Coronavirus : pandémie et sélection naturelle

Le coronavirus pourrait-il servir de sélection naturelle pour l’espèce humain ? Le SARS-CoV-2 est sortie des frontières de la Chine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cache plus son inquiétude. « Ce virus est très dangereux. C’est l’ennemi public numéro un et il n’est pas traité comme tel », s’est alarmé son directeur général*. L’OMS ne parle pas encore de pandémie, mais tout devient possible. Voici quelques pensées sur la sélection naturelle :

sociétés premières : « Les Indiens Pirahãs réagissent à l’hostilité de l’environnement par un stoïcisme implacable est souvent difficile à supporter pour l’hôte. Comme la mort sans soin de la jeune Xaogíoso, au bord de l’eau, tandis qu’elle est en train d’accoucher dans l’indifférence de son entourage. » Cette société première estime que chacun doit affronter par lui-même les épreuves de la vie : c’est une forme de sélection. (LE MONDE du 10 juin 2010, « Le Monde ignoré des Indiens Pirahãs », de Daniel Everett : la langue la plus étrange)

1798, Malthus Thomas Robert : « Tournons maintenant nos regards sur les diverses contrées de l’Amérique. On expose généralement les enfants difformes ; et quelques peuplades du Sud font éprouver le même sort aux enfants dont les mères ne supportent pas bien les peines de la grossesse et le travail de l’enfantement, de peur qu’ils héritent de la faiblesse de leurs mères. C’est à de telles causes qu’il faut attribuer l’exemption remarquable de difformité qu’on observe chez ces sauvages. Et lors même qu’une mère veut élever tous ses enfants sans distinction, la mort en enlève un si grand nombre, par la manière dure dont on les traite, qu’il est à peu près impossible que ceux d’une constitution délicate puissent atteindre l’âge d’homme (…) Ainsi la faible population de l’Amérique répandue sur son vaste territoire n’est qu’un exemple de cette vérité évidente, que les hommes ne peuvent multiplier qu’en proportion de leurs moyens de subsistance. » (Des obstacles à la population dans les nations indigènes de l’Amérique / Malthus, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 1, page 91 à 113))

1871, Charles Darwin : « Chez les sauvages, les individus faibles de corps ou d’esprit sont promptement éliminés, et les survivants se font ordinairement remarquer par leur vigoureux état de santé. Quant à nous, hommes civilisés, nous faisons, au contraire, tous nos efforts pour arrêter la marche de l’élimination ; nous construisons des hôpitaux pour les idiots, les informes et les malades ; nous faisons des lois pour venir en aide aux indigents ; nos médecins déplient toute leur science pour prolonger autant que possible la vie de chacun (p.179)… Comme l’a remarqué M.Galton, si les gens prudents évitent le mariage, pendant que les insouciants se marient, les individus inférieurs de la société tendant à supplanter les individus supérieurs (p.750).  » (La descendance de l’homme – 1871) extraits tirés du livre de Ivo Rens, Entretiens sur l’écologie (de la science au politique)

1926, Jean Rostand : « Nos sociétés donnent la possibilité de survivre et de se reproduire à des milliers d’êtres qui eussent été autrefois implacablement éliminés dès le jeune âge. La diminution de la mortalité infantile, les vaccinations généralisées entraînent un affaiblissement de la résistance moyenne de l’espèce. Il s’ensuit un avilissement progressif de l’espèce. Donc par l’effet de la civilisation, nul progrès à espérer pour l’animal humain, mais une décadence à craindre. » (L’homme, éditions Babelio)

1965, Jean Dorst  : « L’humanité, envisagée comme une population animale, a réussi à se débarrasser de la plupart des freins à sa prolifération au risque non négligeable de multiplier les maladies héréditaires, autrefois éliminées en plus grande proportion par la sélection naturelle. On a parfois tenté de se poser la question : faut-il condamner Pasteur en raison de ses découvertes ? Certes non. Mais l’homme se doit de trouver dans les plus brefs délais, un moyen de contrôler une prolificité exagérée, véritable génocide à l’échelle de la planète. Un premier moyen de régulation est l’émigration. Or cela n’est plus guère possible à l’heure actuelle car toute la planète est strictement compartimentée et coupée de barrières. Un deuxième procédé est l’augmentation du taux de mortalité. Certaines sociétés primitives éliminent les vieillards, tandis que d’autres préconisent l’infanticide. C’est impossible à envisager dans le cas de l’humanité évoluée. Le troisième procédé consiste à une diminution du taux de natalité. Aucune religion, aucune morale et aucun préjugé ne doivent nous en empêcher. Le jour où les peuples se jetteront les uns contre les autres, poussés par des motifs en définitive écologiques, cela serait-il plus hautement moral que d’avoir maintenu les populations humaines en harmonie avec leur milieu ? » « Avant que nature meure de Jean Dorst, éditons Delachaux et Niestlé)

