Le site* de la convention citoyenne pour le climat vaut le détour. Pratiquer les recommandations qui en émergent mériteraient d’entrer en application tout de suite. Exemples :
- Faire une commission de citoyens tirés au sort qui déciderait de la commercialisation ou non des produits que les entreprises souhaitent vendre, selon leur impact pour la société ;
- Faire calculer à tous les élèves de primaire le bilan carbone de leurs parents et le comparer aux objectifs de 2030 afin de les sensibiliser ;
– Inverser la politique actuelle d’allocations familiales en n’ouvrant des allocations qu’au premier enfant ;
– Interdire de vendre les produits qui nécessitent de brûler de la forêt (exemple cité : soja) ;
- Obliger la vente à emporter de ne vendre que des boissons à verser dans des gourdes ;
– Apprendre aux élèves de l’école primaire à bricoler et réparer les objets ;
- Faire un quota d’achat d’1kg de vêtements neufs par an ;
- Produire soi-même sa nourriture…
Le Canard enchaîné du 15 janvier reprend de son côté d’autres propositions, « instaurer un permis pour manger de la viande » ou « supprimer la publicité de façon pure et simple au moins dans les espaces publics »… Le Canard en profite pour se moquer de nos députés : Nombre de ces idées, même « sans filtre », n’ont aucune chance de se concrétiser. Aucune chance, dans une Assemblée qui vient de voter une distance de sécurité de seulement 5 mètres pour les pesticides d’accepter « Sortir du nucléaire, trop insécuritaire. » En revanche parions que si les citoyens formulaient cette proposition : « Construire 10 EPR pour assurer à la France une énergie décarbonée », elle serait votée à une large majorité macroniste.
Ce que nous venons d’écrire montre deux choses. D’abord que les propositions des 150 citoyens n’ont aucune chance d’aboutir législativement, sauf à être édulcoré de façon à ne plus avoir de signification. Ensuite que la démocratie représentative, qui envoie au parlement des citoyens qui défendent un parti et/ou des intérêts économiques sans se soucier ni de l’intérêt public, ni de la durabilité dans le temps de leurs décisions, est complètement inadaptée à l’urgence écologique. Alors remplacer nos élus au niveau national par des conventions citoyennes semble la première des mesures à prendre pour sortir de la merde où nos émissions de gaz à effet de serre nous mènent…
Le site* de la convention citoyenne pour le climat vaut certainement le détour, cependant je ne pense pas qu’il soit bien utile de s’y attarder. Une ou deux minutes suffisent pour en cerner le contenu.
Par contre je conseille de passer un peu plus de temps sur cette «liste de propositions de mesures concrètes qui pourraient être décidées par la convention citoyenne pour le climat, et qui ne se veut qu’une modeste contribution au débat».
Présentée thème après thème (du 1/4 au 4/4), bien développée, cette liste (qui évidemment pourrait-être rallongée) se trouve sur le blog de Helloat Sylvain (MEDIAPART).
Et maintenant, imaginons une convention avec 150 citoyens de cette envergure …
Michel C, nous sommes allés visiter le blog d’Helloat, nous avons trouvé ses propositions bien timorées : « Interdire le tourisme spatial à tout ressortissant français » alors que c’est tout le tourisme par avion qui devrait être interdit, « interdire (progressivement) l’accès des yachts et des jets privés aux infrastructures françaises » alors que c’est tous les bateaux de plaisance motorisés qui devraient être interdit, « Interdire les avions supersoniques » alors que ça fait longtemps que Concorde a fait la preuve de son inefficience, « Interdire la circulation des limousines » alors que c’est la voiture individuelle qui devrait disparaître.
On soupçonne Helloat d’être un humoriste… volontaire ou involontaire !
https://blogs.mediapart.fr/helloat-sylvain/blog/031019/propositions-pour-la-convention-citoyenne-pour-le-climat-14
Biosphère. Certaines des propositions d’Helloat peuvent nous faire sourire, certes. Mais pas plus que nous font sourire certaines faites par la convention. Bien sûr, nous aimerions voir proposer l’interdiction pure et simple de la pub sous toutes ses formes, et la fermeture des agences de voyages, et des usines d’armement, etc. etc. Seulement, si nous étions réellement en capacité de mesurer les conséquences de telles recommandations (avec ou sans guillemets)… alors peut-être serions-nous, nous aussi, quelque peu timorés.
