En 2020 c’est une adolescente, Mila, qui fait débat en postant sur instagram : « Je déteste la religion, (…) le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde. (…) J’ai dit ce que j’en pensais, vous n’allez pas me le faire regretter. Il y a encore des gens qui vont s’exciter, j’en ai clairement rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. » Elle déclenche un torrent de haine alors qu’elle est dans non plein droit de s’exprimer ainsi.
En 2014, Michel Houellebecq déclarait publiquement : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. L’islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. D’une part, parce que Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en rendre compte. À long terme, la vérité triomphe. »
Commentaire : Nous avons inventé la démocratie pour qu’il y ait recherche de la vérité par le débat. Puisque la religion n’est qu’une idéologie parmi d’autres, elle doit pouvoir être critiquée. Aussi pénible que cela puisse être pour les croyants, on doit pouvoir dire ce que l’on veut de la religion, tout en faisant clairement la distinction entre la religion comme idée discutable, et ceux qui la pratiquent. En effet l’injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion est en France poursuivie par la loi.
Lire, Le droit au blasphème, c’est démocratique
En 2022, Houellebecq dérape. Dans un hors-série de la revue Front populaire (« Fin de l’Occident ? »), la virulence de son propos de Michel Houellebecq marque une étape supplémentaire dans sa radicalisation à la droite extrême :
« Le grand remplacement, ce n’est pas une théorie, c’est un fait. Certes, il n’y a pas de complot ourdi en haut lieu, mais un transfert de population venue d’Afrique, où les naissances sont nombreuses. Ce trop-plein se déverse sans mal en Europe, car en matière d’immigration personne ne contrôle rien. Pour le moment, les Français souhaitent seulement que les musulmans cessent de les voler et de les agresser… Notre seule chance de survie serait que le suprémacisme blanc devienne “trendy” (tendance) aux USA … Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent Ce qu’on peut déjà constater, c’est que des gens s’arment… Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. »
La Grande Mosquée de Paris qualifie ces « phrases lapidaires » d’« inacceptables et d’une brutalité sidérante » et dénonce « l’opposition essentielle entre les “musulmans” et les “Français de souche” ». Selon leur communiqué, les propos de Michel Houellebecq sont un « appel au rejet et à l’exclusion », une « provocation à la haine contre les musulmans ».
Voici quelques éléments de réflexion sur le monde.fr :
Breton futé : Les propos de Houellebecq relèvent de la liberté d’expression.
Darwinnn au breton : Remplacez « musulman » par « juif » ou « noir ». C’est toujours de la liberté d’expression ? Le curseur de la liberté n’est pas adaptable selon notre fond de pensée. Si vous êtes islamophobe dites le directement ça ira plus vite.
GGAD : Bienvenue dans un état de droit, démocratique, où vous pouvez tout dire mais où les abus de votre liberté (qui s’arrête à celle des autres, par exemple : la liberté de tout dire ne couvre pas la liberté d’insulter) sont soumis au contrôle d’un juge impartial et indépendant qui, après avoir entendu les arguments de la grande mosquée de Paris et de M. Houellebecq (ou des personnes ayant mandat pour les représenter) donnera raison au demandeur, ou au défendeur.
CONCLUSION : La liberté d’expression doit être encadrée, sinon elle nous prépare des guerres ethniques. Ainsi cette analyse complémentaire sur la saga Elon Musk.
Alexis Lévrier : Dès le mois d’avril 2022, Elon Musk avait justifié sa volonté d’acquérir le réseau social Twitter par son attachement à une liberté d’expression absolue, débarrassée de toute entrave. Mais deux mois après son rachat définitif de l’entreprise, l’imposture de ces déclarations apparaît déjà spectaculaire. Au cours de cette période, il s’est en effet comporté en censeur allergique à toute forme de contestation… Derrière les foucades d’Elon Musk se cache en réalité l’éternelle stratégie de l’extrême droite face aux médias. La libération de la parole ne doit profiter qu’à ce camp idéologique. Musk, en rétablissant des comptes qui avaient été suspendus par l’ancienne direction, à commencer par celui de Donald Trump, a permis la prolifération de propos homophobes, conspirationnistes et antisémites… C’est une règle immuable dans l’histoire des médias : une liberté d’expression absolue n’existe que pour prendre tout le pouvoir.
Promettre l’égalité de tous les points de vue au nom d’une prétendue neutralité revient en effet à favoriser les discours les plus violents, les plus clivants, les plus radicaux – et donc à donner libre cours à des fléaux tels que la xénophobie ou le racisme. Rien de paradoxal ni d’illogique à ce qu’Elon Musk ait aussitôt foulé aux pieds l’idéal libertarien dont il se réclamait jusque-là. Les partis et les médias d’extrême droite ont en effet pour habitude de hurler à la censure lorsqu’ils sont dans l’opposition, avant de l’imposer partout dès qu’ils sont parvenus au pouvoir. L’éloge de la liberté auquel l’extrême droite se livre n’est que mensonge, un leurre, qui n’a pour but que d’exploiter les fragilités du système démocratique.
