Face à la crise environnementale, deux modèles s’opposent souvent : d’un côté, ceux qui croient que l’innovation va tout résoudre, dans une forme de solutionnisme qui fait abstraction des limites planétaires. Et de l’autre, ceux qui veulent en finir avec les technologies, en oubliant que nous sommes collectivement dépendants d’infrastructures et de chaînes logistiques sans lesquelles on ne peut plus survivre. Alexandre Monnin croit qu’un ligne médiane est possible, on peut toujours rêver !
Alexandre Monnin : « Les notions d’autonomie, de vivant ou de vernaculaire ne sont pas suffisantes pour penser la bascule d’un monde à 8 milliards d’individus. Il faut ajouter l’idée de renoncement n’est plus perçu comme un mot repoussoir. Mais nous manquons d’institutions et de dispositifs pour porter démocratiquement les nécessaires arbitrages. Je plaide pour une ligne de crête le renoncement ne doit pas être imposé à la population, mais démocratique ; il faut l’anticiper pour ne pas décider au pied du mur. Nous héritons de tout un tas d’infrastructures – sols pollués, usines désaffectées, centrales à charbon, déchets nucléaires, etc. – dont on ne peut pas maintenir l’activité mais dont il va falloir s’occuper très longtemps. Ce sont des « communs négatifs ».«
Le point de vue des écologistes
« Arrière-plan malthusien ou réactionnaire », dixit Alexandre Monnin ! Encore un prof qui n’a pas lu Malthus et qui l’associe facilement aux réactionnaires alors qu’il reconnaît lui-même que nous avons franchi le cap de 8 milliards d’humains, multitude tellement difficile à faire vire que tous les maux annoncés par Malthus dès 1798 sont présents aujourd’hui : guerres, famines et épidémies.
Pour les « communs négatifs »,sans moyen de financer « démocratiquement » leur gestion à long terme, on les laissera en l’état, pollués et irrécupérables. Notre société thermo-industrielle n’est pas qu’une société de consommation, c’est surtout un machin à produire de déchets en tous genres qui seront donnés avec plaisir aux générations futures. Consommer, c’est surtout consumer.
Quant au mot renoncement, on avait déjà trouvé mieux avec « décroissance » et, plus récemment, « sobriété », mots qu’on peut décliner sur leur versant économique et démographique..
NB : Alexandre Monnin enseigne la « redirection écologique » et vient de publier « Politiser le renoncement » (Divergences, 160 pages, 15 euros).
– « Alexandre Monnin croit qu’une ligne médiane est possible, on peut toujours rêver ! »
Même s’il existe des différences entre rêver et penser, ces deux activités cérébrales ne peuvent être que bénéfiques.
« I have a dream » (Luther King), « J’ai rêvé d’un autre monde » (Téléphone) etc. etc.
Vu que les deux autres ne mènent à rien, si ce n’est à des impasses, et donc nous con damnent à tourner en rond, seuls les abrutis peuvent continuer à pomper dans le vide.
Le philosophe a donc raison de chercher une voie entre les deux, une ligne ou une voie médiane, voire au dessus. De toute façon un philosophe ne résonne pas en mode binaire.
L’autre jour Biosphère nous parlait des contraintes, pour qu’ON puisse mieux parler de l’IVG. Et aujourd’hui il n’est donc pas question de renoncer au renoncement.
Vous suivez, non ?
– «Compte tenu du réchauffement climatique, le renoncement n’est plus perçu comme un mot repoussoir […] Comment faire pour que les renoncements soient politiquement acceptables ? » (Alexandre Monnin)
Je dirais plutôt qu’il ne DEVRAIT plus… être perçu comme un mot repoussoir.
Hier j’ai dit deux mots sur le mot-obus “décroissance“, que j’ai ensuite comparé aux mots softs (politiquement corrects) que sont “post-croissance“ et “acroissance“, et puis deux mots de plus sur les mots doux genre “prospère“ :
Et aujourd’hui c’est pareil : Comment rendre le renoncement désirable ?
Désirable, ou politiquement correct, si ce n’est politiquement acceptable.
That’s The Question ! ( à suivre )
Déjà, vu qu’ON sait rendre de la merde désirable, je me dis qu’à forces de répétitions etc. ON doit bien pouvoir rendre le renoncement désirable.
Oui mais, explique-moi Papa, c’est doux, c’est soft, c’est douloureux, c’est comment le renoncement ? Eh ben ça dépend.
D’abord, le renoncement… quels renoncements ?
( La contrainte : quelles contraintes ? => article cité 14 Mai 2023 à 9:08 )
On dit que choisir c’est renoncer. C’est d’ailleurs pour ça qu’ON nous a inventé le «et en même temps». Avec ça plus besoin de renoncer. Le beurre, l’argent du beurre, et la belle crémière et en même temps ! Parce que je le veau bien !
On dit aussi que pour choisir il faut être libre. Donc, logiquement, renoncer c’est être libre non ? Quoi qu’il en soit, à quoi puis-je bien renoncer en refusant de choisir entre la peste et le choléra ? Vous suivez, non ? Pas grave, moi non plus. 🙂