L’espèce homo sapiens est ainsi faite qu’elle ne reconnaît pas les limites de la planète et se permet de faire n’importe quoi. Il y a cinquante ans à Nuremberg on a jugé les crimes contre l’humanité, un jour dans le futur on jugera les crimes contre la Biosphère. Pour l’instant les atteintes à environnement se multiplient mais la justice est à la peine. Rappelons que l‘article 2 de la Charte française de l’environnement, à valeur constitutionnelle, précise : « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement. » L’article 1382 du code civil indique à l’heure actuelle que celui dont la faute cause un dommage à autrui est tenu de le réparer. En 2013, 8 159 condamnations ont été prononcées concernant les atteintes à l’environnement. Les procureurs des tribunaux de grande instance et des cours d’appel français ont reçu consigne en avril 2015 d’une plus grande répression des infractions environnementales, « tout particulièrement dans le champ des contentieux communautaires [pollution des eaux d’origine agricole, traitement des eaux résiduaires urbaines, protection des espaces naturels et des espèces menacées, qualité de l’eau, contrôle des pêches, déchets] ». En 2016, il y a eu 14 000 condamnations. En effet 78 000 infractions environnementales ont été constatées, mais seulement 18 % ont fait l’objet de poursuites pénales contre 46 % pour l’ensemble des infractions. Pourtant, le taux d’auteurs « poursuivables » est similaire à celui des autres types d’infractions. Les atteintes à l’environnement sont traitées par la justice comme des infractions mineures, faute, souvent, pour les magistrats, de maîtriser les enjeux et la complexité qui caractérise le vivant.
En matière pénale, les atteintes aux personnes sont traitées en priorité par rapport aux atteintes à l’environnement, ce qui constitue une erreur fondamentale. Les démêlés interhumains ne doivent pas occulter le fait que toutes les atteintes contre notre milieu de vie sont aussi des atteintes contre les personnes présentes (ou à venir), et souvent aussi des atteintes à la biodiversité. Certaines méchantes langues maltraitent les écologistes sur Internet, c’est leur malin plaisir, taper sur un clavier défoule. Ainsi un commentateur sur lemonde.fr ose : « Si les atteintes aux personnes sont davantage sanctionnées, c’est d’abord qu’elles sont jugées plus graves que les atteintes aux milieux. Quelle que soit l’organisation judiciaire, il est sain de respecter cette hiérarchie des normes, n’en déplaise aux anti-humanistes verts. » Nous lui rappelons ce que Claude Lévi-Strauss écrivait il y a plus de 60 ans : « Tout abus commis aux dépens d’une espèce se traduit nécessairement, dans la philosophie indigène, par une diminution de l’espérance de vie des hommes eux-mêmes. Ce sont là des témoignages peut-être naïfs, mais combien efficaces d’un humanisme sagement conçu qui ne commence pas par soi-même mais fait à l’homme une place raisonnable dans la nature au lieu qu’il s’en institue le maître et la saccage sans même avoir égard aux besoins et aux intérêts les plus évidents de ceux qui viendront après lui (…) Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres avant l’amour-propre. » (Tristes tropiques, 1955)
En France, il ne s’agit donc pas de créer des « tribunaux verts », mais des chambres spécifiques au sein des juridictions de droit commun. La spécialisation de magistrats du siège et du parquet permettrait de faire émerger une jurisprudence cohérente et de faire baisser sensiblement le nombre de détérioration de notre mère Nature*.
* LE MONDE du 7 mars 2018, « Les atteintes à l’environnement sont considérées par la justice comme des infractions mineures »
Bien entendu les atteintes à l’environnement sont des délits, voire de véritables crimes dans certains cas, en effet le crime environnemental est une notion juridique récente. Après bien sûr, ne pouvant pas être au four et au moulin, nous revenons sur ce problème de priorités. Pourquoi la justice est-elle à la peine ? Pourquoi la justice traite-elle en priorité les atteintes aux personnes ? Ne serait-ce pas tout simplement par manque de moyens, un trop plein d’affaires qui n’auraient jamais dues finir devant les tribunaux ? Questions à creuser.
Quoi qu’il en soit, pour punir les crimes contre l’environnement une chambre spécifique au sein de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) ainsi qu’un tribunal pénal international de l’environnement sont incontournables. L’idée a été lancée il y a déjà un moment, et là encore la priorité semble être ailleurs.
En attendant la justice s’applique à punir le petit paysan dont la fosse septique n’est pas aux normes, le pêcheur du dimanche qui a attrapé un poisson de trop, le citoyen indélicat qui balance ses déchets dans la nature, ou qui ne tient pas son chien en laisse dans un parc naturel, ou pire qui le laisse crotter sur une pelouse publique, et autres « crimes » environnementaux de ce genre. J’aimerai bien savoir à quoi correspondent exactement ces 78.000 infractions constatées en 2016 et les 14.000 condamnations. Ce rapport de l’ONDRP nous en donne seulement une vague idée.
– » Les atteintes à l’environnement et à la santé publique constatées en 2016″
https://inhesj.fr/sites/default/files/ondrp_files/publications/pdf/Note_24_1.pdf
Un bon signal concernant la fin de l insouciance/ l impunité écologique serait déjà d interdire les courses de tutures et de motos à pétrole .
Pour rappel la France va de nouveau avoir son grand prix de F1 au Castelet en 2018 pour le plus grand bonheur des chaines TV est des annonceurs publicitaires
J aimerais bien connaitre le bilan carbone des 24 H du Mans ou d une course de F1 en comptabilisant les déplacements du public les essais et la course .