» le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. »
Naturellement, utiliser un partitif (DES musulmans) plutôt que généraliser abusivement (LES musulmans) eût été opportun, car conforme à la réalité et donc inattaquable. Curieux de la part de deux écrivains habitués à faire attention aux mots qu’ils emploient.
Sauf que pour les (LES) racistes un musulman est un musulman. Un noir est un noir, un juif est un juif etc. Ces misérables vous expliqueront qu’un «bon musulman» ça n’existe pas, que c’est oxymore, que TOUS les musulmans sont des voleurs, des agresseurs, des profiteurs etc. Comme les Gitans et les Roms quoi.
Quant au «vrai et bon Français de souche», il se doit évidemment d’avoir un arbre généalogique qui remonte au moins à Henri 4. De se prénommer Pierre Paul ou Marcel. De porter un béret et un marcel, de préférence bleu Marine, le marcel.
Le brave est prêt à coiffer le béret rouge pour défendre sa patrie, i yeue !
En plus il aime autant le rouge, le blanc, le rosé et le jaune, qu’il a horreur des Rouges. Dont il a peut-être encore plus horreur que des Noirs, des «zafro-muzz» et j’en passe.
Misère misère ! 🙂
Il y a là une globalisation des religions qui me semble très injuste et en concrète contradiction avec les réalités.
Quant à la confusion dénoncée elle n’est pas entre la religion et ceux qui la pratiquent mais entre les comportements de certaines religions qui sont effroyables et l’idée de la foi qui est tout à fait respectable.
Comme souvent je sens dans les attaques contre les religions un mépris de la foi comme si c’était une idée stupide, là aussi c’est profondément choquant et injuste. Pour qui se prennent les athées qui affirment leur vérité comme un dogme et méprisent les croyants ?
Toutes les sociétés humaines ont évoqué des dieux ou des réalités au-delà du monde matériel, la légèreté avec laquelle tout cela est rejeté au nom de ce qui se croit l’évidence est vraiment triste
– « Nous avons inventé la démocratie pour qu’il y ait recherche de la vérité par le débat. »
Pas du tout. La démocratie n’a jamais eu pour but la recherche de la vérité, ça c’était juste le passe-temps des philosophes. La démocratie permet seulement de déboucher sur un consensus… afin de mettre le maximum de gens d’accord. Et encore, à l’époque les femmes et les esclaves n’avaient même pas droit à la parole et finalement seuls quelques notables pouvaient débattre sur l’Agora. Plus de 2000 plus tard c’est à peu près toujours pareil.
Quant à la vérité, il n’y a que les dogmatiques qui la connaissent. Qui prétendent la connaître ! Bien sûr il y a aussi ce qu’on appelle les vérités scientifiques. Sauf que n’importe qui aujourd’hui se permet de les remettre en question, voire de les nier purement et connement.
Aujourd’hui tout le monde peut raconter n’importe quoi, ou presque.
Le point de vue de Mila vaut celui de Houellebecq ou de Musk, qui valent ceux de Pierre Paul ou Jacques, ou encore celui de Mohamed. Et on voit le résultat. Et ce d’un côté comme de l’autre, ou presque. Pour certains, le fait de bousculer l’extrême-droite, et sans même parler de doigt dans le cul, sera pire que ce que eux, se permettent de balancer sur l’islam et les musulmans. Misère misère !
Il y a 30 ans on avait honte de dire qu’on votait FN, aujourd’hui on en est fier. Et gare à celui ou celle qui osera dire quelque chose de travers au sujet de Marine ou Marion !
Et sur ce coup au sujet de Houellebecq et de Musk. Comme quoi les temps changent.
Hélas en pire, bien évidemment. Mais ça on l’a déjà dit précédemment.
La liberté d’un renard libre dans un poulailler libre, tout le monde connaît l’histoire et sa conclusion logique. La Fontaine en fait un beau tableau :
« Le Fermier, Laissant ouvert son poulailler, Commit une sottise extrême. Le voleur tourne tant qu’il entre au lieu guetté, Le dépeuple, remplit de meurtres la cité : Les marques de sa cruauté Parurent avec l’Aube : on vit un étalage De corps sanglants et de carnage. »
Ainsi agit l’extrême droite au pouvoir dans un pays, mais aussi le capitalisme triomphant pour lequel le poulailler est la planète toute entière….
Dans le cas de la prise de contrôle d’un média par une seule personne, qui plus est instable et complotiste, sans aucun garde fou ni point de vue contradictoire, on peut difficilement continuer à parler d’information libre. Il ne s’agit plus que d’un outil de communication au service d’un intérêt particulier ou d’une idéologie.
On a vu comment Musk avait joué sur le cours des actions Tesla à l’aide d’une communication manipulée. Capitalisme dévoyé !