Fragments de vie, fragment de Terre (histoire à suivre)

Dans une allocution prononcée au tribunal de la Rote, le pape Paul VI a voulu donner un coup d’arrêt aux tendances qui affirment que l’autorité de l’Eglise ne dérive que du consensus de l’ensemble des fidèles (Sud-Ouest du 29 janvier 1971). Les fidèles étaient donc pour le pape l’objet et non pas l’origine de l’autorité. Les croyants restent assujettis. Leur Eglise repose uniquement sur un argument d’autorité ! Aucune démocratie dans ce système bloqué, un pur totalitarisme. Comme on ne peut déterminer l’assise matérielle du divin, les dialogues entre croyants et incroyants sont voués à l’impasse, sans synthèse possible : le raisonnement contre l’acte de foi. Aucun débat sincère et ouvert n’est donc possible avec un véritable croyant. Avec mon père, je n’ai même pas essayé. A 91 ans, il regarde toujours la messe… à la télé vu son âge. Mais cela n’a pas empêché une entente cordiale en famille ; nous savions séparer les croyances individuelles et notre vivre ensemble.

Pour la psychanalyse, la religion serait une névrose obsessionnelle de l’humanité qui dérive des rapports de l’enfant au père ; le père est chargé de la mission répressive, qui impose entre autres un renoncement à la liberté sexuelle, à la liberté tout court. C’était tout à fait mon cas ! L’ennemi était à l’intérieur de ma tête, j’avais intériorisé normes et tabous. Me libérer de la religion, c’était prendre ma liberté d’agir vis-à-vis de l’autorité paternelle. L’image du père occultait ma pensée personnelle, l’image de Dieu sert de mystification à la pensée humaine ; c’est complémentaire. Une fois cette prise de conscience, je pouvais dorénavant cultiver mon athéisme, chercher la raison et le raisonnable, changer ma pensée pour changer la société. L’individu est construit socialement, il est donc obligé pour partie de se conformer à la croyance du moment. Mais les croyances sont fragiles, elles évoluent avec le contexte. Nos normes culturelles bougent parce que certains, au départ en marge et souvent pourchassés, ont posé de nouvelles règles à notre pensée qui s’imposent avec le temps. Après tout, le christianisme n’est que le fait d’une secte qui a réussi… temporairement. Il me fallait abandonner l’idée de dieu pour faire ma révolution copernicienne.

Pour la science, les religions de type anthropocentrique sont depuis longtemps obsolètes. On croyait avec la bible que notre planète était au centre de l’univers, et l’être humain au centre de la Terre. Galilée (né en 1564) utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour observer le relief de la lune et surtout les satellites de Jupiter, démontrant par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le message biblique. Un tribunal de l’Inquisition, dont les membres ont refusé de regarder dans la lunette, l’obligea pourtant à se rétracter en 1633 : « Je jure que j’ai toujours cru, que je crois maintenant, et que, Dieu aidant, je croirai à l’avenir tout ce que tient, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique et apostolique romaine… J’abjure les écrits et propos, erronés et hérétiques, par lesquels j’ai tenu et cru que le soleil était le centre du monde et immobile, et que la Terre n’était pas le centre et qu’elle se mouvait. »  L’Eglise catholique n’a réhabilité Galilée qu’en 1992 ! Pour les gardiens de la foi et des fausses croyances, il faut attendre plus de 350 années pour reconnaître une vérité scientifiquement prouvée… Aujourd’hui nos satellites confirment tous les jours la révolution copernicienne, cette découverte de la libre pensée. Mais la religion reste toujours un obstacle à l’émancipation de l’espèce humaine. (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI