que les Etats se sont donnés pour la COP21 est de tout faire pour maintenir le réchauffement climatique mondial sous les 2°C (ou encore moins, en dessous de 1,5°C selon nous) ;
• les contributions nationales (INDCs) nous conduisent sur une trajectoire de 3°C (ou plus), selon les derniers rapports des Nations-Unis et du PNUE.
Le niveau d’ambition des contributions nationales ne sont donc pas en adéquation avec le mandat dont les Etats disposent pour la COP21, et ne sont pas en adéquation avec ce que les populations du monde entier attendent de vous. L’écart entre le réel (les 3°C ou plus) et le souhaitable (les 2°C ou moins) n’est pas un bon point de départ pour aller plus loin, plus tard, comme il est souvent dit. L’écart entre le réel (les 3°C ou plus) et le souhaitable (les 2°C ou moins) est le point de départ pour de nouveaux et plus nombreux crimes climatiques dans le futur, aux quatre coins de la planète. Des crimes climatiques, qu’aucun d’entre vous autour de la table ne peut accepter, j’espère, et qui vont être supportés par les populations les plus démunies qui sont celles qui supportent les plus fortes conséquences du dérèglement climatique.
Nous savons tous que les efforts de réduction d’émissions qui permettraient de ne pas dépasser les 2°C (ou mieux 1,5°C) de réchauffement climatique seront d’autant plus coûteux et plus difficiles s’il n’y a pas de réduction effective et absolue des émissions dès 2020. Or les contributions nationales nous conduisent à un augmentation des émissions mondiales d’au moins 10% d’ici à 2030 par rapport à aujourd’hui, selon l’évaluation de l’ONU, et ce alors que les émissions globales doivent être réduites de 40 à 70% d’ici à 2050 selon le GIEC. Si l’accord de Paris devait accueillir et valider avec bienveillance les actuelles contributions nationales à la fin de la COP21, sans un processus juste et contraignant pour relever le niveau d’ambition, ici à Paris, l’accord de Paris ne serait pas au niveau de l’ambition que les populations attendent de lui.
Nous exigeons donc que cet écart entre le réel (3°C ou plus) et le souhaitable (2°C ou moins) soit refermé, sans utiliser de dangereuses stratégies et technologies, mais en tenant compte des résultats de l’évaluation réalisée par les ONG et syndicats (CSO equity review) qui montrent que la totalité des engagements des pays développés ne sont pas à la hauteur de leur juste part.
Permettez-nous également de nous inquiéter que des entreprises pétrolières et gazières soient désormais intégrées dans l’Agenda de l’Action Lima-Paris, que les gouvernements français et péruviens promeuvent, tout comme l’ONU et l’UNFCCC, ce qui conduit à décrédibiliser l’ensemble du processus de l’Agenda de l’Action Lima-Paris.

A noter :

– nous avions trois minutes pour cette intervention, qui ne couvre donc pas tous les sujets de la négociation – avec les autres ONG nous nous étions partagés les sujets d’intervention et j’étais chargé de dire clairement que les INDCs nous plaçaient sur une trajectoire absolument inacceptable

– parmi les réponses apportées par les ministres présents, nous n’avons rien entendu qui permettent de savoir si les gouvernements des Etats comptent, et comment, revoir leurs engagements de réduction d’émission de manière à revenir sur une trajectoire de 2°C.

Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France (08 novembre 2015)
Il a publié Sortons de l’âge des fossiles ! Manifeste pour la transition, Seuil, coll. Anthropocène et il a co-coordonné Crime Climatique Stop ! L’appel de la société civile, Seuil, Anthropocène.
source : http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/081115/precop-lecart-entre-2-c-et-3-c-sappelle-un-crime-climatique

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Climat : augmenter le prix du pétrole, seule solution ?

Parfois un article médiatisé* pose le doigt là où ça fait mal : « Force est de constater combien il est difficile aux autorités politiques d’un pays consommateur de pétrole d’édicter des règlements contraignants puis de les faire respecter, de fixer de sévères limites d’émission aux entreprises participant à un marché du CO2 ou de lever un impôt CO2 d’un montant significatif… Comment dans ces conditions empêcher un réchauffement climatique désastreux… Souvenons-nous de certains articles parus lorsque le pétrole était à 150 dollars le baril, qui se félicitaient que cette hausse diminuerait les émissions de CO2. Le grand avantage en effet serait de dispenser les autorités politiques des pays consommateurs de l’obligation de prendre des mesures impopulaires. »

Le problème, c’est que l’auteur de l’article, Henri Prévot, espère une entente entre pays exportateurs de pétrole pour limiter leur production et faire ainsi augmenter les prix. Or ces pays n’ont pas les mêmes conceptions stratégiques, l’OPEP reste sous l’influence des demandes américaines et des diktats de Riyad. Le marché est myope, soumis à la rencontre entre une offre et une demande au jour le jour ; il n’indique rien sur l’avenir d’une ressource fossile en voie de disparition et se fout complètement du réchauffement climatique. L’idéologie dominante a toujours considéré que la nature nous fournissait gratuitement les choses et qu’il ne fallait se soucier que de l’activité économique du moment.

