Hollande et Sarkozy face à la souffrance animale

J’ai affirmé à ma petite fille de bientôt 6 ans, Zoé, que l’homme était un animal parmi d’autres. Réaction spontanée de Zoé : « Mais papi, les animaux ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas ». Ainsi commence l’anthropocentrisme, l’idée d’une supériorité de la race humaine puisque nous sommes différents, « supérieurs ». Je lui ai appris ce qui ne va pas de soi pour un enfant, par exemple : « La maman dinde a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre à tel endroit. » Plus tard j’ai demandé à Zoé ce que mangeait un veau : « Bien sûr de la viande ! » Je lui ai alors fait trouver par elle-même que le veau buvait le lait de sa mère, comme Zoé quand elle était petite : « Nous sommes des mammifères, comme les vaches. Les femelles ont des glandes mammaires et nourrissent leurs petits de leur lait. » Il y a 4000 espèces de mammifères, dont plusieurs centaines sont aujourd’hui menacées de disparition… par la faute du mammifère humain ! Nous devons abandonner notre anthropocentrisme destructeur pour mieux respecter les autres formes du vivant.

Qu’en pensent les présidentiables Sarkozy et Hollande ? Interrogés par la Fondation 30 millions d’amis sur leurs propositions en matière de protection des animaux, nous avons d’un côté un candidat trop péremptoire et de l’autre un futur président trop prudent ou inaudible. A vous de déterminer qui dit quoi :

« Je refuse d’interdire la chasse à courre, cette très ancienne tradition française, qui entraîne des prélèvements d’animaux très faibles ».

« Des débats sur la chasse à courre sont engagés à l’Assemblée nationale ».

« La corrida est une tradition locale séculaireune réalité que l’Etat se doit de respecter »,

« Je refuse d’interdire les activités des cirques qui contribuent à émerveiller tant d’enfants et à faire découvrir la beauté de nombreuses espèces dont la vision serait, sinon, réservée aux seuls plus aisés d’entre eux ».

« L’animal doit rester un « bien meuble », comme le dit le code civil. Une nouvelle définition créerait une série d’incertitudes juridiques sur les rapports liant l’homme à l’animal ».

«  Oui à une redéfinition « sur le principe », mais je ne suis pas convaincu que l’on puisse aisément s’accorder sur une définition globale de l’animal ».

Pourtant la définition d’un animal est claire : être vivant, généralement capable de se mouvoir, se nourrissant de substances organiques. Un homme, un chien ou un lion sont donc des animaux. Malheureusement pour le code civil français, tous les animaux autres que l’homme sont des « biens meubles ». Un chien est comme une chaise, par contre une femme est une personne. Une proposition de loi déposée, le 3 avril 2012, par le député Jacques Remiller (UMP), demande à ce que les animaux soient reconnus dans le Code civil comme « des êtres vivants doués de sensibilité ». Les présidentiables 2012 n’ont pas eu le courage de reprendre à leur compte cette proposition pour mettre un terme à l’extinction de la biodiversité. Car, ne nous leurrons pas, on peut encore faire tout ce qu’on veut ou presque des « animaux meubles »…

Pour en savoir plus, LE MONDE du 2 mai 2012, En France, les animaux sont encore…des meubles