Stéphane Foucart écrit noir sur blanc ce que nous martelons sur ce blog : la conférence internationale qui aura lieu à Paris en décembre prochain ne débouchera que sur des illusions. En résumé :
« Les responsables politiques ne semblent pas vraiment au fait de la nature de l’effort qu’ils s’engagent à imposer à leurs économies. Ils semblent tout ignorer des mécanismes physiques à l’œuvre dans cette histoire, le plus simple d’entre eux étant que lorsque vous brûlez du pétrole, du charbon ou du gaz, cela produit du CO2… Les derniers mois ont ainsi montré qu’il était possible de s’émouvoir publiquement des risques graves que le réchauffement en cours fait peser sur les conditions de vie de l’espèce humaine, tout en apportant son soutien à la construction d’un nouvel aéroport (Manuel Valls) ou en autorisant la prospection de nouveaux hydrocarbures dans l’Arctique (Barack Obama) ou en France (Ségolène Royal)… L’exécutif européen n’est pas très différent, les pressions des lobbys du gaz et du pétrole ont été couronnées de succès à Bruxelles, avec l’affaiblissement du soutien aux énergies renouvelables en Europe…Si l’on prenait au sérieux la volonté politique affichée de demeurer sous le seuil des 2 °C de réchauffement, alors il serait inévitable qu’une vaste part des combustibles fossiles récupérables ne soient pas extraits. Qu’ils soient laissés dans le sous-sol. Mais s’ils doivent y rester, ce sont autant d’actifs et une grande part de la capitalisation boursière des géants des fossiles qui disparaissent dans le même temps… Ce sont des dizaines, des centaines de milliards de dollars d’actifs qui s’évaporeraient ainsi. Ainsi, en dépit de la campagne pour le « désinvestissement » lancée par la société civile et son relatif succès, nous demeurons collectivement convaincus que tout ce qui peut être sorti du sol et brûlé le sera. »*
Quant à la conclusion désabusée de l’article, captage et séquestration du CO2 comme seule issue de secours, c’est une forme d’écoblanchiment dérisoire : pour 2 collines explosées aux explosifs dans les Appalaches pour en extraire le charbon, j’en explose une troisième pour pouvoir pousser le CO2 sous le tapis… Pour conclure, reprenons cet échange entre deux commentateurs sur lemonde.fr :
– Tignous84 : Vous avez deux forces en opposition. D’un côté, des gens de bon sens qui pensent à l’avenir de leurs enfants et du monde. De l’autre le monde des affaires sans scrupules prêt à brûler le reste des combustibles fossiles de la planète. Les jeux sont faits d’avance.
– Ce n’est pas si simple Tignous84, car les « gens de bon sens » mettent de l’essence dans leur voiture ou du fioul dans leur chaudière : s’il n’y avait pas de clients pour acheter il n’y aurait pas de multinationales. S’il vient, le changement viendra d’en bas, lorsque les « gens de bon sens » commenceront à réduire leur consommation de pétrole, de viande, etc.
* COP21, trois raisons de douter que les promesses seront tenues (LE MONDE du 12-13 octobre 2015)
Soyons réalistes. S’il vient, le changement ne viendra ni d’en haut, ni d’en bas, mais contraint. On parie?