Alors puisque nous ne pouvons agir sur l’offre de pétrole, il nous faut agir sur la demande, c’est-à-dire sur nos propres besoins. Je ne peux que relayer auprès de mes lecteurs l’analyse de Jean-Marc Jancovici** : « Agir sur la demande est d’une simplicité biblique : d’abord réduire, ensuite réduire, enfin réduire. Les vrais besoins ne sont pas négociables, mais ils ne sont à l’origine que de 10 % de la consommation humaine. On peut manger des lentilles, dormir sur un simple matelas dans une chambre non chauffée, se laver avec un litre d’eau, remplacer les vacances au Maroc par un séjour à la campagne sous la tente, supprimer du jour au lendemain sa consommation de bœuf. Un pan majeur du plan de sortie de crise concerne donc nos propres comportements. On va devoir se faire à l’idée d’être plus heureux avec moins, et le pouvoir politique doit avoir le courage de le faire comprendre. »

Le pétrole, que la Biosphère a mis plusieurs centaines de millions d’années à constituer, aurait du rester sous terre ; la planète aurait été bien plus paisible que ce que nous subissons, bombardiers, tanks, porte-avions, guerres locales et mondiales…, tous bons consommateurs de pétrole. Mais les conducteurs d’automobiles peuvent-ils comprendre que pour se passer de conflits militaires… et enrayer le réchauffement climatique, il faut aussi se passer de voitures individuelles ?

* LE MONDE éco&entreprise du 12 novembre 2015, Et si la solution était une hausse massive du prix du pétrole ?

** C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde (Seuil, 2009)

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Pierre Rabhi et Al Gore face au réchauffement climatique

Il est intéressant de comparer les deux points de vue, celui de Pierre Rabhi et d’Al Gore. L’un mise sur la sobriété de la consommation, l’autre sur la production d’énergie « propre ». Malheureusement le deuxième point de vue occulte le premier. Dommage !

Pierre Rabhi, le paysan-philosophe de 77 ans, chantre de l’agroécologie, ne se fait guère d’illusion sur l’issue de la COP21* :

LE MONDE : Dans un mois, les dirigeants de 195 pays se penchent sur le futur de la planète. Qu’attendez-vous de la Conférence de Paris sur le climat ?

Pierre Rabhi : Il ne sortira rien de cette énième grand-messe. J’ai du mal à croire que les changements structurels nécessaires y soient actés. Il faut entrer dans une nouvelle ère, celle de la modération : modération de la consommation et de la production. Les Etats vont-ils décider d’arrêter la pêche industrielle et l’agriculture intensive, et ainsi cesser de piller les océans ou la terre ? Ce que je reproche à la COP21, c’est de faire croire que ces discussions permettent de résoudre les problèmes, alors qu’on ne s’attaque pas aux sources des déséquilibres.

Pourtant, mi-octobre, l’organe de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture et le ministre français de l’agriculture ont déclaré que la sécurité alimentaire devait jouer un « rôle central » dans les discussions de la COP21…

Le bio, c’est très bien, mais on peut manger bio et… exploiter son prochain, ce n’est malheureusement pas incompatible. Ce que je veux dire, c’est que tous les beaux mots, bio, COP21… tout cela ne sert à rien si nous ne travaillons pas à une alternative, si l’humain n’entreprend pas un travail d’introspection, car le problème est en nous. Il faut évoluer, quitter le culte d’une croissance indéfinie, du toujours plus, de cette accumulation de biens, qui ferait prétendument notre bonheur. Il faut s’engager dans la puissance de la modération, de la sobriété.

L’organisation Al Gore, The Climate Reality Project, forme des milliers de « leaders » à prendre la parole sur les questions de changement climatique. Immersion :

Ken Berlin, le président du Climate Reality Project, annonce vite l’ambition de ces trois jours : rappeler à quel point le dérèglement climatique est déjà à l’œuvre, créer le sens de l’urgence, expliquer que des solutions existent, et souligner à quel point les énergies propres sont moins chères et bonnes pour l’économie. La présentation d’Al Gore est toujours aussi efficace : une demie-heure durant laquelle défilent des images de catastrophes : ouragans, tempêtes, inondations, sécheresse, effondrement d’infrastructures, etc. « Notre offre alimentaire, notre accès à l’eau, notre santé et nos infrastructures sont en danger ! » Nous écoutons des acteurs locaux engagés des énergies renouvelables, mais aussi Debbie Dooley, membre du Tea Party convaincue par l’énergie solaire. L’approche de la formation reste très centrée sur les solutions de marché et les énergies renouvelables**.