2003, William Stanton : « L’avortement ou l’infanticide sont obligatoires si le fœtus ou le bébé s’avèrent très handicapés (la sélection darwinienne élimine les inaptes). Quand, par l’âge avancé, par un accident ou une maladie, un individu devient plus un poids qu’un bénéfice pour la société, sa vie est humainement arrêtée…  Le plus grand obstacle dans le scénario ayant le plus de chance de succès est probablement (à mon avis) la dévotion inintelligente du monde occidental pour le politiquement correct, les droits humains et le caractère sacré de la vie humaine… Aux sentimentalistes qui ne peuvent pas comprendre le besoin de réduire la population de la Grande-Bretagne de 60 millions à environ 2 millions sur cent cinquante ans, et qui sont outrés par la proposition de remplacement des droits humains par une froide logique, je pourrais répondre : ’Vous avez eu votre temps. » (William Stanton , The Rapid Growth of Human Population 1750-2000 : Histories, Consequences, Issues, Nation by Nation, Multi-Science Publishing, 2003) in Serge Latouche Le pari de la décroissance, Arthème Fayard/Pluriel, 2006, pp. 142-143)

2011, Alain Hervé : « Nous échappons aux régulations naturelles comme les épidémies. Pasteur a conjuré la mortalité infantile naturelle. Il ne savait pas qu’il contribuait ainsi à rompre l’équilibre démographique. Maintenant le milliard d’hommes qui naissent et meurent affamés n’accède plus vraiment à l’état humain, il en reste à un état infra-animal. On peut me traiter d’antihumaniste ; le politiquement correct est devenu une peste intellectuelle… » (Propos recueillis par Michel Sourrouille, chronique de mars 2011 parue sur lemonde.fr)

2015, Didier Barthès : « Aujourd’hui les individus mêmes porteurs de faiblesses physiques notables (n’y voyez pas un jugement moral ou dévalorisant) ne sont plus soumis à la sélection naturelle et donc, du point de vue génétique, peuvent transmettre ces faiblesses à leurs descendants. Ainsi aujourd’hui, l’augmentation du nombre de myopes est liée, certes au mode de vie – on regarde de près plus souvent que de loin désormais dans la vie quotidienne – , mais aussi au fait qu’une forte myopie n’est plus un handicap rédhibitoire comme elle le fut auparavant. Ce qui est vrai pour la myopie l’est pour beaucoup d’autres choses. Beaucoup de mécanismes de défense de l’organisme (ne serait ce que la force physique ou la résistance à certaines maladies) ne constituent plus des avantages et ne sont donc plus sélectionnés. Nous dépendrons de plus en plus de la médecine et de moins en moins de nos propres forces. Le jour où la société ne pourra plus assumer de lourdes charges en matière de soins, il est possible que la vie de beaucoup d’entre nous soit menacée. Je suis bien conscient du caractère dérangeant du point de vue que je défends et je ne suis pas un adversaire de la médecine dont je suis heureux à titre personnel de bénéficier comme chacun d’entre nous. Toutefois cela ne saurait me faire oublier que le problème se pose et que peut-être un jour l’humanité le paiera cher. »( Commentaire posté sur cet article, Mainmise de l’industrie sur nos repas : trop de sucre)

2016, Pierre Jouventin : « Darwin réalisa que les capacités de reproduction des espèces dépassaient très largement le nombre des descendants observés et donc qu’il existait une sélection naturelle qui triait en permanence les êtres vivants, ne laissant se perpétuer que ceux capables de s’adapter à leur milieu physique. Au fil des générations, seuls ceux qui sont parvenus à survivre et à se reproduire ont transmis leur patrimoine héréditaire. Cette sélection fut sans doute particulièrement rapide chez nos ancêtres parce que c’était urgent et vital pendant la délicate période d’adoption à un mode de vie radicalement différent de leurs ancêtres arboricoles. Le cerveau, qui était déjà remarquable par sa taille chez les primates, a été fortement sélectionné pour tripler en moins de deux millions d’années. Avoir une gros cerveau n’est pas nécessairement un avantage pour durer, tout au contraire puisque des plantes, des microbes et des animalcules sans système nerveux sont parvenus à se perpétuer pendant des millions d’années, et qu’ils risquent fort de nous survivre. La solution de l’accroissement du cerveau semble un échec inévitable et prévisible de l’Évolution. Sommes-nous une espèce ratée, pathologique, alors que les autres animaux sont fonctionnels, construits pour durer, avec sans doute moins de cervelle, mais moins d’excès et de démesure, avec peu de culture et beaucoup d’instinct pour éviter de se perdre comme nous dans des idéologies fumeuses ? La sélection s’est-elle un peu relâchée chez Homo sapiens et avons-nous régressé intellectuellement à cause de notre douce vie de civilisé ? C’est en tout cas ce qui est arrivé aux chiens qui ont perdu lors de la domestication un tiers du volume cérébral de leur ancêtre sauvage. Le loup il est vrai doit exploiter toutes ses aptitudes motrices et sensorielles pour survivre. » (L’homme, cet animal raté, aux éditions Libre et solidaire)

* LE MONDE du 23-24 février 2020, La propagation du coronavirus inquiète l’OMS

12 réflexions sur “Coronavirus : pandémie et sélection naturelle”

  1. Que l’intelligence soit une chose difficile à définir, difficile à mesurer, qu’elle mélange des qualités intellectuelles nombreuses variées et si imbriquées que cela la rend encore plus insaisissable ne nous autorise pas à la mettre de côté.
    Notre capacité d’abstraction, notre capacité de réflexion et d’anticipation sont de toute évidence tout à fait exceptionnelles dans le monde. Nous ne serions pas là pour en discuter si tel n’était pas le cas. Et d’ailleurs si tel n’était pas le cas la Terre ne connaîtrait sans doute pas de problème écologique.
    L’intelligence c’est compliqué, au point que même l’espèce qui en dispose peine à la décrire, pour autant c’est une réalité. Qu’un concept soit flou ne conduit pas à l’inexistence de ce qu’il tente de définir.

    1. D’accord avec vous Didier Barthès. Cette chose (si compliquée) que nous nommons «intelligence», et qui nous distingue tellement, existe sans aucun doute. Maintenant, une chose a t-elle nécessairement besoin d’être pensée pour exister ? Le «problème écologique» ne pourrait-il pas exister sans personne pour l’analyser, le discuter etc. ? Certes pas tel qu’il se présente aujourd’hui, pas tel que nous l’avons provoqué etc. La vie ne participe t-elle pas déjà à la dégradation de l’énergie (l’entropie) ?

      1. Oui, par exemple après la chute de la grosse météorite au Yucatan il y a 65 millions d’années, le problème écologique s’est posé (et même assez brutalement). Il existait bien alors que sans doute, personne ne le conceptualisait clairement. Mais cela ne contredit en rien mes propos sur l’existence d’une réalité indépendamment de la conception floue que nous pouvons en avoir.
        Oui bien sûr, la vie participe de l’entropie.

  2. Le coronavirus pourrait il servir de selection naturelle?
    J en doute… pas assez dangereux.
    Le développement de la 5G, les compteurs linky…et toute cette technologie m inquiète bien plus.
    Par contre ce bon vieux coronavirus paralyse l économie et cela ne me déplait pas☺

  3. Bah, le Coronavirus affectent tous les mondialistes qui prennent l’avion ! Bon débarras ! Il y a même 1000 touristes mis en quarantaine en Espagne ! Bref, le virus est déjà chez nous ! Le Coronavirus va nettoyer l’Ile de France, qui s’en plaindra ? Il faut bien refaire de l’espace pour les animaux….

    1. Qu’est-ce que tu attends pour montrer l’exemple et leur faire de la place, aux animaux ?

  4. Didier Barthès

    Je ne puis que renouveler les propos que je tenais il y a 5 ans.
    Il existe une véritable opposition entre les effets de la médecine sur l’individu et ses effets sur la collectivité ou plus exactement sur ses effets sur la collectivité à court terme (favorables) et à long terme (très défavorables).
    Aussi cruel que cela nous paraisse, la sélection naturelle est probablement l’arme la plus efficace pour assurer la durabilité des espèces, cela fait d’ailleurs plusieurs milliards d’années que la vie s’appuie sur ce principe. Ces milliards d’années témoignent du succès de la méthode..
    Que deviendra l’humanité quand elle aura perdu toutes ses défenses naturelles propres pour les avoir sous traitées à la technologie le jour où la technologie ne sera plus là ? Toutes nos qualités physiques (notre vision en particulier qui est sans doute la plus extraordinaire de tout le règne animal, mais aussi notre endurance à la course) ont été sculptées, construites, par cette sélection. Ne l’oublions pas, ne le sous estimons pas, nos descendants pourraient le payer très cher.