D’entrée, Helloat précise : «Les propositions énumérées ci-dessous se veulent les plus concrètes possibles (pas de grandes incantations théoriques), applicables à court terme (pas des résultats repoussés à 2050), d’une complexité de mise en oeuvre raisonnable (éviter les « usines à gaz ») [etc.] »
Ce qui veut dire (du moins ce qu’en comprends), que rien ici n’empêche (ou ne devrait empêcher) que ces mesures soient appliquées sur le champ. Qu’il n’y a même pas lieu ici de discuter, de chipoter, de dire «Bonne idée… Oui mais… il faut y réfléchir et patati et patata».
Exemple : «Interdire le tourisme spatial à tout ressortissant français ; Interdire les avions supersoniques». Nous pouvons penser a priori que ces 2 propositions inscrites dans le Thème 3 («question morale») n’engagent pas à grand chose. Seulement je pense que si elles étaient appliquées elles enverraient un signal fort. Comme «Interdire tous les sports mécaniques ; Prohiber toute extension de domaine skiable ; Ne pas déployer la 5G ; Instaurer une consigne de récipients en verre à des formats standardisés » etc. etc.
A la fin du 4/4 (9 janvier 2020) nous trouvons la conclusion. Helloat précise les raisons qui l’ont poussé à écrire ces 4 articles, il laisse entendre les difficultés qu’il semble avoir découvertes lors de cet… «exercice instructif». Et enfin il nous livre ce qu’il espère de tout ça* («espérons que… [et blablabla]»)
* – «tout ça», signifiant cette convention bien sûr, avec toute cette énergie déployée, pour ne pas dire… gaspillée. Mais aussi tout ce qui gravite autour. Son travail à lui, Helloat, par conséquent. Mais aussi tous les articles, tous les commentaires, dont les nôtres, tout le blablabla et tout le cinéma autour et au sujet de cette convention. Et plus généralement du Grand Barnum.
– Faire calculer à tous les élèves de primaire le bilan carbone de leurs parents et le comparer aux objectifs de 2030 afin de les sensibiliser.
– Apprendre aux élèves de l’école primaire à bricoler et réparer les objets.
– Produire soi-même sa nourriture…
– Supprimer la publicité de façon pure et simple au moins dans les espaces publics.
Mis à part ces 4 recommandations je ne vois là rien de bien sérieux. Comme les 3 premières ne mangent pas de pain, elles pourraient être adoptées. Pour ça, il suffit juste de modifier un peu le programme de mathématiques au primaire et de remettre 1 h de travail manuel par semaine au collège. Ce qui permettrait à certains de dire qu’on avance (misère !) Quant à supprimer la pub, ne serait-ce que dans les espaces publics, là non plus il ne faut pas y compter.
Et pour la solution de «remplacer nos élus au niveau national par des conventions citoyennes», je n’y crois pas davantage. Comme dit Didier Barthès : «Les solutions nécessaires sont imprenables».
Si chacun mesurait vraiment les conséquences de toutes ces recommandations (avec ou sans guillemets), je pense que nous serions un peu plus fixés. En attendant, tout ça reste du Barnum.
En fait ces propositions ne seront pas concrètement retenues car elles reviendraient à casser le moteur même de nos sociétés, celui d’une activité économique forte et en croissance.
Les membres de cette commission, comme nous tous, tirent eux-mêmes leur revenus de cette surconsommation qu’ils veulent abattre (sans en avoir toujours conscience) et bien sûr, aucun responsable politique n’ose aller dans ce sens qui, même si c’est nécessaire, donnerait dans un premier temps des résultats terribles : un chômage de masse, une baisse du niveau de vie et une désorganisation de la société (et la fin de tous nos acquis sociaux, santé, éducation, retraites).
« Nous sommes dans la situation de celui que la drogue tuera qu’il continue ou qu’il cesse d’en prendre » disait un grand écologiste : on ne saurait mieux résumer le problème.
Les solutions nécessaires sont imprenables (au pouvoir, aurions-nous d’ailleurs nous-mêmes le courage de les prendre ?) et c’est pour ça que nous ne les prendrons pas et irons à la catastrophe, ce sera le heurt aux limites de la planète qui nous imposera le changement, ce sera très dur.