Fukushima et l’impuissance des médias

Pourquoi Fukushima ne nous fera pas réagir vraiment ? A cause de la neutralité mal intentionnée des médias. Comme tout peut se dire et son contraire sur le nucléaire, le progrès technique, l’avenir de la consommation énergétique, le niveau de risques supportables… aucune vision nette de notre futur ne peut en résulter. Ainsi Internet véhicule le chaud et le froid en même temps, par exemple ces quelques commentaires sur lemonde.fr de l’article d’Agnès Sinaï* :

– Je suis absolument en désaccord avec ce ton apocalyptique, il y a même l’expression « fin des temps ».

– Un article d’une rare intelligence !

– Totalement fumeux.

– Terrifiant et lumineux.

– Qui donc a dit « ce qui est excessif est insignifiant » ?

– L’oligarchie économico/politico/médiatique : « Vous inquiétez pas on est vachement meilleur que les Japonais, risque zéro, rendormez-vous… »

Le contenu du Monde du 19 mars cultive la même ambiguïté. Voici quelques titres :

– La puissance du lobby pronucléaire japonais annihile toute velléité de débat (totale collusion entre le METI** et le FEPC***)

– les Etats-Unis doutent des informations fournies.

– Troublante discrétion de l’Organisation mondiale de la santé (inféodée à l’AIEA****)

– Paris décidé à sauver la filière nucléaire française # Nicolas Hulot prend ses distances avec l’atome.

– Une énergie indispensable (un prof d’université vendu au nucléaire)

– Sûreté des installations, notre obsession (Henri Proglio, PDG d’EDF)

– L’EPR français (la bête noire du réseau sorti du nucléaire) est conçu pour « mieux résister » à un accident nucléaire majeur.

– Risque sismique ou terroristes : la France n’est pas à l’abri du danger.

Comment s’y retrouver ? D’autant plus que le gaz et le  charbon bénéficieraient largement d’un rejet de l’énergie nucléaire. Alors, soyons clair. Les générations futures n’auront à leur disposition que des énergies renouvelables. Donc nous ne devrions dès aujourd’hui utiliser que des énergies renouvelables. Il s’agit d’abandonner tout à la fois les filières nucléaires et le pillage des énergies fossiles. Nous sommes en total accord avec Agnès Sinaï : la production de moyens est devenue la fin de l’existence, le volume des objets électro-industriels excède notre capacité de compréhension, les sociétés doivent se ressaisir afin d’inventer des systèmes à taille humaine, résilients et coopératifs.

* LeMonde du 19 mars, Fukushima ou la fin de l’anthropocène (sortir d’urgence de l’inanité de notre mode de croissance)

** METI, Ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie.

*** FEPC, Fédération japonaise des compagnies d’électricité.

**** AIEA, Agence internationale pour l’énergie atomique.