* Le Monde.fr | 28.10.2015, Pierre Rabhi : « La COP21 ne s’attaque pas aux sources des déséquilibres »

** http://placetob.blog.lemonde.fr/2015/10/27/quand-al-gore-forme-au-storytelling-sur-le-climat-nous-ne-sommes-quau-debut-de-notre-futur/

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la question démographique, un tabou pour la COP21

La question démographique est tabou. Il n’est donc pas étonnant que les différentes conférences sur le climat ne se soient jamais penchées sur ce paramètre. Si vous voulez aborder la relation complexe entre démographie et climat, vous pouvez assister à deux conférences-débats en Région Parisienne organisées par l’association « Démographie responsable ». Ce serait une bonne introduction avant la COP21 qui débute à Paris le 30 novembre 2015.

La COP 21 peut-elle éluder

la question démographique ?

Jeudi 19 novembre, 20h30, à Paris :

FIAP Jean Monnet, 30 rue Cabanis, Paris 14ème, Métro Glacière

Conférenciers :

– Yves Cochet Ancien Ministre de l’Environnement

– Denis Garnier Président de Démographie Responsable

– Odon Vallet Professeur à Sciences-po

– Roger Martin Président de Population Matters

– Gérard Charollois Président de Convention vie et Nature

Samedi 21 novembre 2015 – 14 h30, à Suresnes :

Salle multimédia – Esplanade des Courtieux – Suresnes (92)

Depuis la Porte Maillot, bus 244, arrêt De Gaulle

Conférenciers :

– Antoine Waechter Président de « Les Écologistes-MEI »

– Denis Garnier Président de Démographie Responsable

– Michel Sourrouille Écologiste et malthusien

 

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Xavier Montserrat, + 4°C Le climat change… et vous ?

Ce livre écrit par un expert, actuellement directeur du développement durable d’un département, brosse l’ensemble des problématiques liées au changement climatique, y compris dans ses conséquences particulières sur la santé comme le virus Ebola. Très bien documenté, il permet à un lecteur non averti de connaître les différents aspects de ce qui va se transformer bientôt en une « catastrophe monde ». Il est même exceptionnel d’avoir une aussi bonne présentation des COP (conférences internationales sur le climat) et de s’apercevoir qu’en vingt ans nous n’avons pas avancé dans la résolution de la crise climatique. On constate aussi que la notion de réfugiés climatiques n’existe pas actuellement, ce qui montre bien le balbutiement politique face aux conséquences du dérèglement climatique.

Xavier Montserrat parle même d’ère de « transrupture » pour exprimer la nécessité d’une rupture inévitable avec le système actuel pour préserver la planète. Il s’agit de bâtir une civilisation post-carbone et en dernier chapitre les 60 éco-gestes pour agir au quotidien montre bien que nous sommes tous impliqués personnellement dans cette transition. Comme dit l’auteur, « ce basculement doit conduire vers une sobriété généralisée, un mode de vie plus équitable et une recherche d’égalisation des empreintes écologiques. »

Un index et la définition de mots-clés permettent de mieux se situer dans l’ouvrage.

Editions Eyrolles, 218 pages, 16 euros www.eyrolles.com/

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Le Danemark montre l’exemple, il économise du CO2 !

Le Danemark se sent une responsabilité énorme, il va accueillir en 2009 le prochain sommet des Nations unies sur l’environnement. Le Danemark se sent donc extrêmement coupable, ses rejets de gaz à effet de serre ont augmenté de 16 % en 2006. il faut réagir !! Alors le Danemark va motiver ses Danois qui rejettent en moyenne une dizaine de tonnes de gaz carbonique par personne et par an. Un objectif est fixé, réduire les émissions globales de 21 % d’ici à 2012 par rapport au niveau de 1990. Quel programme d’amincissement ?

Manger sans viande une fois par semaine, le steak, c’est du CO2 concentré. Consommer des fruits et des légumes qui n’ont pas parcouru des kilomètres et qui ne sont pas élevé sous serre : ça fera régresser à la fois la consommation d’énergie fossile et les maladies cardio-vasculaires. Renoncer aux sacs plastiques et aux voyages aux antipodes. Bien sûr on assurera la production d’énergie en relançant la construction d’éolienne. La Biosphère se demande ce que va devenir le moral des Danois avec des mesures aussi peu contraignantes…

Le Danemark est quand même courageux puisqu’il se refuse à considérer l’option nucléaire Et il se prépare un petit peu à la pétrole-apocalypse en sachant qu’il ne dispose ni d’hydroélectricité, ni de forêts. Alors, le Danemark comme embryon de modèle à suivre lors du prochain sommet de la Terre ? (article écrit en mai 2007 par Michel Sourrouille)

PS : si on me demande ce qu’a fait la France en 2015 pour montrer l’exemple, je serai bien en peine pour répondre. Peut-être en supprimant l’écotaxe sur les poids lourds  😥

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Mr Pouyanné, faut-il rompre avec les énergies fossiles ?

Dans deux ou trois siècles, on regardera sûrement les patrons des firmes multinationales qui dévastent la nature, asservissent leur main d’œuvre et manipulent les consommateurs comme on regarde aujourd’hui les seigneurs d’ancien régime qui pouvaient faire ce qu’ils voulaient de la vie des serfs : des salauds. Mais comme autrefois, trop peu de gens réagissent contre leur servage. Samedi 7 novembre au matin, c’est seulement 112 militants d’Actions non-violentes (ANV-COP 21) qui ont transformé le siège de Total en « scène de crime ». Le pétrolier français, rebaptisé « serial killer du climat », est accusé d’assassiner la planète. Txetx Etcheverry a essayé de rallier les policiers à leur cause : « Total est en train de tuer la planète, j’espère que vous vous en rendez compte, et nous voulons la sauver, pour vous, vos enfants »… en vain !* Que dire de Patrick Pouyanné, la patron de Total ?

Faut-il rompre avec les énergies fossiles ? C’est le titre énergique du MONDE**. Le climatologue Jean Jouzel répond de façon catégorique : «  Nous avons déjà émis les deux tiers du volume de gaz à effet de serre issus des combustibles fossiles qu’il est possible d’émettre pour rester sous le seuil de 2°C de réchauffement. Il ne nous reste plus que 210 milliards de tonnes de carbone à utiliser, ce qui correspond à vingt années de production au rythme actuel. Ce chiffre nous amène à ne pas exploiter 80 % des réserves facilement accessibles, qui représentent 1500 milliards de tonnes de carbone. » Patrick Pouyanné, spécialité pétrole et gaz, fait semblant de croire que c’est la faute aux copains : « N’oublions pas le charbon qui est pour moi le premier fauteur de troubles, « l’ennemi » en quelque sorte. » Rien dans son discours ne laisse présager la moindre initiative pour laisser gaz et pétrole sous terre, il utilise à merveille la langue de bois : « Je suis conscient que la part du fossile ira en décroissant dans le mix énergétique mondial. C’est une réalité qui va s’imposer à nous, même si j’espère que le charbon décroîtra plus vite. »

LE MONDE ose même la question qui tue : La décroissance est-elle une piste intéressante à explorer ? Patrick Pouyanné fait semblant de ne pas comprendre la question : « L’enthousiasme peut venir si l’on réfléchit à horizon de quinze ou vingt ans. Lorsque Total a investi dans le solaire, certains actionnaires nous ont critiqués. La rentabilité n’est pas immédiate. Il faut être patient. » Patrick Pouyanné est un criminel endurci qui ne sera malheureusement jamais jugé.

* Le Monde.fr | 07.11.2015, Total accusé de « crime contre l’humanité » par des militants écologistes

** LE MONDE éco&entreprise du 7 novembre 2015, entretiens croisés entre Jean Jouzel et Patrick Pouyanné

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Climat : la stupidité du marché carbone

Le prix du quota de dioxyde de carbone a clôturé à 0,88 euro le 21 février 2007 sur le marché Powernext Carbon, l’une des principales plates-formes européennes d’échanges de permis d’émission de gaz à effet de serre. Pour mémoire, il valait entre 8 et 10 euros début 2005, au lancement du marché européen des quotas (un quota correspondant à une tonne de CO2 émis), et avait même atteint 30 euros au printemps 2006. Et selon les spécialistes de ce marché, il y a peu de chances pour qu’il se redresse d’ici la fin de l’année. Certains estiment qui plus est que son prix pourrait tendre rapidement vers zéro. Cet effondrement est une grande déception pour les organisations non gouvernementales (ONG) et pour la Commission européenne. Celle-ci, à l’initiative du marché des quotas de CO2, visait à préparer les industriels européens à respecter les engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Mais, avec un quota à moins d’un euro, les entreprises n’ont aucun intérêt à faire des efforts. Il est vrai que les quotas ne dépendent pas réellement du marché, ils sont déterminés par chaque pays avec approbation nécessaire de la Commission européenne. Des quotas trop laxistes sont à l’origine des déboires actuels.

La Biosphère cherche perpétuellement son niveau d’homéostasie, tout au cours d’un temps géologique bien plus lent que celui du temps humain. Les humains détériorent tellement vite les choses que leurs instruments de régulation n’auront jamais le temps de régler le fond du problème : l’activisme forcené de la société thermo-industrielle. Notre espèce risque fort de passer d’une simplicité volontaire refusée à des restrictions forcées.

Cet article a été écrit le 18 mai 2007… Cinq ans après, qui a entendu parler du marché carbone à l’approche de la COP21 (décembre prochain à Paris) !?

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Climat : la stupidité de la géo-ingénierie

Certains technoscientifiques voudraient doper artificiellement le plancton pour éponger une partie des émissions humaines de gaz à effet de serre. En effet le fer facilite la croissance du phytoplancton, or celui-ci fixe du carbone sous forme organique. Ces micro-algues marines absorbent déjà une quantité annuelle estimée à 60 milliards de tonnes de CO2. Mais l’efficacité d’un épandage de fer a été remise en question par des travaux parus dans la revue Nature (26 avril 2007). Des océanographes ont étudié l’efficacité du piégeage de carbone dans une zone bénéficiant d’une fertilisation en fer naturelle et massive. Les résultats d’une comparaison indiquent que la fertilisation artificielle est 10 à 100 fois moins importante que les processus naturels. Les expériences de fertilisation utilisent simplement du sulfate de fer alors que les formes naturelles sont beaucoup plus complexe et peuvent, par exemple, être liées à des molécules organiques.

De plus pour que le stockage de carbone soit effectif et durable, il est nécessaire que la biomasse produite plonge vers le plancher océanique. Mais certains scientifiques redoutent que cette accumulation de biomasse ne favorise des processus d’appauvrissement en oxygène des eaux profondes. Des bactéries sont alors susceptibles de dégrader les nitrates en protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2 qui subsiste dans l’atmosphère pendant 120 ans. Comme d’habitude, les humains font du bricolage technique, ils ont beaucoup de mal à imiter les processus naturels qui combinent nitrates, phosphates et silicates dans la floraison du plancton.

La société thermo-industrielle simplifie la Nature, elle détruit la biodiversité pour ne sélectionner que les semences agricoles apparemment rentables, sa richesse repose sur les ressources fossiles accumulées par la Biosphère après des millions d’années de travail, ce système ne sait plus trop quoi faire des déchets inhérents à la croissance économique … Il faudra bientôt ré-apprendre la coopération avec les cycles naturels de notre petite planète, cher homo sapiens. (article écrit en mai 2007)

Articles complémentaires :
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/08/31/geo-ingenierie-le-plancton-ne-nous-sauvera-pas/
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/07/19/le-climat-cest-trop-complique-pour-la-geo-ingenierie/

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pétroliers et banquiers, climato-compatibles ?

A la veille de la conférence mondiale sur le climat, organisée du 30 novembre au 11 décembre à Paris, banquiers et industriels font assaut de zèle environnemental, multipliant les annonces pour prouver aux gouvernements et à l’opinion qu’eux aussi prennent leur part dans la lutte contre le réchauffement de la planète.* Tous disent partager l’objectif des Nations unies de maintenir la hausse de la température moyenne du globe sous les 2 °C. Tous ou presque ont la conviction que l’activité humaine en est responsable, ils disent maintenant ne plus être climato-sceptiques. Ils se sont engagés à « optimiser leurs opérations » pour plus d’efficacité énergétique. Ils veulent pousser plus loin la Recherche&Développement pour réduire les rejets de GES dans l’atmosphère, favoriser le déploiement de la capture-stockage du CO2, contribuer à l’accroissement de la part des énergies renouvelables.

Efficacité énergétique, mix énergétique, rien pour dire qu’il va bien falloir un jour ou l’autre se passer complètement des ressources fossiles non renouvelables. Aucune pensée pour la redéfinition de nos besoins en terme de sobriété carbone. Au contraire le lobby carboné postule que le monde a « besoin de plus d’énergie » pour accompagner la croissance économique et démographique. Malheur, « des centaines de millions d’êtres humains n’ont toujours pas accès à l’électricité ». Rien pour une société post-carbone, décroissanciste. Au nom de la compétitivité et du libre marché, ces lobbies se livrent à une « obstruction systématique » pour éviter la mise en place d’un « prix significatif » de la tonne de CO2. Les pétroliers sont accusés par des organisations non gouvernementales d’œuvrer en coulisses pour que rien ne change.

