Ecolopop : Le négationnisme écologique se porte bien (lire aussi les aventures de M. Allègre, ancien ministre d’état). De quoi s’agit-il ? Tout simplement, de publier un maximum d’articles et de reportages visant à nier l’évidence du réchauffement climatique avec un objectif ultime : continuer à vendre le maximum de pétrole, pour ramasser un max de dollars. (2007)
environnement.blogs.liberation : « Du négationnisme écologique et autres considérations… Les opposants au principe de précaution prétendent que s’il avait été appliqué dans le passé, il n’y aurait ni aspirine, ni feu, ni progrès, … mais un ramassis d’Homo erectus tapis dans des cavernes. Utilisons le même raisonnement à l’envers : avec le principe de précaution, il n’y aurait eu ni poudre, ni arbalètes (d’ailleurs interdites par le pape Inoccent III pour les guerres entre Chrétiens !), ni bombe atomique… De l’aspirine ou des armes, qu’est-ce qui affiche le plus de victimes au compteur ? » (Laure Noualhat, 2007)
alerte-environnement : Dans une tribune publiée sur le site NouvelObs.com le 26 mai, intitulée « Allègre et l’oxymore gouvernementale », Corinne Lepage dénonce Claude Allègre « qui illustre en France le négationnisme écologique ». La formule choc n’est pas le fruit de la créativité lexicale de la présidente de CAP21, mais de celle d’Alain Lipietz. Chose amusante, ce dernier l’a utilisée le 15 juin 2004 contre un certain Yves Lenoir, accusé alors d’être « négationniste de l’effet de serre ». (2009)
blogs.mediapart : Le négationnisme écologique a été une stratégie pendant de nombreuses années. Il s’est écoulé pas moins de 30 ans entre la publication du Printemps silencieux de Rachel Louise Carson en 1962, et la conférence de Rio sur la biodiversité en 1992. Pendant de nombreuses années, les écologistes, qu’ils soient scientifiques, membres d’association ou de partis politiques étaient vus au mieux comme de sympathiques hippies au pire de dangereux terroristes.(2010)
Valeurs vertes : Le négationnisme est le fait de nier la réalité de l’ampleur du changement climatique et de la crise écologique telle qu’elle a été établie par les connaissances scientifiques. On qualifie traditionnellement de climato-sceptiques ceux qui nient le changement climatique. Il faut aujourd’hui requalifier ce terme par climato-négationnistes. Pourquoi utiliser ce terme de négationnisme à fort contenu politique ? De la même façon que nier le processus d’extermination alors que les faits sont établis et que les historiens les ont parfaitement décrits, est un délit, le négationnisme climatique devrait être lui aussi être dénoncé comme une idéologie anti-science dangereuse. La question du négationnisme touche aussi la biodiversité dont la dégradation est autant préoccupante que celle du climat. Il faudrait donc parler plus généralement de négationnisme écologique, d’éco-négationnisme, c’est-à-dire nier les connaissances scientifiques qui établissent l’ampleur de la crise écologique. (Christian Brodhag, mars 2019)
Reporterre : Question, Le problème n’est-il pas le « négationnisme écologique de l’économie » ? Réponse d’Antonin Pottier : « Je refuse de parler de négationnisme parce que le mot appartient à un contexte historique précis : il ne faut pas le galvauder. En revanche, oui, il y a un oubli — presque parfois par inadvertance — du soubassement écologique des économies développées. On représente souvent l’environnement comme ce qui est autour de l’économie, placée au centre, alors qu’en fait c’est un socle sur lequel les sociétés et l’économie se développent. » (septembre 2016)
Romain Perez : « On ne doit plus pouvoir nier ou minimiser impunément la réalité des changements climatiques, ou la nocivité des intrants chimiques dans l’agriculture. Le négationnisme écologique forme aujourd’hui l’argumentaire principal des intérêts économiques engagés dans les activités les plus hostiles à notre écosystème. Il y a le négationnisme explicite, qui pousse certains politiciens et autres experts, généralement en lien avec ces intérêts, à minimiser ou nier la réalité des dommages environnementaux qu’ils créent. Il y a surtout le négationnisme implicite – le fameux « greenwashing » – qui consiste à maquiller ces dommages à travers des représentations et des messages volontairement trompeurs. De cette manipulation, le consommateur ressort désorienté et les organisations qui œuvrent réellement en faveur de l’environnement en sont pénalisées. Proscrire le négationnisme écologique en le sanctionnant pénalement serait donc une œuvre utile. » (octobre 2019)
Il n’est pas inutile de rappeler que le mot «négationnisme» (=>négationniste) est très récent (1987). Aujourd’hui ce mot est en train de changer de sens. Plus exactement, en plus de ce qu’il est censé désigner initialement, on l’utilise aujourd’hui pour désigner autre chose. Cet autre chose c’est le déni de la réalité écologique.
Valeurs vertes s’en explique et argumente sur l’utilisation de ce mot lourd d’histoire : «Il faudrait donc parler plus généralement de négationnisme écologique, d’éco-négationnisme [etc.]» Oui je veux bien, mais… le mot est toujours là, avec toute sa charge émotionnelle, justifiée ou pas. Et ceci ne peut que perturber la réflexion, surtout en période de grande confusion (grand n’importe quoi). Ainsi Reporterre parle du « négationnisme écologique de l’économie » … Romain Perez parle du « négationnisme implicite » … Ainsi nous risquons de finir par parler de « vrai négationnisme », de « faux négationnisme », voire de « bon négationnisme » etc.
Interrogé par Reporterre, Antonin Pottier dit : «Je refuse de parler de négationnisme parce que le mot appartient à un contexte historique précis : il ne faut pas le galvauder. En revanche, oui, il y a un oubli [etc.] » Je pense exactement la même chose. Pourquoi ce besoin de compliquer les choses, ne sont-elles pas assez compliquées comme ça ? Notre lexique n’est-il pas assez riche pour raconter voire expliquer le monde ? Alors pourquoi ne pas parler, tout simplement… du déni de la réalité écologique ?
Qu’il porte sur la réalité écologique ou sur telle ou telle autre réalité, le déni de réalité (on dit aussi tout simplement « déni ») est un phénomène que nous savons expliquer, du moins suffisamment. Le déni est avant tout un mécanisme d’auto-défense, de survie, face à une réalité impossible à vivre. Si nous devions sanctionner pénalement tous les gens qui sont dans le déni, je crois que ça ferait beaucoup de monde à sanctionner.
Romain Perez préconise de sanctionner seulement le « négationnisme égologique » (en plus du « vrai négationnisme », je suppose) . Mais là encore, dire ça c’est englober plusieurs formes des dénis, là encore c’est simplifier un problème qui est bien plus complexe que ça. Ne serait-ce que sur la question du climat, nous avons climato-sceptique ET climato-sceptique. Et nous ne pouvons pas TOUS les mettre dans le même panier. Comment déjà distinguer le « vrai sceptique » du « faux-sceptique » (fosse septique) ? Autrement dit, comment reconnaître celui qui doute sincèrement, honnêtement, rationnellement etc. et reconnaître le menteur, le manipulateur, celui qui fait semblant de douter etc. etc. ? Là je dirais que c’est relativement facile… mais après, demandons-nous ce qui anime le menteur, le manipulateur, le dit « négationniste » … seraient-ce les dollars seulement ? Finalement, je crois que ce n’est pas aussi simple que ça.
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