Comprendre l’équation de KAYA avec un blog du MONDE

En résumé : Même si Meadows a récemment réaffirmé qu’il était trop tard pour l’humanité, comprendre l’équation de Kaya, qui permet de dynamiser les rapports entre les composantes d’un écosystème, est primordial pour penser l’avenir. La fameuse équation porte le nom de l’économiste japonais Yoichi Kaya qui propose cette représentation dans son ouvrage Environment, Energy, and Economy : strategies for sustainability paru en 1993. Elle illustre et met en relation l’influence et le poids de l’activité humaine en termes d’émission direct de gaz à effet de serre, sans considérer par ailleurs l’impact de la déforestation ou le fait qu’un océan qui se réchauffe absorbera moins de Co2. En d’autres termes, elle traduit les flux d’émissions de gaz à effet de serre.

CO2 = (CO2 : KWh)  x (KWh : dollars) x (dollars : Population) x Population = CO2

On y trouve d’abord le contenu carbone d’une unité d’énergie, ensuite la quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire, puis la richesse par personne et finalement la taille de la population. Le premier terme de l’équation appelle à réduire les émissions de carbone dans notre production d’énergie. L’indicateur suivant reflète la quantité d’énergie nécessaire à la création d’une unité monétaire : il illustre alors le volume d’énergie requis pour la confection d’un produit ou l’accomplissement d’un service. Imaginer un monde ou la création de valeur monétaire n’est pas uniquement le reflet d’une transformation qui fait appel à une source d’énergie relève du casse tête. Exemple ? Les jardiniers à la pioche ou bien encore les coiffeurs à ciseaux. Que vient faire le pouvoir d’achat (dollars : Population) dans une histoire d’émission de gaz à effet de serre ? Il s’agit de faire face à la réalité : au niveau mondial, une augmentation globale de la richesse par habitant aura mécaniquement – considérant les autres paramètres constants – une conséquence à la hausse sur les émissions de gaz à effet de serre. L’équation de KAYA nous amène donc a repenser jusqu’au partage des richesses. C’est finalement un phénomène fréquemment observé, que celui des personnes aux revenues élevées, sont en mesure d’accéder à une variété d’activité et un certain confort qui leur confie une empreinte écologique au dessus de la moyenne.

Les questions d’éthique viennent aussi à la rencontre du dernier paramètre de l’équation, la population. Dennis Meadows a des mots difficiles à entendre dans sa compréhension de ce paramètre : « Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : la réduction du taux de natalité ou l’accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ?  » Récemment, cette interrogation a été abordée dans un essai collaboratif coordonné par Michel Sourrouille, Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) dont le titre évocateur laisse supposer la position de l’auteur sur cette question au centre de toute réflexion écologique.  Parmi les professeurs, chercheurs on y trouve l’atypique Théophile de Giraud écrivain anti-nataliste dont une intervention (1:16:00) peut-être trouvé suivant ce lien, et l’ancien député européen Yves Cochet qui avait proposé de réduire les allocations familiales à partir du troisième enfant.

Pour être plus complète, la question démographique devrait être abordée au cas par cas quand on regarde le caractère hétérogène de la puissance énergétique disponible -donc indirectement des émissions de gaz à effet de serre- dans le monde.Le Quatari moyen dissipe 30kW, l’Américain 10kW, l’Européen 5kW, le Chinois 2kW, L’indien 0,5kW et le Sénégalais 0,3kW.Spécifiquement pour les émissions de gaz à effet de serre, le cabinet Carbone 4 a créé une application permettant de mettre en pratique l’équation Kaya. Elle permet de supposer l’évolution de la Terre dans un futur plus ou moins lointain en contrôlant l’évolution de chaque ratio. Comme on le voit, chaque facteur est dépendant de la totalité de l’équation et une hypertrophie de l’un des facteurs ne peut être équilibrée que par une diminution radicale d’un autre facteur. Si la population globale de la Terre augmente à raison de 5 % par an, la résilience n’est possible qu’en diminuant à -5 % le PIB par personne par an, l’énergie par PIB de -2 % par an et le contenu Co2 de l’énergie à -1 % par an. D’autres configurations sont possibles, mais toutes impliquent des sacrifices.

Nous l’aurons compris, une discussion point par point n’a de sens que pour sensibiliser la population à une compréhension précise du problème. Chaque paramètre ayant son importance, il faut considérer chacun des facteurs pour atteindre l’objectif de réduction globale d’émission de gaz à effet de serre.

Source : http://lecentiemesinge.blog.lemonde.fr/2014/11/30/kaya/

L’équation de KAYA, une approche globale des émissions de Co2 liées aux activités humaines