    1. Bonjour Didier Barthès. Je partage ce que vous avez écrit là, en 2015. La sélection naturelle joue certainement son rôle dans l’évolution de l’homme, le hasard également. L’espèce humaine se caractérise par sa culture, or celle-ci ne se transmet pas par l’ADN mais par l’apprentissage. La culture peut donc modifier la sélection naturelle.
      Pierre Jouventin pense que l’homme est un «animal râté». C’est possible, mais rien ne le prouve. Personnellement je préfère croire que l’homme est con, ou bête. Tout simplement parce qu’il est jeune. L’homme (le genre Homo) est apparu il n’y a «que» 2,5 millions d’années (Sapiens 300.000 ans). De son côté le loup (Canis Lupus) serait apparut y a environ plus de 51 millions d’années. Selon moi, l’homme (l’Homme) a donc une bonne marge de progression (évolution). Théoriquement … Parce que bien sûr notre espèce peut très bien aussi ne pas dépasser le stade de l’adolescence (l’âge bête, comme on dit), elle ne serait d’ailleurs pas la première. Je pense donc que l’homme a besoin de se prendre une bonne (c’est le cas de le dire) grosse gamelle, une bonne grosse baffe, bien douloureuse, pour comprendre et grandir.
      Vous demandez «Que deviendra l’humanité quand […] ?» La réponse me semble évidente, soit elle évoluera soit elle disparaîtra. Et il me semble aussi évident que ceux qui auront le plus de chances de durer et de tirer notre espèce vers le haut, seront ceux qui auront la meilleure endurance à la course (ceux qui aujourd’hui sont capables de courir pieds nus), ceux qui seront capables de se débrouiller avec 4 clous et un bout de fil de fer, etc. En tous cas pas ces chochottes qui ont besoin de 24° dans leur logement en hiver, la clim en été, la bagnole pour aller acheter le pain à 500 m, le smartphone pour se diriger et ne pas se perdre, etc. Ni ces assistés pas fichus de planter un clou, ni de déboucher un évier etc.

      1. Didier Barthès

        Donc en effet Michel C, nous sommes d’accord, c’est par la sélection naturelle (remise à l’ordre du jour de notre histoire) que nous nous en sortirons. Par contre je suis moins optimiste sur notre marge de progression, je ne crois pas que nous en ayons. D’ailleurs plus rien ne pousse au développement de notre intelligence au delà du stade actuel, ça ne sert à rien au regard de l’évolution, au contraire, l’intelligence d’une espèce la conduit à dominer et cette domination conduit à la destruction des équilibres naturels basés justement sur …. l’équilibre.

        1. Je me méfie beaucoup de cette «intelligence», cette chose que nous ne savons pas définir exactement, mais que nous nous autorisons et appliquons à mesurer. C’est terrible (marrant) ce besoin que nous avons à vouloir tout mesurer, tout quantifier. Faut croire que la connerie humaine est ce qui caractérise le mieux notre soi disant intelligence. 😉

          Optimisme ou pas (quant à notre marge de progression) je pense que nous avons tous besoin de nous raccrocher à quelque chose. L’homme a cette faculté de pouvoir se projeter dans l’avenir, même très lointain, je ne crois pas que mon chien ni les loups etc. se soucient de ça. Bien sûr, sur ce point certains individus se contentent de peu, de seulement quelques années, décennies, se foutent pas mal des générations suivantes (après moi le Déluge) et se contrefoutent de ce que nous réserve l’évolution.
          Sur cette énigme, notre imagination est sans limite et là encore l’éventail est large. Ainsi par exemple, certains se plaisent à imaginer que «les hommes du futur» seront «dotés d’un énorme cerveau, d’un front très haut et d’une intelligence supérieure», d’autres semblent avoir besoin de croire (et même d’espérer) que cette «intelligence supérieure» aura amené notre espèce à cet «homme augmenté», un cyborg bourré de silicium et d’acier, doté d’un Macintosh au dessus des épaules, le tout surmonté d’une GoPro et d’une antenne 5G, bref la grande classe. Rien à voir toutefois avec le Grand Style. D’autres encore semblent prendre plaisir à entretenir l’idée que notre espèce ne saurait tarder à disparaître, certains en arrivant même à conclure «bon débarras !» Raté je ne sais pas, mais l’homme est vraiment un animal très curieux.
          Et d’autres encore (comme moi) se plaisent à croire à «L’homme perfectible», à ce Surhomme dont parlait Nietzsche, disons plus simplement à ce Sapiens enfin digne de ce nom, ou cet Homme avec un grand H. Nous connaissons tous des hommes et des femmes sachant se contenter de peu et n’ayant pas besoin de dominer et de tout écraser pour se sentir exister. Notre espèce a compté et compte encore bon nombre de spécimens représentatifs de cet Homme enfin digne de ce nom. Je vois là la preuve que notre espèce n’est pas si pourrie (ou ratée) que certains prennent plaisir à le croire.

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