Rappelons ces fortes paroles de Pablo Solon a été négociateur en chef sur le changement climatique au nom de la Bolivie : « Avant les négociateurs (des conférences internationales) étaient des gens qui se préoccupaient d’environnement, maintenant la majeure partie se préoccupe surtout de business. Pour le capital, l’idéal est que les négociations aboutissent à un accord qui ne limite pas le commerce, qui ne limite pas l’extraction de matières premières, qui ne réduise pas le niveau de consommation… Exactement le type d’accord auquel les COP aboutissent ! Tout est laissé à la bonne volonté des pays, et aucun mécanisme ne contraint ou ne sanctionne réellement ceux qui ne respectent pas leur engagements. Les COP n’affectent pas les accords de libre-échange, au contraire ils ouvrent la voie à de nouveaux marchés. »

* LE MONDE ECONOMIE du 17 octobre 2015, Avant la COP21, pétroliers et banquiers s’affichent en vert
** Crime climatique STOP ! L’appel de la société civile
éditions Anthropocène Seuil 2015, 316 pages, 15 euros

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Pour une politique qui agisse sur l’offre de carbone

« Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mieux vaudrait que le carbone reste sous terre. La meilleure façon de concevoir un plan climat serait de s’intéresser aux extracteurs d’énergies fossiles et aux sources de l’offre énergétique, plutôt qu’aux émetteurs et à la demande. Kyoto avait cette ambition folle de contenir les émissions de milliards de personnes, de tous les conducteurs individuels d’automobiles, de toutes les industries mondiales. Par contre dans les pays producteurs, le pétrole est généralement nationalisé, cela reviendrait à ne devoir négocier qu’avec les gouvernements. Nous réduirions ainsi le nombre d’interlocuteurs à convaincre de plusieurs milliards à une douzaine. En se maintenant dans le paradigme de réduction des émissions de gaz à effets de serre par la limitation de la demande, les négociations sont passées à côté du paradigme décisif de la décroissance de l’extraction des ressources fossiles.

Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Du côté de la demande, il y a deux manières de croire que l’on est vertueux : on peut ne pas prendre l’avion, mais il décollera certainement quand même. On peut aussi s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2.

En revanche une mesure réellement effective serait envisageable du côté de l’offre, en réussissant à convaincre un pays producteur comme l’Arabie Saoudite de modérer sa vente. Si elle consentait à ne plus produire que 9 millions de barils par jour, au lieu des 10 habituels, cela constituerait une réduction équivalente d’émissions de gaz à effet de serre. L’offre de pétrole diminuerait, par conséquent, les prix augmenteraient ce qui garantirait un revenu en pétrodollars à peu près équivalent pour l’Arabie Saoudite. Cette mesure alternative aurait prise sur le réel, et c’est ce qui a cruellement manqué à Bali. »

Yves COCHET (texte de 2008)

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Le climat souffre d’un trop plein d’humains… chinois

Enfer et damnation, la Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique en vigueur depuis 1979*. Déjà que les émissions de carbone de la Chine sont les plus importantes au niveau mondial, déjà que son taux de croissance industrielle bat des records depuis des années, on en rajoute aujourd’hui en poussant à la multiplication des poussettes et landaus ! Le 29 octobre 2015, le 5e plénum du comité central du PCC a décidé de passer au laisser-faire nataliste.

Tout ça pour corriger le déséquilibre hommes-femmes (116/100 au sein d’une même génération) alors qu’il ne s’agit là que d’un choix machiste qui résulte d’une éducation sexiste. Mao avait écrit que « la femme est la moitié du ciel », mais l’idée de révolution sociale est aujourd’hui absente des délibérations chinoises. On pense seulement à enrayer le vieillissement de la population sans savoir si dans vingt ans les jeunes qui arriveront plus nombreux sur le marché du travail auront un emploi pour faire vivre leurs ascendants ! Dans un contexte prochain de crise climatique et de pénuries des ressources, c’est plutôt le taux de chômage qui va exploser. Heureusement les couples n’auront l’autorisation qu’à deux enfants. Heureusement, heureusement, beaucoup de couples chinois souhaitent encore pour des raisons financières n’avoir qu’un seul enfant.

