Chaque fois qu’on fait démarrer sa voiture ou qu’on mange un steak, on est responsable de la détérioration climatique. La plupart des dysfonctionnements de la Biosphère résultent d’une multitude d’actes individuels apparemment anodins et infimes, mais qui sont répétés des millions de fois à l’échelle de la planète. Ce n’est donc pas une discussion globale comme la conférence sur le climat à Paris en décembre prochain qui pourra régler ce problème.
La première conférence des signataires du protocole de Kyoto avait débuté le 28 novembre 2005, il y a vingt ans. Il s’agissait de la première décision de décroissance économique dans l’histoire des sociétés industrielles, il fallait en effet diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or diviser les GES par 4 en moyenne mondiale, c’est diviser par deux notre consommation d’énergie, donc notre niveau de vie. Or ce protocole a donné lieu à des stratégies de déni ou d’évitement qui reportent les décisions véritables aux calendes grecques. Après vingt conférences de l’ONU sur le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre sont passées de 38 gigatonnes d’équivalent CO2 en 1990 à près de 50 Gt. Au lieu de corriger cette absence de logique, la COP21 de Paris va l’aggraver et la faire durer jusqu’en 2030. Il n’apparaîtra nulle part qu’il faut arrêter d’extraire les combustibles fossiles présent dans le sous-sol pour réduire les émissions de carbone. Pourtant les études sont très claires : pour limiter le réchauffement en deçà de 2°C, il faut laisser sous terre 80 % des réserves connues de combustibles fossiles d’ici à 2050. Le texte de négociation de l’accord de Paris n’aborde pas du tout cette question. Les négociateurs cherchent seulement à traiter les effets du problèmes, pas à en résoudre les causes.
En fait ces négociations internationales rendent le chaos climatique inévitable. La planète, coincée entre la protection des avantages acquis par les pays développés et les besoins des pays émergents, reste au service de l’appétit inextinguible de croissance économique et donc de dilapidation des ressources fossiles. La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété obligée pour des milliards d’humains, et/ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.