En marge de la COP21, l’action de la société civile

La société civile a rencontré quelques figures emblématiques du monde écologique le samedi 5 décembre 2015 dans le cadre de la COP21 (rencontre-débat à Paris- La Villette). Sur écran de fond de scène le titre de la rencontre : C’est possible ! Devant nous des personnes engagées dans l’action :

– Rob Hopkins, cofondateur du mouvement des villes en transition.

– Lamya Essemlali et Paul Watson , écoguerriers des océans représentant l’ONG Sea Sheperd.

– Vandana Shiva, philosophe physicienne, lauréate du prix nobel alternatif.

– Emmanuel Druon, chef d’entreprise pionnier de l’économie circulaire.

L’amphithéâtre de la grande halle de la Villette était comble. On sentait dans l’assistance le poids d’une éthique citoyenne qui s’était faite soufflée par les attentats et les censures de l’état d’urgence. Sans colère exprimée, on entendait la souffrance de cette spoliation démocratique s’ajoutant à la souffrance de voir une nature de plus en plus dégradée. Cela a abouti  à un constat du genre : nous accédons tous individuellement à cette conscience écolo, mais  le temps manque pour pouvoir se relier et être collectivement efficients…  Cela s’est ressenti dans des questions du genre : sur quoi s’appuyer pour ne pas se décourager quand des nouvelles pires qu’avant vont à l’envers de toutes nos initiatives déjà entreprises ? Comment faire pour ne pas avoir le « coup de mou » ?… Nous ressentions une profonde désillusion politique, l’absence de démocratie face aux collusions politico-financières.

Tous les intervenants sus scène ont fait en préalable une brève présentation audiovisuelle de leurs activités. Vandana Shiva fut la première à prendre la parole dénonçant justement cette spoliation démocratique grandissante par le monde des multinationales. Paul Watson mentionnait qu’à partir d’un certain degré d’engagement on ne conditionne plus son action à l’espérance d’un résultat. Du reste, il mentionne plusieurs exemples où l’inespéré a résulté de son inconditionnelle détermination. Il fait notamment allusion à Nelson Mandela devenu président de l’Afrique du Sud, alors que cela eut paru totalement inimaginable alors qu’il était en prison. Lamya Essemlali, aux côtés de Paul Watson dans l’action de Sea Sheperd, raconte son expérience quand elle a fait échapper des dauphins à une mort certaine. Elle mentionne l’importance du travail psychologique à double-sens face à ceux qui tuent ces mammifères marins. Elle évoque combien  la modération de sa propre agressivité était nécessaire pour conduire l’interlocuteur à être moins sanguinaire. Rob Hopkins en tant que parent a évoqué l’importance de préserver ses enfants des souffrances endurées dans le militantisme écologique, et de leur permettre de vivre dans un certain cocon d’innocence avant l’âge responsable. Par ailleurs, son propos s’est beaucoup orienté vers la création de monnaie locale en lien avec le renforcement de l’économie circulaire. Il rappelle que l’initiative de création de monnaie locale fut un droit pris par les citoyens dans un vide juridique absolu. Dans ces circonstances, il était probablement plus question d’audace que de courage mais il y avait incertitude totale quant aux réactions officielles. Ce cheminement a été une réussite puisque par exemple le maire de Bristol touche son salaire en monnaie locale ! Emmanuel Druon donne un autre exemple d’économie circulaire. Dans son entreprise de fabrication d’enveloppes postales, le coût énergétique d’une facture sur papier est moindre que la même chose via Internet !

Qu’attendre de la COP21 ? Mieux vaut pour Paul Watson cette initiative que rien du tout… Pour Rob Hopkhins, cela ne change rien aux initiatives citoyennes déjà prises, nécessaires et qui perdureront avec ou sans les élus. Mais le plus important dans cette soirée touchait cette question récurrente : comment ne pas perdre son courage ? Rob rappelait le fait que lorsqu’on passe d’une action militante à une autre, il fallait célébrer l’action déjà accomplie. Cela revitalise l’énergie collective et préserve mieux les individualités face aux burn out ou coups de blues.

Compte-rendu de Bernard Boisson

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