La Chine était un des rares exemples de décroissance malthusienne sur une planète surpeuplée. Depuis 1971 la Chine appliquait une politique de contrôle des naissances, à la fois à la campagne (trois enfants maximum) et en ville (deux enfants maximum). En 1979, trois ans après la mort de Mao, on mettait en place une politique de l’enfant unique. Que serait la Chine aujourd’hui sans cette politique, avec 400 à 500 millions de personnes en plus ? Une Inde avec ses bidonvilles grouillants d’une marée humaine. Pourtant certains analystes pensent encore que « la Chine va se retrouver (avec la politique de l’enfant unique) avec une structure de population qui va commencer à devenir défavorable à son économie »**. Comme si l’économie pouvait encore se passer de réfléchir sur les contraintes biophysiques qui encadrent nécessairement nos possibilités de création de richesse ! Sans pétrole, l’économie chinoise s’effondre, et toutes les autres avec. C’est à une société post-carbone qu’il faut se préparer, et moins nous serions nombreux, plus ce serait facile.

* Le Monde.fr avec AFP | 29.10.2015, La Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique

** LE MONDE du 31 octobre 2015, Fin de l’enfant unique en Chine : « Il est peu probable que la fécondité remonte »

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Agrocarburants, cause et non solution à l’effet de serre

La production d’un litre d’agrocarburant peut contribuer à l’effet de serre jusqu’à deux fois plus que la combustion de la même quantité de combustible fossile. C’est ce que démontre Paul Crutzen, prix Nobel de chimie 1995 pour ses travaux sur la dégradation de la couche d’ozone (revue Atmospheric Chemistry and Physics Discussions). Aux grands naïfs que nous sommes, on nous faisait valoir qu’un agrocarburant était neutre pour le climat, on ne relâchait dans l’atmosphère que le carbone préalablement absorbé par la plante. Cette présentation occulte les émissions de protoxyde d’azote (N2O) dues à l’agriculture intensive. Ce gaz issu de la dégradation des engrais contribue 296 fois plus à l’effet de serre que le CO2. Le GIEC estimait le taux de conversion de l’azote des fertilisants en N2O à environ 1 %, aujourd’hui P.Crutzen le situe entre 3 et 5 %. Ainsi la combustion de diesel issu de colza contribue de 1 à 1,7 fois plus au réchauffement que l’utilisation d’une énergie fossile. La seule culture qui aurait un bilan acceptable est la canne à sucre, mais seulement si on ne prend pas en compte la déforestation qui, de son côté, contribue aussi à l’augmentation de l’effet de serre.

Rappelons que sur cette planète, certains brûlent encore des bouses de vache pour faire la cuisine. L’énergie n’est jamais gratuite, elle se vole dans les poches de plus en plus vides de la Biosphère. Les délices de Capoue ont toujours une fin…

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Climat : déjà en 2008 nous n’avions plus le temps !

Selon des chercheurs américains et canadiens, les émissions anthropiques mondiales de CO2 ont augmenté entre 2000 et 2006 au rythme annuel de 3 %, soit bien au dessus du scénario le plus pessimiste du GIEC (LE MONDE du 22 mars 2008). La responsabilité en incombe particulièrement à la Chine qui émet au rythme d’accroissement annuel de 11 %. Le paramètre temps est donc devenu fondamental. Si on voulait obtenir une teneur atmosphérique de 450 ppm (partie par millions) de CO2, il faudrait commencer immédiatement à réduire les émissions mondiale à un rythme de 1,5 % par an. Si l’on différait l’effort de sept ans, il faudrait, pour le même objectif, faire décroître les émissions au rythme de 3 % l’an. En effet, plus le temps passe, plus la température moyenne augmente, moins les océans sont capables d’absorber le CO2. Selon les chercheurs, il ne faut pas seulement chercher à faire décroître les émissions de CO2, il faut donc les éliminer complètement.

Pourtant dans le même temps, Copenhague accorde déjà au Groenland le partage des revenus espérés du pétrole arctique. Certaines estimations placent en effet dans cette zone un quart des réserves mondiales non prouvées en pétrole. Alors le business as usual attend que le réchauffement fasse fondre les glaces de l’Arctique pour produire du pétrole qui accélérera la fonte des glaciers…

Les prévisions climatiques
avec un objectif volontariste : CO2 contenu dans l’atmosphère atmosphérique (450 ppm) ; variation annuelle d’émission de CO2 (- 1,5 %) ; Température prévue (1,5°C à 3,9°)
vers une stabilisation climat : CO2 contenu dans l’atmosphère atmosphérique (550 ppm) ; variation annuelle d’émission de CO2 (- 0,5 %) ; Température prévue (2°C à 5,2°)
au rythme actuel d’émission : CO2 contenu dans l’atmosphère atmosphérique (beaucoup trop) ; variation annuelle d’émission de CO2 (+ 3 %) ; Température prévue (désastre climatique !)

Puisque le temps nous est compté, la Biosphère ne peut qu’espérer un effondrement rapide du système thermo-industriel…

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Qui dit croissance économique dit réchauffement climatique

« Tout le monde parle du réchauffement climatique, mais pour autant il ne s’agit pas d’une prise de conscience, qui serait réjouissante, puisque les responsables politiques et économiques n’intègrent pas cette donnée dans leur stratégie, tant les révulse cette équation implacable : croissance = réchauffement.

Des plus grands Etats aux plus petites communes, la religion est la même : croissance, croissance, croissance ! Quelques exemples. La France veut atteindre le nombre de 100 millions de touristes par an, sans se soucier de l’impact écologique de cette déferlante ; le ministre de l’économie inonde les routes de cars, c’est bon pour Chausson et pour l’emploi, et personne n’a le mauvais goût de se demander si ce choix va dans la bonne direction ; quant au président de la République, il rêve d’un sommet du climat qui assure son triomphe, alors que l’échec est programmé. La croissance telle qu’on la conçoit aujourd’hui est mathématiquement synonyme de réchauffement climatique et d’épuisement des ressources. L’économie n’est évidemment pas en reste, qui voit dans l’effondrement des prix des carburants fossiles – qui est en soi une catastrophe – une merveilleuse opportunité ! C’est extrêmement regrettable parce que chaque année perdue dégrade un peu plus le monde où vivront nos descendants, chaque année perdue prépare les gigantesques migrations climatiques à venir, lorsque la surface des terres habitables de la planète aura diminué tandis que la population aura explosé.

On réalise qu’aucun parti n’a empoigné les problèmes brûlants qui seront les nôtres demain. Autant flatter l’électeur avec les valeurs du passé, qui font encore recette puisque l’électeur n’aime pas les changements de paradigme, surtout s’ils touchent à sa voiture, à son confort et à ses loisirs… En somme, on peut voter pour qui l’on veut, le résultat sera toujours le même. »

( http://www.letemps.ch/opinions/2015/10/13/monde-politique-economique-rechauffement-climatique-existe)

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Huet, les dessous de la cacaphonie climatique

Sylvestre Huet dans son livre* s’interroge entre autres sur la notion d’urgence climatique :

«  Il y a toujours une autre affaire qui semble « plus urgente ». Une guerre à finir ou à commencer, comme en Syrie, en Lybie, au Mali… Une élection à gagner, le pouvoir à conserver ou à conquérir. Autant d’urgences qui ne le sont pas pour les citoyens… mais qui le sont pour nombre de gouvernants. D’auters missions réclament l’action urgente, des emplois à créer, des infrastructures à bâtir ou à rénover… Or la plupart de ces actions urgentes – et jugées nécessaires par la majorité des populations – se traduisent en général par un surcroît d’énergie. Et comme elles sont constituées à 80 % d’énergies fossiles – charbon, gaz et pétrole – cela se traduit par l’émission de dioxyde de carbone.

Du côté du climat à l’inverse, tout semble lent au regard du rythme trépident de la vie quotidienne. Lent car les effets des éventuelles décisions de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre se mesureront en décennies. Changer de système énergétique pour évincer les énergies fossiles, tout cela prend un temps considérable. Cette double inertie, celle du sytème climatique et celle de nos systèmes techniques, expliquent cette lenteur. Elle donne le sentiment qu’il n’y a jamais « urgence » dans le dossier climatique, que l’on peut toujours remettre à plus tard décisions et actions. C’est pourquoi les émissions mondiales de CO2 lies à l’énergie, à la fabrication du ciment et à la déforestation ont atteint 9,7 milliards de tonnes de carbone en 2012. Et l’on peut déjà dire qu’elles atteindront 9,9 milliards en 2013. Pour atteindre des indices de développement humain comparables à celui des Europeéns, il faut consommer environ 7 000 kWh (kilowattheures) par habitant et par an. Le Niger en est à 30 kWh. Cela signifie pas d’école, pas de médecin, pas de travail qualifié, pas de moyens de transport. En France où plus de six millions de personnes sont confrontées au chômage et à la précarité, toute décision « climatique » susceptible d’aggraver leur situation ne sera pas acceptée. « 

Comment Syvestre Huet va-t-il se sortir de cette cacaphonie climatique ? Lisez son livre* pour en savoir plus, c’est pas cher et ça fait du bien (au climat) quand l’info fait du mal (au moral) !

* Les dessous de la cacophonie climatique de Sylvestre Huet (journaliste à Libération)

éditions la ville brûle, 146 pages pour 10 euros

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